samedi 26 mai 2007 par Fraternité Matin

La grève en cours comporte deux périls très graves : le risque d'une année blanche et le retour de la violence . Ainsi le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, M. Cissé Ibrahim Bacongo, a-t-il commenté hier, au cours d'un point de presse, la situation qui prévaut dans l'enseignement supérieur avec la grève illimitée qu'observent les enseignants et chercheurs depuis le 13 avril, à l'appel de la CNEC (Coordination nationale des enseignants du Supérieur et des chercheurs). Le risque d'une année blanche se précise de plus en plus. Selon les responsables des universités, des UFR et des Grandes écoles, ce risque pèse, en réalité, sur trois années : 2005-2006, 2006-2007 et 2007-2008, a-t-il poursuivi. Les enseignements dans plusieurs UFR ne sont pas encore achevés pour l'année 2005-2006, ni à plus forte raison pour l'année 2006-2007. Le goulot d'étranglement qui va être créé avec l'arrivée de nouveaux bacheliers de 2006-2007 va compromettre l'année 2007-2008, fera-t-il observer.
Faisant la genèse des négociations engagées par le gouvernement depuis le déclenchement de cette grève en février, le ministre a fait noter globalement une certaine intransigeance de la part de la CNEC. Le prétendu refus du gouvernement de donner suite à ses revendications avancé par la Coordination pour justifier la reprise de sa grève le 13 avril, n'en est pas un, en réalité, a-t-il fait savoir. L'on se souvient, sans doute, que le précédent mouvement de la CNEC avait été suspendu à l'issue de deux audiences que le Chef de l'Etat avait accordés aux grévistes. Trois commissions avaient alors été mises en place pour débattre des revendications formulées et faire des propositions de sortie de crise le 31 mars. A cette date, fait savoir M. Cissé Ibrahim Bacongo, seule la commission de travail traitant de la question du retour à la Fonction publique des agents du CNRA (Centre national de recherche agronomique, Ndlr) avait fini ses travaux et était parvenue à la conclusion que le statut général de la Fonction publique ne comportait aucune disposition permettant de réintégrer un fonctionnaire démissionnaire. Les commissions traitant de la reconnaissance du doctorat dans la grille salariale de la Fonction publique et de la bi-appartenance des enseignants exerçant dans les structures hospitalo-universitaires n'avaient pas encore achevé leurs travaux qui achoppaient sur le niveau du relèvement indiciaire. Alors que la partie gouvernementale proposait un relèvement indiciaire de 300 points correspondant à une augmentation de salaire d'environ 70 000 francs, la CNEC exigeait un relèvement de 5000 points d'indice, équivalant à une augmentation de salaire de 1 165 000 francs, révèle M. Cissé Ibrahim, pour ce qui est de la reconnaissance du doctorat. Sur l'autre chapitre, la CNEC se montrera tout aussi exigeante selon le ministre de l'Enseignement supérieur, insistant sur le paiement de 100% du salaire plus une indemnité d'encadrement équivalant à 70% du même salaire, des prétentions largement supérieures au complément de salaire équivalant à un tiers du salaire des médecins généralistes du même grade et du même échelon que proposait la partie gouvernementale. Les négociations ne se sont pas arrêtées pour autant. Elles se sont poursuivies à différents niveaux de l'Etat pour aboutir aux deux décrets aujourd'hui contestés alors qu'ils ne font que formaliser l'accord des parties sur ces deux questions clefs, conformément à une exigence de la CNEC qui a eu la latitude de les modifier avant leur signature et promulgation.
Le risque d'une année blanche qui se profile à l'horizon fait craindre une résurgence de la violence au premier responsable du secteur de l'Enseignement supérieur : Les étudiants relèvent que pendant qu'ils sont en grève dans les universités et grandes écoles, les grévistes continuent de percevoir leur salaire de la Fonction publique et assurent, tous, dans les universités et grandes écoles privées, des vacations gracieusement payées et menacent, en réaction, de fermer ces établissements en recourant à la violence. M. Cissé Ibrahim estime qu'il faut éviter que la situation empire. Il a ainsi, indique-t-il, pris des contacts avec les étudiants pour faire baisser la tension, mû par la conviction que le dialogue doit se poursuivre.

Elvis Kodjo

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