mercredi 23 mai 2007 par Fraternité Matin

Lors de la mission promotionnelle conduite par le Nepad Business Group Côte d'Ivoire à Tunis du 29 avril au 6 mai 2007, l'institution s'est dévoilée. La grande satisfaction de la mission promotionnelle qu'a effectuée le Nepad Business Group Côte d'Ivoire avec les deux ports ivoiriens et le Bnetd auprès du groupe de la Banque africaine de développement, du 29 avril au 6 mai, est sans conteste la récolte de l'information sur les opportunités et les mécanismes de financement. Qu'il s'agisse du secteur public ou du secteur privé, les opportunités existent. Elles attendent les projets bancables. Les responsables des différents départements sont passés tour à tour pour le dire aux membres de la délégation, tout en leur expliquant les différentes conditions d'éligibilité et d'octroi de financement. Au niveau du secteur privé, depuis 1991, un département y a été dédié. C'est le département du secteur privé. Son rôle est de mettre en ?uvre la stratégie de la banque en matière de promotion du secteur privé. Il apporte des financements directs et une assistance technique sous forme de services et conseils aux opérateurs du secteur privé dans les 53 pays membres. Sont éligibles les entreprises privées (entreprises dont le capital est détenu en majorité par le privé). Peuvent aussi prétendre au soutien du département Secteur privé, les entreprises publiques des pays à revenu intermédiaire. Il faut pour cela qu'elles aient une gestion autonome et avoir des résultats financiers jugés satisfaisants. Dans les pays à faible revenu, les entreprises publiques doivent avoir une gestion autonome et générer des biens et services destinés à l'exportation. C'est-à-dire que les revenus doivent être en devise.
L'année dernière, le département secteur privé a approuvé près de 420 millions de dollars (environ 200 milliards de francs CFA) de projets. En 2007, ce sont 650 millions de dollars que le département vise. Il y a 47 projets actuellement dans le portefeuille du département pour un coût total de près de un milliard de dollars.
En matière d'infrastructure, le département intervient dans le secteur de l'énergie, les chantiers navals, les ponts, etc.
Le département, qui s'illustre en intermédiation financière, permet aux entreprises d'avoir des lignes de crédit à côté des prêts et des participations dans les fonds d'investissement et de garantie.
Les lignes de crédit sont destinées aux institutions financières privées dans les différents pays. Les prêts sont des prêts à moyen et à long termes. Ils ont une durée maximum de 15 ans avec un délai de grâce maximum de 5 ans. La BAD intervient au plus à un tiers du coût total du projet. Les projets au coût minimum de 10 millions de dollars sont privilégiés.
Le département prend des parts dans le capital des entreprises dans la limite de 25%. C'est en 1997 qu'il a eu sa première intervention en matière d'infrastructure. Il s'est agi d'un prêt de 4 millions de dollars (environ 2 milliards de francs CFA) à Loteny Telecom en Côte d'Ivoire. Le département est intervenu à la centrale Azito pour près de 14 millions de dollars. En 1999, il est intervenu pour une ligne de crédit en Afrique du Sud. Au Gabon, le département a financé l'étude environnementale d'un port en eau profonde De quoi mettre de l'eau à la bouche des directeurs généraux des ports ivoiriens qui sont allés présenter des projets importants de développement de leurs outils Bref, la liste des interventions du département secteur privé est longue.
Les procédures d'accessibilité aux différents concours ont été expliquées aux membres de la délégation ivoirienne au cours des échanges conduits par le représentant officiel de la BAD en Côte d'Ivoire, Ngardinga Sangbé. Ce que l'on peut retenir, c'est que la BAD attend les projets d'infrastructures pour aider à la mise en route. Encore faut-il qu'ils soient bancables. C'est à ce niveau que se trouve le hic. Avec le programme Infrastructures du Nepad dont elle a la charge, la BAD est, en tout cas plus que jamais, engagée dans le développement des infrastructures. Son président Donald Kabéruka l'a rappelé lors de la rencontre avec la délégation ivoirienne. Le vice-président chargé des infrastructures, du secteur privé et de l'intégration régionale, Mandla Gantsho, a insisté là-dessus. Et tous les responsables chargés des questions du Nepad à la BAD ont appuyé cette option avec force détails devant la mission promotionnelle ivoirienne. Les transports, l'énergie, les technologies de l'information, l'eau, l'assainissement, les infrastructures sociales, etc. font partie du domaine d'intervention du Nepad. Il y a déjà plus de 8 milliards de dollars de financement effectués.
Focus : Bizerte, l'ambitieuse zone franche
