vendredi 25 mai 2007 par Le Patriote

Journaliste émérite et chevronné, Raphaël Lakpé encadrera les 25, 26 et 27 mai à l'hôtel Tereso de Grand-Bassam, les travaux du séminaire de réflexion et de formation de Le Patriote . En attendant le début des réflexions, il jette un regard critique sur le quotidien et décrypte les codes pour faire un bon journal de l'après-guerre.

Pourquoi avez-vous accepté d'assurer la direction scientifique de ce séminaire ?
C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai reçu la sollicitation de mes jeunes confrères de Le Patriote me demandant de diriger les travaux du séminaire qu'ils organisent à Grand-Bassam. C'est toujours flatteur pour un aîné de se voir solliciter par des cadets. Donc, c'est pour donner acte à cette sollicitation que j'ai accepté avec plaisir de me rendre à Grand-Bassam et de contribuer à la réussite du séminaire. Ensemble, nous allons échanger, partager nos expériences et j'espère qu'à l'issue de ce séminaire les résolutions, qui seront prises, vont aider le quotidien à être davantage performant sur le marché.

Justement, comment allez-vous conduire les travaux ?
Le séminaire en lui-même va se dérouler en deux parties. La soirée du vendredi et la journée du samedi seront consacrées à ce que je pourrais appeler la partie théorique. Nous allons discuter de la profession, insister avec les séminaristes sur ce qui fait la profession. Ce ne sera que des rappels. Et la journée du dimanche sera destinée uniquement au quotidien lui-même. Nous allons le feuilleter page par page, pour apporter nos critiques, faire des suggestions et essayer de lui coudre de nouveaux habits pour qu'il réponde mieux aux attentes de ses lecteurs après la crise qui va prendre fin.

Quels sont, à propos, vos remarques et critiques concernant Le Patriote ?
Il faut dire que le titre a connu une évolution. Le Patriote, dans sa formule hebdomadaire que nous avons connue, n'est plus le même. Il est devenu un quotidien. Il y a donc une évolution qualitative. Ce n'est plus la même façon de traiter les informations. Je peux dire sans froisser quelqu'un que Le Patriote est devenu plus professionnel. Il entre dans la catégorie de journaux qu'on peut appeler professionnels. Cela dit, comme il est un journal proche d'un parti politique (ndlr : RDR), il a quelques efforts à faire pour satisfaire, les lecteurs, les militants proches de ce parti qui l'achètent les yeux fermés et s'y sentent à l'aise parce qu'ils veulent retrouver un certain nombre de choses concernant leur parti. Je crois qu'à ce niveau là, il y a des efforts à faire.

Et au niveau de l'écriture et de la forme, que reprochez-vous exactement au Patriote ?
Du point de vue de l'écriture, Le Patriote se situe dans le peloton de tête. Je ne peux pas dire qu'il est le meilleur mais il compte quand même parmi les journaux qui font l'effort de présenter au grand public des articles qui sont des articles de journal. Je ne voudrais frustrer personne. Mais, quand on lit des confrères, ce ne se sont pas des articles qu'ils publient mais des pamphlets. Avec Le Patriote, des efforts sont quand même faits à ce niveau. Il faut néanmoins reconnaître que ces derniers temps, il y a beaucoup de coquilles, de fautes d'inattention et aussi d'attention. Il faudrait aussi revoir la mise en page qui me semble un peu touffue. Et, les caractères du journal rendent également la lecture difficile. Donc, il faut revoir toutes ces failles pour y apporter des aménagements.

En tant que professionnel, quel doit être le visage de la presse dans la période de l'après-guerre?
Quand on parle de l'après-guerre, c'est qu'on s'inscrit dans un scénario optimiste. On voit donc la fin de la crise. C'est quelque chose de positif. On ne sait pas exactement ce qui va se passer, mais après la crise, on verra un pays dont l'économie est à terre, avec des lecteurs de journal qui verront leur pouvoir d'achat diminuer. La concurrence à ce niveau là va être rude. Depuis 1990, on a enregistré une floraison de titres dans le paysage de la presse nationale. Donc, Le Patriote n'étant pas seul, il y aura une concurrence qui sera très rude. Elle sera d'autant plus rude que le pays connaît lui-même une récession économique. Il faudra donc être plus performant, le meilleur, prendre une part importante du marché. Pour en arriver là, il faudra se serrer les coudes, travailler davantage, veiller à la qualité esthétique du produit et au contenu, à la nature des informations qu'on devra mettre à la disposition des lecteurs. L'après-guerre s'annonce délicate, il faut s'y préparer. Les responsables de Le Patriote ont eu raison de s'y préparer maintenant. Peut-être que demain, ce sera un peu tard. C'est toujours bon d'anticiper sur les événements. Je leur tire mon chapeau.

Ces derniers annoncent justement au sortir de ce séminaire un autre Patriote. Qu'attendez-vous concrètement de ce nouveau journal ?
Qu'il réponde aux préoccupations des lecteurs que nous sommes. Le Patriote étant un journal proche d'un parti politique, il faudrait que les militants trouvent dans le journal ce qu'ils veulent savoir. Donc, il y a des efforts à faire, une nouvelle mentalité à avoir. Il y a vraiment la volonté de se mettre résolument à la disposition des lecteurs. Après tout, ce sont eux qui font le journal. Aussi, même s'il est proche d'un parti politique, c'est quand même un journal de combat. On attend donc qu'il soit efficace à ce niveau-là. Qu'il accompagne, qu'il soutienne et qu'il amène le parti politique dont il est proche au pouvoir. C'est tout ce qu'on peut attendre de lui.
Réalisée par Y. Sangaré

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