jeudi 31 mai 2007 par AFP
ABIDJAN - Plusieurs associations écologiques ivoiriennes ont dénoncé jeudi à Abidjan l`exploitation abusive de la forêt nationale par la plupart des entreprises de la filière du bois, qui la menace "de disparition".
"Sur 123 entreprises opérant dans l`exploitation du bois, seulement deux
(entreprises) respectent la législation forestière", a indiqué à l`AFP Jacob
N`Zi, directeur exécutif du groupe écologique Côte d`Ivoire (Geci), qui oeuvre
pour la préservation du patrimoine forestier national.
Le Geci accuse ces entreprises de pratiquer une fraude massive en "ne
respectant pas le quota de 2.000 à 10.000 mètres cubes par an imposées dans
l`exploitation du bois".
"Nous estimons que la fraude a fait perdre à l`Etat ivoirien plus de 200
milliards de FCFA (plus de 300 millions d`euros) de 2003 à 2006", a ajouté
Kouadio Gnamien, responsable d`une autre ONG, Ecologia, dénonçant la
"complicité" des pouvoirs publics, notamment du ministère de l`Environnement
et "ses directeurs centraux" pourtant "censés", selon lui, "protéger" la forêt.
Ces responsables d`associations ont écrit au président de l`Assemblée
nationale, Mamadou Koulibaly, pour réclamer une enquête parlementaire afin de
démanteler ce "réseau de prédateurs de l`écosystème ivoirien".
Ils ont en revanche salué l`attitude de deux entreprises, Improbois
(France) et Calvama Industrie (Espagne) qui se sont, selon eux, mises en
conformité avec le code forestier de 1995, qui prévoit la transformation du
bois sur place avant l`exportation ainsi que le reboisement des essences
coupées.
La Côte d`Ivoire, qui comptait 16 millions d`hectares de forêts dans les
années 60, n`en compterait plus que 6 millions aujourd`hui, selon des chiffres
officiels. Ces forêts renferment des bois précieux (iroko, acajou, bahia...).
M. N`ZI estime de son côté à "un million d`hectares" la surface de forêt
restante dans le pays, "grâce au parc national de Taï (ouest), patrimoine de
l`Unesco fortement protégé par la coopération allemande".
"C`est le dernier vestige forestier. Si l`on ne prend garde, à ce rythme la
forêt ivoirienne va disparaître dans dix ans", a-t-il averti.