Lors de la mission promotionnelle, les membres des délégations des ports ivoiriens ont eu l'opportunité de rendre une visite aux responsables du parc d'activités économiques de Bizerte (nouvelle appellation de cette zone franche). Ils n'ont pas pu le faire pour les installations industrielles, mais les responsables de l'exploitation ont répondu à toutes leurs interrogations sur les réalités de cette zone économique, fleuron de l'économie tunisienne. C'est tout admiratifs que MM. Foto N'goran et Tiécoura Yao, respectivement directeur des études économiques, de la planification et du développement du port d'Abidjan et directeur des relations extérieures et de la communication au port de San Pedro, et leurs collègues ont découvert ce que c'est qu'une zone franche économique. Le Parc d'activités économiques de Bizerte (ville portuaire située à 52 km de Tunis) a une superficie de 51 hectares repartis sur deux sites. A savoir : Bizerte et Menzel Bourguiba. Il abrite à la fois des activités industrielles, commerciales et de services destinés à l'exportation. On y trouve l'industrie mécanique, l'électricité, l'électronique, les industries de constructions navales et nautiques, les industries agroalimentaires, le commerce, le conditionnement et les services.
Comme toute bonne zone franche, le parc d'activités économiques de Bizerte offre des avantages fiscaux. Ainsi, durant les 10 premières années d'activités, l'entreprise bénéficie d'une déduction totale des bénéfices ou revenus découlant des opérations d'exportation, de l'impôt sur les sociétés ou de l'impôt sur les revenus. Cette déduction passe à17,5% à partir de la 11e année. On y applique aussi un dégrèvement des bénéfices réinvestis, la suspension de la TVA sur les achats locaux et une exonération totale des taxes douanières pour les matières premières, marchandises et équipements. En ce qui concerne le régime commercial, les opérateurs économiques, d'où qu'ils viennent, bénéficient, entre autres, de la liberté de transfert des bénéfices et de rapatriement des capitaux investis. Ils sont même autorisés à vendre sur le marché local 20% de leur chiffre d'affaires. Afin de faciliter l'implantation des entreprises, un guichet unique a été mis en place pour assister gratuitement les opérateurs. Notamment pour les formalités essentielles à savoir : la constitution de société, l'assistance au recrutement du personnel et le soutien technique, lors des travaux de construction.
Option : Déficit de communication
L'observation qui s'impose à toute personne qui a suivi la mission promotionnelle des ports ivoiriens et du Bnetd en Tunisie, c'est que les opportunités et les mécanismes de financement qu'offre la Banque africaine de développement ne sont pas très bien connus. On l'a senti à travers les questions des membres de la délégation. Les chefs de département de la BAD s'en sont bien rendus compte aussi. Eux qui ne se sont pas fait prier pour répondre avec force détails aux préoccupations des uns et des autres.
Mais alors, à qui la faute ? Des membres de la délégation, notamment le Directeur général du Port autonome d'Abidjan, ont répondu à cette question. M. Marcel Gossio a fait le reproche directement aux dirigeants de la banque de ne pas venir vers les opérateurs alors que la BAD a bien une mission de développement.
La banque, il est vrai, produit des supports pour faire connaître ses missions, mais il serait effectivement intéressant qu'elle fasse davantage pour se faire réellement connaître. Aller vers les grands groupes d'opérateurs à travers des rencontres formelles ne serait pas une mauvaise chose. Même s'il faut reconnaître que les acteurs économiques doivent faire preuve de curiosité en allant chercher l'information. Parce qu'avant tout, ce sont eux qui ont besoin de financement. Autre déficit de communication, c'est celui relatif au Nepad. Depuis sa mise en route par les Chefs d'Etat, tout se passe comme s'il était mort-né. On n'en parle pratiquement pas dans certains pays. Et pourtant, il est bien en vie du moins dans certains pays. Notamment le Nigeria et l'Afrique du Sud. En Côte d'Ivoire c'était aussi le black-out jusqu'à ce que le secteur privé prenne les devants comme cela est le cas dans les pays anglophones, à travers la mise en place du Nepad Business Group Côte d'Ivoire, en août 2006. Depuis lors quand on parle du Nepad en Côte d'Ivoire, la seule référence, c'est cette structure dirigée par le Directeur général de l'Apex-ci, Guy Bengue. L'objectif principal du Nepad Business Group est d'amener le secteur privé à s'approprier le juteux programme du Nepad. Le président et ses proches collaborateurs s'y attellent avec la passion qu'on leur connaît à travers l'Apex-ci. Tunis est la première mission d'envergure. Ils en promettent d'autres au profit des opérateurs économiques. C'est sûr, pour avoir fait preuve de leur force de lobbying sur d'autres terrains tel l'AGOA, les responsables du Nepad Busi-ness Group sont assurés de réussir.

Alakagni Hala
Envoyé spécial à Tunis

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