Le président du Mouvement ivoirien de libération de l'ouest de la Côte d'Ivoire (MILOCI), pasteur Gammi, a déploré les accusations portées contre lui par certains de ses camarades responsables des mouvements de résistance de l'ouest. Joint par téléphone hier, le président du MILOCI, qui a regagné Abidjan le lendemain de la cérémonie de dépôt des armes le 19 mai par les ex-combattants à Guiglo, a marqué sa surprise de lire qu'il s'est enfui avec les fonds offerts par le Chef de l'Etat. Je ne peux par fuir. Je vais fuir pour aller où ? Je suis à Abidjan, a soutenu M. Gammi avant d'expliquer la vraie raison de la colère de ses éléments. Nos éléments ne s'attendaient pas à 10.000 F mais à 250.000F chacun. M. Gammi qui devait recevoir, sur la base des besoins énumérés, le montant de 20 millions n'a finalement reçu que 10 millions. Et il dit n'avoir été informé qu'après la cérémonie de dépôt des armes. Alors que ses dépenses s'élèvent à 27 millions. Il prévoyait exprimer la compassion de son mouvement aux familles de 22 de ses éléments qui ont perdu la vie au front, à raison de 200.000 F par famille, faire face à la dette de la location d'un bâtiment qui s'élève à 3 millions et distribuer des primes ().
Il comprend que les réalités du terrain aient amené le conseiller spécial du Chef de l'Etat, Bertin Kadet, à adapter sa méthode. Le constat est que le montant alloué à son mouvement est faible. Nous n'accusons pas le ministre Kadet. Je ne l'accuse pas d'avoir détourné de l'argent. Seulement, les réalités durant les réunions et celles du terrain ont joué un mauvais tour au ministre. Qui a dû contenter des groupes qui n'étaient pas pris en compte et qui ont des armes. Je ne suis pas content du montant que j'ai reçu, a-t-il dit. N'empêche, il estime avoir fait le minimum qu'il pouvait à l'égard de ses hommes depuis mardi dernier. Son chef d'état-major, le ??commandant'' Batoua, a remis 10.000 F à chaque élément et 25.000 F aux chefs. Son effectif s'élève, a-t-il indiqué, à 537 hommes dont 245 pris en compte par le PNDDR. L'un des problèmes rencontrés, c'est qu'il a fallu satisfaire certains éléments déjà désarmés par le PNDDR alors que l'opération du 19 mai se limitait uniquement aux personnes non encore désarmées. Il déplore, en outre, le fait que les chefs ne sont pas pris en compte par le Programme national de désarmement, démobilisation, réinsertion (PNDDR). Les différents responsables des mouvements qui se sont retrouvés à Abidjan, depuis le début de la semaine, ont rencontré le conseiller spécial pour des échanges. Le pasteur Gammi a affirmé avoir compris les explications données. MM. Gammi, Colombo, Nonzi Paul, Banao () ont tous été reçus. Aux dernières nouvelles, le calme serait revenu à Duékoué depuis mercredi. Le préfet militaire a même eu, hier, des rencontres avec la jeunesse. De même, Colombo, chef de AP-Wê Duékoué, qui se trouvait à Abidjan après avoir empoché 15 millions, a été prié de regagner Duékoué pour rassurer ses éléments. Gammi a fait remarquer que Colombo, ayant mis sa cour familiale à la disposition de son mouvement pendant 5 ans, entend dégager 6 millions au titre du loyer.
Nos sources indiquent que le président du FRGO, Maho Glofiéi, a reversé une partie des 20 millions reçus en tant que président du FLGO-Guiglo ses éléments sous forme de primes. Primes qui oscillent entre 10 et 20.000 F. Il n'a pas oublié les chefs de canton, de village et les groupements de femmes.
Paulin N. Zobo