vendredi 1 juin 2007 par Le Front

Le rapport d'inspection sur ?'l'affaire Adama Bictogo'', produit par l'inspectorat du Rdr a été, hier, rangé dans les tiroirs. Au grand dam des partisans de la chasse aux sorcières, lancée depuis peu contre les fauteurs de trouble.
Le document de sept (7) pages, signé de l'inspecteur N'golo Fotogama Coulibaly a été pourtant réceptionné depuis le lundi 21 mai dernier par le premier responsable du parti. Nous vous proposons de larges extraits.


Rapport d'inspection sur l'affaire Bictogo Adama

Abidjan, le 21 mai 2007

Rapport à son excellence monsieur
Le président du Rassemblement des républicains

Suite à la mise en place le samedi 12 mai 2007 à l'hôtel Tiama (Abidjan-Plateau) d'un cercle de réflexion et d'action pour le Rdr par Monsieur Bictogo Adama, secrétaire national chargé des relations avec les partis politiques, l'inspection générale, lors d'une réunion extraordinaire tenue le jeudi 17 mai 2007, a décidé de vérifier auprès de l'initiateur, lui-même un militant qui, de surcroît, est un secrétaire national, les tenants et aboutissants de son action, et apprécier comment cette action respecte nos règles. Un groupe d'inspecteurs, désigné à cet effet, a procédé à l'audition du secrétaire national le lundi 21 mai 2007.

Le présent rapport s'articule autour :

- de l'exposé fait par Bictogo en présence du groupe d'inspecteurs désignés
- des questions critiques et observations des inspecteurs ;
- de la recommandation qui en découle ;

I. L'exposé du secrétaire national chargé des relations avec les partis politiques.

Le secrétaire national, dans son exposé, adopte une démarche en deux temps. D'abord, exposé des griefs qu'il a contre sa famille politique et ensuite les objectifs à attendre avec la mise en place d'un cercle de réflexion et d'action.

I.1 Les griefs, Bictogo Adama en a beaucoup contre la direction du Rdr.

Il accuse celle-ci de ne l'avoir pas défendu au moment où il était recherché et poursuivi par le Front population ivoirien (Fpi) pour des motifs sans fondement. Son salut, selon lui, il le doit aux Forces nouvelles (FN). Celles-ci l'ont aidé à quitter la ville d'Abidjan pour Bouaké et ensuite, pour le Burkina Faso. Pour étayer ses allégations de non-assistance de la direction de son parti voire l'abandon par celui-ci, il se réfère à différents cas :

- celui de Ougadi où le parti s'est mobilisé et s'est dressé contre l'injustice ;
- celui de Ahmed Bakayoko où les militants se sont transportés au Golf pour le soutenir ;
- celui de Yayoro où l'intéressé a été également soutenu.

Mais dans son cas, aucune réaction.

Par ailleurs, il soutient n'avoir pas été l'objet d'une attention particulière de la part de la direction du rassemblement des républicains, lors de son exil. En dépit du sentiment d'abandon, de rejet qu'il ressentait dans son exil forcé, il a continué cependant, selon ses dires , à rendre compte régulièrement au président du parti.

De plus, Bictogo Adama regrette le fait qu'il n'ait pas été inséré dans la délégation du Rhdp à Ouagadougou alors que la direction du Rdr le savait bel et bien présent sur le territoire burkinabé. Une telle insertion dans la délégation du Rhdp l'aurait rehaussé, pense-t-il.

En outre, le secrétaire national ne comprend pas qu'il ait pu occuper jusqu'à ce jour de hautes charges politiques au niveau national dans les cabinets des Premiers ministres qui se sont succédé ces dernières années alors qu'au sein de son parti politique, il n'était rien jusqu'à sa nomination récente en tant que secrétaire national.

Enfin, il termine pour dire que sa contribution aux accords de Ouagadougou n'a été possible qu'avec la bienveillance des Forces nouvelles, appuyées en cela par le président du Faso. Cette contribution aurait évité un blocage certain des négociations puisque c'est dans sa suite que les deux délégations se retrouvaient régulièrement.

Selon lui, le poste de conseiller technique qu'il occupe à la primature, n'est que la récompense des efforts fournis par lui lors des discussions en terre burkinabé. Comme on le voit, les griefs soulevés par Bictogo Adama sont multiples.

I. Les objectifs visés par la mise en place du cercle de réflexion et d'action pour le Rdr

Selon le secrétaire national, il aurait mis le temps de son exil à profit pour réfléchir. Le fruit de cette réflexion l'a conduit à la nécessité de créer une cellule de réflexion au sein du parti.

Selon lui, la réflexion doit se faire suivant neuf directions :

1) réflexion sur les accords de Ouagadougou ;
2) stratégie de conquête du pouvoir par le Rdr ;
3) alliance Rdr-Fn ;
4) réflexion sur l'organisation du congrès Rdr ;
5) gestion participative des militants à la gestion du parti (démocratisation) ;
6) duelle politique de mobilisation ;
7) le Rdr de l'après-guerre ;
8) le Rdr peut-il échapper à l'existence d'un courant dans le parti ;
9) forum du parti de solidarité avec la base.


Les thèmes ainsi retenus constituent la matière sur laquelle les membres du cercle de réflexion et d'action de Bictogo Adama entendent travailler en vue de donner une impulsion nouvelle au Rdr. Le secrétaire national compte, les jours qui suivent, remettre au président du parti les résultats de ses réflexions. Pour ce faire, le secrétaire national compte entreprendre une tournée sur toute l'étendue du territoire.

Après l'intervention du secrétaire national, il s'en est suivi des questions et des critiques auxquelles celui-ci a bien voulu répondre.

