vendredi 25 mai 2007 par Le Nouveau Réveil

Dans sa parution des lundi 30 avril-mardi 1er mai 2007, Fraternité- Matin dans sa rubrique " Option " en page 2 du journal faisait état d`une " campagne tendancieuse ", l`expression étant de monsieur Laurent Dona Fologo, ci-devant président du Conseil Economique et Social. C`est à l`occasion de la cérémonie d`hommage organisée en son honneur le vendredi 27 avril que monsieur Fologo a jugé bon de s`en prendre à la presse occidentale, coupable, selon lui, d`un traitement tendancieux du phénomène des coupeurs de route en zone de confiance dans l`ouest ivoirien.
L`auteur de l`article, abondant dans le sens de monsieur Fologo fait remarquer qu`"il a suffi que, dans l`élan de réunification amorcée depuis l`accord de Ouagadougou signé le 4 mars 2007, le chef de l`Etat et le premier ministre décident de donner un signal fort en faveur de la réunification en démantelant la zone de confiance pour que certains médias et organismes internationaux crient au scandale." Tout cela parce que ces médias et organismes ont fait état d`une explosion des coupeurs de route depuis ce fameux démantèlement de la zone de confiance.
Et l`auteur de rappeler que les coupeurs de route et les agressions ont toujours existé même lorsque la zone de confiance fonctionnait toujours avec les Forces Impartiales.
L`illustration fournie pour soutenir cette assertion est le massacre de Guitrozon et de Petit Duékoué perpétré en zone de confiance.
Concernant cet exemple qui nous semble totalement mal choisi, faut-il rappeler que Guitrozon et Petit Duékoué étaient à la lisère de la zone de confiance et que les FANCI, qui étaient à moins de 100 mètres des lieux du massacre se sont abstenus d`intervenir comme si les tueries obéissaient à une action planifiée.
Dans le même numéro du même journal nous lisons à la page 3 une interview de monsieur Doué Stephen Noguès, président des jeunes du quartier 5 de Bangolo disant ; "que les cadres débarrassent la région de leurs miliciens. A la question de savoir si "la zone de confiance était sécurisée par les forces impartiales" monsieur Doué répond :
"Les Blancs qui étaient là nous permettaient de régler quelques problèmes de sécurité. Mais depuis qu`ils sont partis, nous ne savons plus à qui nous adresser."
A une question lui demandant s`il n`est pas d`accord avec le départ des Forces Impartiales, monsieur Doué répond encore :
"Franchement, le problème n`est pas d`être d`accord ou pas. Mais c`est la manière qui pose problème. Ce départ n`a pas été préparé. Les Blancs devaient passer leurs charges aux agents de la sécurité nationale. La Licorne a quitté les lieux depuis le 12 avril. Et depuis nous sommes livrés à nous-mêmes. Voyez-vous, les Pakistanais qui avaient arrêté de convoyer les véhicules vers Duékoué le 16 avril ont dû revenir sur leur décision depuis le samedi 21 parce qu`il n`y a personne pour les remplacer."
Monsieur Doué fait-il partie des médias et organismes internationaux qui "crient au scandale" parce que l`insécurité s`est généralisée dès que les Forces Impartiales sont parties de la zone de confiance ?
N`est-ce pas parce que la situation sécuritaire s`est aggravée que le gouvernement, dans la précipitation, a décidé d`envoyer sur les lieux une force mixte composée de militaires des FANCI et des Forces Nouvelles ?
Pourquoi refusons-nous toujours de voir et d`admettre les évidences tout simplement parce que ce sont des étrangers qui les relèvent ?
Alors que tout le monde voyait les milices tribales du chef de l`Etat parader et soumettre les populations aux pires exactions, on volait dans les plumes de ceux qui dénonçaient cette armée parallèle parce qu`officiellement il n`y avait aucune milice à Abidjan mais des jeunes gens faisant du jogging. Il est très vite apparu à tous que la crise que vit notre pays est une crise ivoiro-ivoirienne. Les serveurs de thé du FPI vont cependant clamer qu`il s`agissait d`une agression extérieure et fustiger la France qui a refusé que ses soldats se battent à notre place. Il en est toujours ainsi. Les suiveurs et autres flagorneurs du chef de l`Etat nieront toutes les évidences parce que cela ne fait pas l`affaire de monsieur Gbagbo et de son régime. Tout le monde sait que la grande insécurité à l`Ouest et les tueries sont le fait des milices créées et entretenues par les dignitaires du FPI originaires de l`Ouest.
Plus ou moins muselées par les Forces Impartiales, le départ de celles-ci a été salué par ces milices comme une "délivrance" et une autorisation à eux donnée de se livrer aux pillages et aux tueries. C`est pourquoi monsieur Doué demande "que les cadres débarrassent la région de leurs miliciens." Monsieur Doué précise en effet : "moi, j`accuse les hommes politiques de la région qui ont armé les jeunes. Ils ont abondonné les armes dans les mains de ces jeunes. Aujourd`hui, ces milices utilisent les armes contre la population. Qu`ils viennent nous débarrasser de leurs miliciens."
Il est connu de tous qu`au plus fort de la crise, ces miliciens ont servi à semer la terreur particulièrement contre les allogènes qui ont été chassés, massacrés, spoliés. Lors d`une récente rencontre avec le ministre nominal de la Défense, pourtant FPI comme eux, ne sont-ce pas les cadres FPI de l`Ouest qui s`opposaient au démantèlement des milices ?
Le problème ne vient donc pas de ce que disent les médias et organismes internationaux mais des calculs politiciens mesquins et méchants faits par des politicards sans imagination et sans envergure. Nul doute qu`avec la disparition de leurs milices et la paix revenue, les allogènes rescapés reviendraient réclamer leurs biens et notamment les plantations de café et de cacao.
Cela, ces petits politiciens n`en veulent pas et ils actionnent leurs milices pour qu`elles continuent de terroriser et de tuer les populations. Ce qui est tendancieux, ce ne sont pas les comptes rendus faits par les médias et les organismes internationaux mais le comportement irresponsable de ces personnes qui veulent tout avoir dans la facilité en s`appropriant les biens d`autrui.
Ce qui est tendancieux, c`est cette volonté farouche de refuser de voir les réalités en face pour faire la politique de l`autruche surtout lorsqu`on est l`objet d`un hommage douteux en présence du chef de l`Etat dont on est devenu une vulgaire serpillière !
La paix ne reviendra vraiment que lorsque nous accepterons d`assumer nos " conneries " plutôt que de chercher à faire porter le chapeau à d`autres qui n`ont fait que mettre le doigt sur ces bêtises et stupidités. La fuite en avant et le mensonge ne servent à rien parce que le danger, toujours présent, vous trouvera là où vous croyez être cachés et où vous croyez être en sécurité.
Par DOUBE BINTY

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