vendredi 25 mai 2007 par Fraternité Matin

L'éviction de la direction du journal Le Monde de Jean-Marie Colombani, rejeté par les journalistes après treize années de pouvoir, ouvre une crise de succession et marque la fin d'une époque pour le plus prestigieux quotidien français.
Au lendemain du vote de la rédaction, qui a refusé de le reconduire dans ses fonctions, Jean-Marie Colombani observait toujours le silence, à l'instar de l'ensemble de la direction. Dans les locaux du journal, l'ambiance était tendue mercredi, certains salariés redoutant le départ d'un patron charismatique gage, selon eux, de l'indépendance du journal. Lors d'un scrutin mardi, la rédaction s'est partagée en deux: 48,5% des journalistes ont voté en sa faveur et 46,7% contre. M. Colombani devait recueillir 60% de votes favorables pour l'emporter. La Société des rédacteurs du Monde (SRM) dispose d'un droit de veto sur sa nomination. Officiellement, M. Colombani, 58 ans, reste président du directoire du groupe Le Monde et directeur de la publication du journal du même nom jusqu'à la fin juin. M. Colombani étant seul en lice, il s'agit maintenant de trouver un nouveau candidat qui puisse à la fois satisfaire les actionnaires extérieurs et le personnel du groupe. Le nom de Pierre Jeantet, directeur général du groupe et ancien journaliste, est régulièrement cité. Ceux du directeur de la rédaction de l'hebdomadaire Courrier International, Philippe Thureau-Dangin, et du Pdg de la Fnac, Denis Olivennes, apparaissent également dans la presse. C'est Alain Minc, président du conseil de surveillance et grand argentier du Monde qui devrait être chargé de présenter un nouveau candidat. M. Minc, qui gardait lui aussi le silence mercredi, est désormais le seul rescapé? du triumvirat qu'il formait avec M. Colombani et Edwy Plenel, ancien directeur des rédactions parti en 2005. Alors que M. Colombani, comme ses prédécesseurs, incarnait à la fois le groupe et le quotidien, où il signait fréquemment des éditoriaux, une réforme des règles de gouvernance prévoit que les fonctions de président du directoire et celles de directeur du Monde seront désormais dissociées. Selon certains observateurs, le départ de M. Colombani pourrait également sonner le glas du droit de regard de la rédaction sur la bonne marche du groupe, dont le directeur s'était fait le garant pendant treize ans... jusqu'à en être la victime. M. Colombani avait réussi à enrayer la chute des ventes (environ 310.000 exemplaires) dans un contexte de crise de la presse écrite en France et le quotidien a sensiblement accru son audience grâce au Monde.fr, devenu un des tout premiers sites d'information français. Bien que réduites de moitié par rapport à 2005, les pertes du Monde s'élèvent toutefosi en 2006 à 14,3 millions d'euros. M. Colombani avait aussi mené une politique de diversification et d'achat de titres qui a conduit le groupe à un lourd endettement, alimentant les critiques d'une partie de la rédaction sur une fuite en avant? potentiellement suicidaire.
En 2006, une autre figure emblématique de la presse, Serge July, patron du quotidien de gauche Libération avait dû quitter le journal, en crise financière, après un conflit avec son principal actionnaire Edouard de Rothschild.
AFP

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