samedi 26 mai 2007 par Le Front

La Côte d'Ivoire est en crise depuis bientôt cinq (5) ans. Du 19 septembre 2002, début des violences, à la signature le 4 mars dernier de l'accord de Ouagadougou entre le camp présidentiel et les Forces nouvelles, les Ivoiriens n'ont jamais été abandonnés à leur sort. Au contraire, la communauté internationale est restée au chevet de la Côte d'Ivoire malade. Le pays, en raison de son importance dans la sous-région ouest-africaine, a bénéficié du soutien de nombre d'Etats africains et leurs dirigeants. Chacun d'eux s'étant investi dans le but de sortir le pays de la crise. L'accord de Ouagadougou vient donc consacrer la solidarité africaine qui a de tout temps caractérisé le continent noir. En aidant les frères ennemis ivoiriens à véritablement emprunter le chemin de la paix, Blaise Compaoré et ses pairs africains permettent un rêve, resté jusque-là impossible à réaliser. Nul n'avait vraiment imaginé que cette crise, débutée le 19 septembre 2002, s'étendrait sur cinq (5) ans, laissant des millions d'Ivoiriens et de non-nationaux dans le doute. Alors même que la communauté nationale et internationale s'interrogeait sur l'origine de la guerre qui battait son plein dans le pays, la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cedeao) dont la présidence était assurée par le Sénégalais Abdoulaye Wade, décide de se réunir d'urgence à Accra au Ghana. C'était dix (10) jours après le déclenchement de la crise. Ainsi, Wade, Kufuor, Obasanjo, Compaoré, feu Eyadéma, Gbagbo, réfléchissent déjà aux premières solutions à la crise naissante. Pendant ce temps, les villes de Toumodi, M'Bahiakro, Béoumi et Sakassou, environnantes de Bouaké, fief des insurgés de l'armée ivoirienne, vivent au rythme des détonantes des coups de canon. Les dimanche 6 et lundi 7 octobre 2002, de violents combats opposent les forces régulières à celles qui revendiquaient la prise de Bouaké. La zone nord, malgré tout, reste sous le contrôle du mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI), dirigé par l'ancien leader estudiantin, Guillaume Soro, avec à ses côtés des chefs militaires dont Tuo Fozié, Michel Gueu, Soumaïla Bakatoko, Chérif Ousmane, Wattao, Messamba Koné Intervient alors le 10 octobre 2002, la signature d'un cessez-le-feu à l'initiative de la Cedeao. Mais à peine cet accord de non-agression signé que deux mouvements revendiquent des attaques à l'ouest du pays. Le mouvement populaire ivoirien du grand-ouest (Mpigo) de Doh Félix et le mouvement pour la justice et la paix (MJP) de Dely Gaspard se fixent dans l'ouest montagneux. Après d'infructueuses tentatives de reconquête des zones perdues par les forces gouvernementales. Se succèdent alors les tables-rondes, sommets et autres rencontres sur la crise ivoirienne, mais sans grand succès. Après de longues années de doute et d'incertitude, l'accord issu du dialogue direct de Ouagadougou est venu redonner espoir aux Ivoiriens et à tous ceux qui y ont des intérêts. A César ce qui est à César, dit l'adage. C'est pourquoi, nombre de chefs d'Etat africains méritent reconnaissance. Car, pour en arriver à cette paix qui est en passe d'être obtenue, certains ont fait fi des insultes et des critiques acerbes contre eux, pour s'investir à fond dans la recherche obstinée de solutions à la crise. Abdoulaye Wade. Le chef de l'Etat sénégalais était aux commandes de la Cedeao lorsqu'éclata la crise ivoirienne. C'est grâce à lui que le cessez-le-feu est signé le 10 octobre 2002 entre le ministre sénégalais des Affaires étrangères Cheick Tidiane Gadio et Tuo Fozié, alors tête de file de la rébellion armée. Lorsque la force militaire ouest-africaine s'interpose entre les belligérants, le Sénégal fournit le plus grand nombre d'hommes. De plus, en dépit des propos irrévérencieux tenus à son encontre, le président Wade, quand il en a l'occasion, a toujours fait des propositions de sortie de crise. Il a souventes fois reçu le secrétaire général des Forces nouvelles, Guillaume Soro, dans le cadre de la gestion de cette crise. Il est sûr et certain qu'il ne ménagera aucun effort, le cas échéant, pour soutenir le processus de paix en Côte d'Ivoire. Pays pour lequel Abdoulaye Wade a démontré son amour et son intérêt tout au long de cette crise. El hadj Omar Bongo Ondimba. Le président gabonais, Omar Bongo Ondimba, est sans conteste le doyen des chefs d'Etat d'Afrique. Lui aussi, pour le respect et pour la mémoire de feu Félix Houphouet-Boingy, n'a pas hésité à s'impliquer corps et âme dans la résolution de la crise ivoirienne. Souvent pris à partie pour ses analyses et propositions judicieuses, jugées inacceptables par le camp présidentiel ivoirien, ?'le doyen'' a refusé de se mettre de côté, pour laisser les Ivoiriens s'entredéchirer. En 2005, Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Alassane Dramane Ouattara et Henri Konan Bédié s'étaient rencontrés à Libreville pour des négociations, toujours en vue de sortir le pays de la crise. Comme Wade, le président Bongo n'a pas été épargné par les insanités et propos discourtois des proches du pouvoir. Bien plus, il ne s'est pas laissé abattre par des mesquineries. Le 30 août 2006, au cours d'une visite en France, il avait fait des propositions de sortie de crise qui, au