jeudi 24 mai 2007 par Fraternité Matin

Cinq cents millions ou 350 millions ? Des informations diffusées font état de ce que le don du Président de la République, qui oscillerait, selon une certaine presse, entre 350 et 500 millions de Fcfa, aurait été détourné par des individus. Le conseiller spécial du Chef de l'Etat, chargé de la défense, de la sécurité et des équipements militaires et qui a conduit la tournée d'évaluation et de sensibilisation préalable à la visite du Président, Bertin Kadet, est même mis en cause. A cette occasion, 1027 armes ont été collectées et exposées à la place Félix Houphouet-Boigny de Guiglo avant d'être remises, pour l'essentiel, à Abou Moussa, Représentant spécial par intérim du Secrétaire général de l'ONU. Un échantillon ayant été incinéré en présence du Chef de l'Etat pour montrer que la guerre a effectivement pris fin. Selon nos sources, l'aide de l'Etat qui s'est faite conformément aux procédures en vigueur, puisque le décaissement a été ordonné par le ministère de l'Economie et des Finances et les fonds payés par la trésorerie départementale de Guiglo, s'élève à 280 millions de Fcfa. L'argent a été versé aux responsables des mouvements. Mais d'où vient qu'on se perde encore en conjectures sur le montant du don du Président de la République aux mouvements de résistance de l'ouest de la Côte d'Ivoire ? Depuis, Duékoué et Guiglo sont en ébullition, même si aux dernières nouvelles, le calme semble être revenu avec l'intervention des autorités militaires. La journée de mardi dernier ayant été la plus mouvementée. Les choses se sont détériorées à peine le Chef de l'Etat a-t-il quitté le 19 mai, à 17 heures, Guiglo pour Abidjan. Les plaintes de certains ex-combattants viennent de ce qu'ils n'ont pas reçu la prime promise quand d'autres dénoncent la méchanceté de certains chefs qui auraient disparu avec les fonds sans avoir payé les primes ou le transport de leurs éléments. Abandonnés à Guiglo, plusieurs éléments du FLGO-Abidjan ont pu quitter la zone le dimanche grâce à Maho Glofiéi Denis qui a affrété un car. Environ une centaine de jeunes étaient concernés. Ces jeunes relèvent pourtant, dit-on, de Nonzi Paul. De même, le préfet militaire de Guiglo a, selon une autre source, convoyé, hier, près de 170 ex-combattants, appartenant au MILOCI du Pasteur Gammi.
L'élément déterminant cependant dans l'octroi des dons, c'est la présentation effective des armes au ministre Kadet Bertin et aux autorités militaires de l'ouest sous le commandement du colonel-major Guié Globo, gouverneur militaire du Moyen-Cavally. La surprise, c'est que des personnes dont les mouvements sont reconnus et qui ont fait croire qu'ils détenaient des armes n'ont rien présenté si ce n'est quelques kalachnikovs. Par contre, des personnes dont des femmes qui ne figuraient pas sur la liste des mouvements à désintéresser ont démontré leurs qualités. Face à cette nouvelle donne, des dispositions ont été prises sur le terrain pour les aider. Ceci, évidemment, en réduisant la dotation d'autres personnes. Les principaux départements qui ont fourni les armes sont Toulepleu (FS-LIMA, FLGO) ; Bloléquin (FLGO) et Guiglo (FLGO, UPERGO, AP-Wê). En revanche, Duékoué de Gougnan Mompoho Julien dit Colombo (AP-Wê), le FLGO-Abidjan de Nonzi Paul et le MILOCI du Pasteur Gammi n'ont pas donné grand-chose. Ces trois responsables se seraient évanouis dans la nature avec les fonds reçus. Violation de l'accord
Des revendications se font jour dans la région du Moyen-Cavally alors même qu'un accord avait été conclu entre les émissaires de la Présidence et les responsables des différents mouvements. Selon nos sources, d'ailleurs confirmées sur le terrain, c'est que les mouvements de résistance ont décidé, depuis fin avril, de désarmer sans condition. C'est sur cette base que M. Maho Glofiéi, qui est le président de l'ensemble des mouvements, a invité, lors de l'hommage qu'il a reçu les 5 et 6 mai à Guiglo de la part des parlements et agoras, le Chef de l'Etat à se rendre dans leur région pour recevoir en mains propres les armes des ex-combattants. L'autre point important et qui implique le précédent, c'est que le don soit fait sans médiatisation. L'ancien ministre Kadet a été interpellé durant sa tournée par plusieurs responsables de mouvements, des ex-combattants mais aussi des parents sur la discrimination opérée par le Programme national de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (PNDDR). A savoir que des départements qui ont souffert de la crise et où il y a eu effectivement des combats, notamment Bloléquin et Toulepleu, ont été ignorés lors du partage du gâteau. Aussi a-t-il proposé, en guise de solution, que les dons du Chef de l'Etat soient repartis par département et par mouvement. Ainsi, sont concernés par la présente opération, les département de Duékoué, Guiglo, Bloléquin, Toulepleu. Des jeunes venus de Bangolo ont exprimé le besoin d'être pris en compte par le processus car le département regorge également, selon eux, d'armes. Le geste du Président a été réclamé par presque tous les intervenants, peu importe leur âge et leur sexe, en ces termes : que le Président ne nous oublie pas. Cependant, vu le nombre d'ex-combattants dont les listes ne finissent pas de croître, l'émissaire du Chef de l'Etat a souhaité que ce soit un geste global et non individuel car il serait insignifiant. Par ailleurs, il a précisé que le démantèlement de ce jour ne met pas fin aux activités du PNDDR. En disparaissant sans en informer leurs éléments sous prétexte que le montant promis a été réduit et en se répandant dans les médias, certains responsables ont violé l'accord conclu. Pis, ils sont partis abandonnant leurs seconds. Le doyen Bonao (UPERGO) de Duékoué en a été victime.

Paulin N. Zobo

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