mercredi 23 mai 2007 par Fraternité Matin

Après les différentes sociétés d'égrenage, c'est au tour des structures de coordination des coopératives de subir les griefs des cotonculteurs. Ce n'est un secret pour personne. La filière coton est sinistrée. La campagne 2006/ 07 a été une des plus mauvaises dans l'histoire du coton ivoirien parce que les paysans n'ont pas obtenu les intrants à temps. La situation préoccupe tout le monde. Pour amorcer un nouveau départ et redonner à la filière son lustre d'antan, le gouvernement, par les ministères de l'Agriculture et de l'Economie et des Finances, a d'une part mis sur pied un comité d'apurement des arriérés dus aux producteurs avec une enveloppe de 3 milliards à décaisser incessamment.
D'autre part, il a obtenu de la Banque islamique de développement (BID) basée en Arabie Saoudite un appui en intrants d'une valeur de 10 milliards. La B.I.D intervient depuis plusieurs années déjà dans ladite filière dans plusieurs pays africains de la sous-région. Elle ne donnera pas cet argent en espèces mais elle se contentera de payer les factures de livraison que lui présenteront les fournisseurs. L'Etat de Côte d'Ivoire a donc désigné la CIDT (Compagnie ivoirienne de développement textile), une structure d'Etat, comme agence d'exécution de ce financement. Elle agira, a-t-il indiqué, par l'intermédiaire de 4 faîtières : URECOS-CI, SICO.SA, UCAB-CI (Union des coopératives du Bafing) et Yébé Wognon. Une délégation de la CIDT conduite par son Directeur Général adjoint M. Coulibaly Mamadou, a rencontré les producteurs de Korhogo le jeudi 18 mai pour les informer. "C'est la première fois que la BID intervient dans notre pays. C'est un test. Si nous remboursons correctement, nous aurons acquis la confiance de la banque qui pourra s'engager pleinement à nos côtés pour redonner à la filière son lustre d'antan. Chacun doit donc jouer sa partition en évitant de vendre les intrants qu'il aura reçus", a-t-il soutenu. Cela après avoir reconnu l'existence d'impayés et promis que le ministère de l'Agriculture leur en garantit l'apurement total. Tout en saluant ces informations, les paysans n'ont pas manqué de cracher leurs vérités à l'envoyé de la CIDT qui a particulièrement insisté sur les efforts consentis par le ministre Amadou Gon, ministre de l'Agriculture, Maire de Korhogo et fils de la région soucieux des problèmes de ses parents. Butant sur l'incrédulité des paysans habitués aux vaines promesses de début de campagne. La seule condition, pour eux, pour relever la filière coton, c'est de payer totalement les arriérés qui les ont appauvris. Ils ont de concert dénoncé l'accaparement de la filière par les faîtières qui leur volent le prix de leurs efforts, la multiplicité des organisations professionnelles agricoles et des sociétés d'égrenage. Avant de demander la remise totale de la filière à la CIDT comme par le passé. "Quand la CIDT était seule ça marchait (). Il n'y a pas que LCCI qui doit aux paysans, les faîtières aussi nous doivent ", ont-ils révélé. Ils ont aussi décrié la fixation du prix des sacs d'intrants qui n'est connu qu'au moment de la livraison de leurs produits aux sociétés d'égrenage et ont demandé le relèvement du prix du kilo qui devrait être connu avant l'ouverture de la campagne comme c'est le cas au Burkina Faso. M. Coulibaly Mamadou, débordée par la colère mal contenue des paysans, a alors promis : "tout faire pour enlever les mauvais grains de la filière ; c'est le début de l'assainissement. Vos remarques sont légitimes, mais ne perdons pas encore la campagne qui arrive". La réponse des paysans ne s'est pas fait attendre : "nous ne pouvons plus aller à l'école si ce n'est être agriculteurs. Payez nos arriérés !"

Martial Niangoran
Correspondant régional

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023