mercredi 23 mai 2007 par Nord-Sud

Loin de ramener le calme, la décision de la Cour suprême d'écouter le Directeur général de la Poste, a remis le feu aux poudres. Des violences ont éclaté hier, entraînant le saccage du siège du Synapostel, le principal mouvement hostile à Sébastien Zéhi. Celui-ci récuse l'ordonnance de Tia Koné. Elle n'est pas applicable, tente-t-il de convaincre.


Imbroglio judiciaire à la Poste Côte d'Ivoire violences au siège du Syndicat national des agents des secteurs de la poste et des télécommunications (Synapostel). La décision prise le 21 mai par la Cour suprême évinçant Sébastien Zéhi des fonctions de Directeur général a manifestement provoqué la résurgence des actes de vandalisme et de violence chez les postiers. Vitres du véhicule du secrétaire général en éclats, tables à la renverse, ventilateurs, machine à écrire et autres matériels bureautiques escamotés, lavabos sabotés, traces de projectiles sur les climatiseurs, le siège du Synapostel a subi la furie d'une cinquantaine d'individus, présentés par les syndicalistes comme agissant pour le compte de Sébastien Zéhi. Une accusation que l'ancien Directeur général rejette du revers de la main. Le commando conduit par Joseph Babli Gnahoua, neveu du directeur général contesté est, selon des témoins oculaires, arrivé à 13 heures 30 minutes au siège du mouvement en zone 3 à bord d'un mini car de la société d'Etat immatriculé 8410 EC01. A peine le camion bourré de jeunes gens a-t-il garé, que les vandales sautent par terre pour s'attaquer aux membres du Synapostel assis devant le bâtiment. Julien Ndouffou et Félix Kouamé, tous deux militants du syndicat, sont ainsi brutalisés.





L'ordonnance de Tia Koné,...





Les agresseurs qui en voulaient terriblement aux contestataires se sont ensuite introduits dans les locaux, saccageant tout sur leur passage. Selon le secrétaire général adjoint chargé des postes, Gado Oulaye, les vandales n'ont pas rencontré de résistance parce que le Synapostel ne veut pas tomber dans leur jeu qui est de créer la violence partout afin de diluer le vrai problème. Selon lui, après s'être débarrassés de M.Zéhi, les postiers vont incessamment pouvoir reprendre le service pour le bonheur des usagers. Malgré sa volonté de calmer la situation, le Synapostel refuse de cautionner l'impunité. En effet le secrétaire général Ouffouet Kouadio a introduit une plainte au commissariat du 4ème arrondissement de Marcory après les constats d'usage de la police et de l'huissier de justice.

Pour Ouffouet Kouadio, les agents doivent demeurer mobilisés afin de chasser définitivement le fossoyeur de la Poste de Côte d'Ivoire, a-t-il dit. Les partisans du Directeur général qui assimilent ces scènes de jubilation à de simples fantasmes d'individus mal éclairés assurent que Zéhi ne quittera pas son poste. Du moins pas à la suite de l'ordonnance de la Cour suprême. Mieux, disent-ils, Tia Koné a consolidé leur patron. Pour M. Sébastien Zéhi qui a produit en fin d'après-midi une déclaration, la décision rendue le 21 mai par la plus haute juridiction, ne peut s'appliquer parce qu'elle est sans objet. Selon lui, l'ordonnance en question n'a aucune existence juridique en ce que la décision de la Cour d'appel (rendue le 2 février 2007) qui était censée la motiver a déjà été exécutée. Autrement dit, la postérité de l'ordonnance de la Cour suprême à l'exécution de l'arrêt de la Cour d'appel lui enlève toute valeur juridique. Cette décision de la Cour suprême du 21 mai 2007 se veut confirmative de la suspension de l'arrêt de la Cour d'appel en attendant que la chambre judiciaire de Cour suprême, saisie d'un pourvoi en cassation se prononce sur le fond, argumente-t-il. Mais le pourvoi en cassation n'étant pas suspensif, M.Zéhi se demande pourquoi l'ordonnance de Tia Koné s'adosse à cette procédure. D'ailleurs, soutient-il, la requête de sursis à exécution et du pourvoi en cassation ne jouissent d'aucune légitimité d'autant que le mandat du conseil d'administration dirigé par Souleymane Coty Diakité a échu le 30 octobre 2006. Le conseil d'administration de la Poste de Côte d'Ivoire a son mandat venu à expiration depuis le 30 octobre 2006.





... la cause de guerre





Son président n'a donc pas qualité pour agir en toute circonstance, ni ester en justice. C'est un défaut de qualité manifeste, fait remarquer le Directeur général. M. Sébastien Zéhi a par ailleurs souligné que les grévistes ont causé d'énormes dégâts à la Poste avec des actes de vandalisme, du sabotage, de vols et surtout le pillage systématique des fonds et du matériel informatique ainsi que des documents comptables. Le préjudice est important et se chiffre en centaines de millions de Fcfa. Il a affirmé que les déserteurs ne veulent pas abandonner la grève parce qu'ils ont peur des changements administratifs opérés en leur absence mais davantage parce qu'ils ont commis des actes répréhensibles successibles de les conduire devant les juges. Si la décision de la Cour suprême devait s'appliquer, elle ne serait pas la bienvenue. Les travailleurs qui ont sauvé la Poste au prix de leur vie, bravant les menaces, les intimidations () ne peuvent laisser ceux qui ont commis des actes aussi graves venir impunément prendre le contrôle de cette entreprise, a-t-il plaidé avant de demander la levée de la mesure de blocage des comptes de la Poste. Je saisirai le ministre de l'Economie et des Finances pour que tous les obstacles soient levés. Tous nos bureaux sont ouverts et nous voulons intégrer le processus de redéploiement de l'administration en cours, a-t-il soutenu.





Lanciné Bakayoko


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