constat, ont été, à un degré moindre, prises en compte dans la mise en place du schéma de l'accord de Ouagadougou. Pour l'effort fourni aux côtés des Ivoiriens, en vue de la résolution de la crise, El hadj Omar Bongo doit être parmi les Africains qui ont permis à la Côte d'Ivoire de voir le bout du tunnel. Olusegun Obasanjo. L'ancien président nigérian, Olusegun Obasanjo, avouons-le, a pris une part active dans la gestion de la situation ivoirienne. En sa qualité de président en exercice de l'Union africaine, c'est lui qui avait chargé le président sud-africain en novembre 2004 de conduire une médiation pour le retour de la paix. En novembre 2005, alors que la succession de Seydou Diarra à la primature était à l'ordre du jour, Obasanjo est apparu comme l'homme-orchestre. Il a mené, avec l'intermédiaire d'un de ses envoyés à Abidjan, les consultations auprès des partis politiques pour la désignation du successeur du Premier ministre Diarra. Ce, jusqu'à la nomination de Charles Konan Banny. Le Nigerian a été un des chefs d'Etat qui a le plus participé aux rencontres internationales sur la Côte d'Ivoire. L'homme y a mis du sien, en tout cas, quand il s'est agi de tenter de trouver une solution dans la crise ivoirienne. Même si, en septembre 2002, au début de cette palabre inter-ivoirienne, le Nigeria, selon des sources, avait pris fait et cause pour le pouvoir d'Abidjan en mettant à la disposition des autorités ivoiriennes, deux bombardiers (avions de guerre) pour mater la rébellion naissante. Avec du recul, Obasanjo avait dû revenir sur sa décision. Constatant très rapidement que la situation ivoirienne était bien différente de celle du Biafra. Tout cela, pour dire que le Nigeria et son président ont accordé, au problème ivoirien, une place de choix dans la résolution des conflits en Afrique.
John Kufuor. Le Ghana du président John Kufuor a été le premier pays à recevoir la crise ivoirienne. C'était le 29 septembre à Accra. Dans la capitale ghanéenne, Kufuor avait reçu Wade, Obasanjo, Compaoré, Gbagbo, feu Eyadema , pour les prémices de la résolution de la crise ivoirienne. C'est cette première réunion informelle qui a donné son nom à la rencontre dite d'Accra I. Suivront donc Accra II les 6 et 7 mars 2003 après l'accord de Marcoussis et Accra III les 29 et 30 juillet 2004. Ces deux accords obtenus dans la capitale ghanéenne n'ont certes pas réussi à faire revenir la paix à la maison. Toutefois, Accra reste la capitale qui a abrité la majorité des rencontres sur la Côte d'Ivoire en crise. Et John Kufuor peut se satisfaire d'avoir donné ce qu'il avait en sa possession, pour aider ses frères Ivoiriens à sortir de la crise qui secoue leur pays. Feu Gnassigbé Eyadéma
Le défunt président du Togo, Gnassigbé Eyadéma, fait partie des personnages-clés ayant contribué à la recherche de la paix. A l'instar d'Obasanjo, le Togolais semblait avoir fait une lecture trop hâtive de la situation ivoirienne. Aux premières heures de la crise, le général Eyadéma avait demandé à Guillaume Soro et à ses hommes de désarmer purement et simplement. C'était aussi la rangaine des proches du pouvoir qui ne voulaient pas entendre parler de concessions avec ceux qui venaient de prendre les armes. En somme, un désarmement sans condition. En sa qualité d'ancien des chefs d'Etat de la sous-région ouest-africaine, Eyadéma prend les choses en vain dès le déclenchement de la crise. Durant des mois, des responsables de la rébellion et des représentants du pouvoir d'Abidjan entreprennent des négociations de paix au Togo, à l'initiative du président Eyadema. Les discussions entre Guillaume Soro, Tuo Fozié, Dacoury Tabley, tous membres de la rébellion, et Laurent Dona Fologo, représentant le président Gbagbo, s'achèvent en queue de poisson. Les deux délégations quittent Lomé sans la paix. Paris qui observait la situation, décide alors d'entrer en jeu. Ainsi, du 15 au 24 janvier 2003, s'est tenue en France la table-ronde de Linas-Marcoussis sur la crise ivoirienne. L'accord du même nom constitue le premier acte concret et formel de sortie de crise. Le président Eyadema, avant de tirer sa révérence, avait fait de la sortie de crise en Côte d'Ivoire sa préoccupation. L'homme fort de Kara (sa ville natale) a maintes fois reçu la visite des responsables des Forces nouvelles pour parler de paix. A preuve, le 6 novembre 2004, lorsque le pouvoir d'Abidjan faisait bombarder les positions des Forces nouvelles, Guillaume Soro et Konaté Sidiki entamaient un séjour à Lomé où ils devraient échanger avec le président Eyadema sur les moyens de sortie de crise. Ils avaient dû rallier précipitamment Bouaké, leur fief, pour partager avec les populations, la fâcheuse et injustifiée situation engendrée par le camp présidentiel ivoirien. C'est donc la preuve que le général Eyadema, en raison de ses liens étroits avec Houphouet-Boigny de son vivant, a fait du problème ivoirien le sien.
?'Si la case de ton voisin brûle, il faut l'aider à éteindre le feu, sinon le jour où la tienne va prendre feu, il risque de rire de toi et de te laisser souffrir'', disait-il, pour caricaturer son soutien à la Côte d'Ivoire en crise.

A suivre dans notre prochaine édition


Ouattara Abdoul Karim

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