II. Questions et critiques

II.1 Questions

1. Pourquoi le secrétaire national n'a pas cru devoir suivre les avis du secrétaire général adjoint ?
2. Pourquoi la réunion n'a-t-elle pas eu lieu au siège du parti ?


3 ? Quel critère a présidé au choix des personnes contactées pour asseoir le cercle ?
4 ? Pourquoi le mode de convocation par voie de SMS et non par affichage au siège comme d'habitude ?
5 ? A ce jour, la cellule de réflexion est-elle mise en place et quelle en est sa composition ?
6 ? Pourquoi la presse était-elle conviée à cette réunion ?
7 ? N'y a-t-il pas un lien entre la cellule de réflexion et le nouveau parti dont la presse parle de la création avec insistance ?

II . 2 Réponses

 Il n'a pas suivi les avis du Secrétaire général délégué pour reporter la réunion parce qu'il était frustré de voir que nonobstant les rapports de confiance entre lui et le Secrétaire général délégué, celui-ci lui demandait le report de sa réunion sur la base de rumeur et d'une question de contexte. Il en profite même pour révéler qu'il était bien à l'initiative de la création du G7, comme à celle du Rhdp pour laquelle d'ailleurs il a du débourser 18 mille euros sur ses derniers propos pour la réservation des salles ayant abrité la cérémonie d'annonce à Paris.
 La réunion ne s'est pas tenue au siège parce qu'il s'était temporairement retiré des actions officielles, notamment les réunions de Secrétariat général. Initialement prévue au Golf, elle s'est finalement tenue au Tiama à cause du nombre de participants.
 Il n'y avait aucun critère spécial. D'ailleurs, il avait téléphoné à la présidente du Rfr et au président du Rjr pour leur demander de désigner des gens aux fins d'assister à cette séance de travail.
 La presse n'était pas invitée. Il était le premier surpris en voyant Nord Sud dans la salle.
 A ce jour, la cellule est construite et elle travaille. Les conclusions seront remise au président Alassane Dramane Ouattara dans peu de temps. A ce propos, lui le Secrétaire général national entreprendra une tournée sur l'ensemble du territoire.
 Le mode de convocation a été celui qui était commode. Pour certains d'ailleurs ils avaient été appelés.
 Selon le Secrétaire national, il n'y a aucun lien entre la création du parti dont on parle et sa cellule de réflexion. Il est à l'origine de cette cellule qui n'est pas par ailleurs un courant. Si d'aventure quelqu'un n'était pas d'accord avec cela la personne partirait.

Suite aux réponses données par le Secrétaire national, les inspecteurs ont porté les critiques suivantes.

II ? 3 Les critiques

Les critiques ont porté sur l'opportunité de la mise en place du cercle de réflexion et d'action, sur la composition de celui-ci mais aussi sur les accointances des responsables du cercle d'avec les promoteurs du nouveau parti dont la presse ne cesse de faire l'écho ces derniers temps. Enfin, la question d'autorisation a été soulevée.
S'agissant de l'opportunité d'un cercle de réflexion et d'action, les inspecteurs ont tous condamné l'initiative du Secrétaire national. Pour eux, les thèmes retenus, ne rentrent pas dans les compétences du Secrétaire national. Tout en reconnaissant qu'aucun texte n'interdit la mise en place d'une cellule de réflexion et d'action, ils notent cependant que toute création de cellule ne doit répondre qu'à un besoin d'efficacité interne à une structure du parti, qui n'empiète pas sur les compétences d'une autre. Or, c'est le cas du cercle de Bictogo Adama. De plus, la politique des grandes orientations du parti est décidée au niveau du président du parti et pas ailleurs.
Pour ce qui est de la composition du cercle de réflexion, les inspecteurs se sont de voir que celui-ci regroupe plus de vingt (20) personnes alors que les membres du Secrétariat national de Bictogo sont moins de quinze personnes. Ils se sont par ailleurs étonnés du lieu (l'hôtel Tiama) et non le siège du Rdr, pour le lancement des activités du cercle de réflexion, ce qui est plus que suspect.
Quant à son accointance ou non avec les promoteurs du parti en gestation, que Adama Bictogo a purement et simplement rejeté, seul l'avenir nous le dira.
Enfin, le Secrétaire national ayant admis qu'il n'avait pas obtenu préalablement l'autorisation de la direction pour la tenue de sa réunion, a bien commis là un acte d'indiscipline.
Au total, l'inspection affirme que la mise en place d'une cellule de réflexion et d'action au niveau de l'ensemble du parti Rdr ne peut se décider au simple niveau de Bictogo même.

III - Conclusion

En conclusion de tout ce qui précède, l'inspection retient qu'il y a bien faute au moins à deux niveaux :

I ? Les domaines d'intervention

Les domaines retenus pour les cogitations de sa cellule de réflexion sont bien au-delà de sa compétence et relèvent en réalité de la compétence du président du parti. Le Secrétaire national s'arroge des droits qu'il n'a pas.

2- L'indiscipline caractérisée

Après une conversation avec le Secrétaire général délégué qui lui demandait de reporter sa réunion, le Secrétaire national a refusé.
L'inspection constate que ce refus ne servait pas aucune urgence au niveau du parti, qu'au contraire s'agissant de réflexion le report ne nuisait en rien les objectifs que se fixait le Secrétaire national.

Il s'en suit qu'il s'est rendu coupable d'un acte d'insubordination et d'indiscipline caractérisée.

VI ? Recommandations

Comme la faute est consommée et le Secrétaire national persiste et signe, l'inspection générale recommande que soit prononcée contre lui, au moins une des sanctions du premier degré.


L'inspecteur général
N'golo Coulibaly

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