mardi 29 mai 2007 par Fraternité Matin

Kpogrobré, village natal du président du Congrès panafricain des Jeunes et des Patriotes (COJEP), situé à à peine cinq kilomètres de Guibéroua (département de Gagnoa). Il est 14 h 50 ce dimanche 27 mai quand la délégation des Forces nouvelles (FN), conduite par Konaté Zié, fait son entrée dans le foyer des jeunes où tout le village s'est rassemblé. La population explose dejoie et d'émotion. La voix du maître de cérémonie, quoi qu'amplifiée par deux hauts parleurs, se noie dans le tonnerre d'applaudissements et de cris que lancent les hommes, les femmes, les jeunes et les enfants. Konaté Zié, Coulibaly Moussa, Djoré Abel Christian et Bêma Fofana échangent des poignées de mains. Le service de sécurité a du pain sur la planche. Chacun veut voir et toucher les invités de Charles Blé Goudé, les ex-rebelles. L'accueil est plus que chaleureux, fraternel. La gaieté se lit sur tous les visages. Konaté Zié et sa délégation embrassent fortement les dignitaires du village, notamment le chef central, Blé Robert. Puis Charles Blé Goudé, Anoï Castro, Dakoury Richard, Serges Kassy, Tiéhi Joël, Idriss Ouattara, Jean-Yves Dibopieu et Ahoua Stalone embrassent, à tour de rôle, la délégation des FN. La chaleur des grandes retrouvailles est perceptible.
Le maître de cérémonie, avec insistance, finit par amener la population au calme et à demander les nouvelles, au nom du chef central, non sans avoir servi du Bandji (la boisson locale) au président du COJEP et à ses hôtes. Charles Blé Goudé s'adresse à ses parents en Bété (la langue du terroir). Puis il traduit en français ce qu'il leur a dit. Selon lui, il a indiqué aux populations que la guerre est effectivement finie, comme elles l'ont vu à la télévision, entendu à la radio ou lu dans les journaux. Le Président de la République et le Premier ministre l'ont dit, il faut y croire. Pour Blé Goudé, ce dimanche est un grand symbole. Après Abidjan, il lui fallait donner un cachet particulier à sa rencontre avec les FN. Des membres des Forces nouvelles sont donc partis d'Abidjan, ont traversé pratiquement tout le sud, et sont arrivés dans son village sains et saufs. Les émissaires du Secrétaire général des FN et Premier ministre Guillaume Soro, ont partagé un repas avec lui à Kpogrobré. Cela est une preuve, aux yeux du leader des Jeunes Patriotes, que tout est rentré dans l'ordre en Côte d'Ivoire. Pendant que leur fils parle, les populations émettent des cris de joie, d'encouragement, d'approbation et ne cessent d'applaudir.

Les Forces nouvelles demandent pardon
Puis arrive le tour de parole des visiteurs. Quand Zié Konaté se lève, l'assistance explose, le maître de cérémonie a du mal à faire arrêter les applaudissements. Pendant qu'il parle, ses propos sont traduits par le maître de cérémonie. Il exprime au chef du village, à Blé Goudé et à toutes les populations, les salutations fraternelles de Guillaume Soro. Je suis fier de vousGuillaume Soro est déjà rassuré que la guerre est finie, mais notre présence ici le rassure davantage, lance-t-il. Je sais que le Bété (groupe ethnique du Chef de l'Etat. Ndlr) est sincère. Quand il dit que la guerre est finie, c'est que la guerre est finie, poursuit M. Zié. Pour lui, le fait que sa délégation soit partie d'Abidjan à Kpogrobré sans escorte de l'ONUCI, est une autre preuve que le peuple de Laurent Gbagbo a pardonné. Et de préciser : Guillaume Soro est votre beau-frère. Sachez-le (Sa femme est bété). Est-ce que des palabres avec un beau-frère peuvent aller loin ? A cette question, l'extase atteint son paroxysme. Un habitant se détache de la foule et vient essuyer ses chaussures. A ceux qui ne sont pas d'accord que Gbagbo et Soro aient mis fin à la guerre, il demande de faire leur propre guerre mais ailleurs qu'en Côte d'Ivoire.
La délégation des FN a deux doléances : que Kpogrobré autorise son fils Blé Goudé et ses camarades, les Jeunes Patriotes, à se rendre en zone Centre, Nord et Ouest (CNO). Et ensemble, nous allons demander à nos parents de nous pardonner parce qu'ils ont trop souffert de nous voir en palabre. Nous allons ensemble accueillir à Bouaké, le Président de la République, le Président de tous les Ivoiriens, le seul Président de toute la Côte d'Ivoire, SEM Laurent Gbagbo, annonce-t-il sous les ovations et les cris. L'autre requête des FN est que les parents de Blé Goudé prient pour que Dieu leur pardonne tout le mal qu'ils ont commis pendant cette guerre. L'artiste Claude Madys, également venu d'Abidjan entre en scène. Les jeunes partiotes et les Forces nouvelles dansent la main dans la main.
Le chef du village, au nom de ses populations, offre aux invités de Blé Goudé, un bélier, une chèvre, trente mille francs pour leur pagne (comme le veut la tradition lorsque l'étranger ne peut passer la nuit sur place) et vingt mille francs pour leur carburant. Zié Konaté et ses camarades sont visiblement heureux et émus et heureux par ces dons. Puis le conseiller du Président de la République, Gomez Hilaire, félicite le leader des Jeunes Patriotes, le village de Kpogrobré et les FN pour l'acte de paix et de réconciliation qu'ils ont posé. Il promet d'en rendre compte au Chef de l'Etat. Il est 16 h 25 quand la délégation des jeunes Patriotes, celle des FN et les notables quittent le foyer des jeunes pour la villa du docteur Blé Christophe pour partager le repas de la paix et de la réconciliation.

Pascal Soro
envoyé spécial à Kpogrobré

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