mercredi 23 mai 2007 par L'intelligent d'Abidjan

Un homme politique a dit un jour "Achetez la presse, et vous serez maîtres de l'opinion, c'est-à-dire les maîtres du pays".
La presse ivoirienne est depuis quelques temps accusée de tous les maux, y compris même de la guerre ! Epinglée aussi par les résolutions de l'Onu, on oublie souvent qu'elle est avant tout politisée et que de ce fait, elle n'est que le simple reflet des opinions des leaders qu'elle défend. Mais, est-ce un crime ?
Certes la presse a un devoir, le premier étant d'apaiser et de ne pas mener ses lecteurs ou ses auditeurs à la guerre, comme on a pu le voir au Rwanda avec les appels aux meurtres lancés par la "Radio des Mille Collines", mais avant tout, elle a celui d'informer, et d'informer "juste" et de donner à ses lecteurs, l'information qu'ils attendent dans leur vie de tous les jours et selon les orientations politiques de ses lecteurs. Or après 5 ans de guerre, la seule chose qui intéresse l'ensemble de la Côte d'Ivoire actuellement, est : "Est-ce que les politiques qui se sont fait la guerre par Ivoiriens interposés, vont enfin s'entendre vraiment pour faire la paix ?"
Et si le dialogue direct doit enfin emmener la paix en Côte d'Ivoire, mais surtout laisser enfin les Ivoiriens décider de leur avenir autrement que par des armes à travers des élections, libres et justes, est-ce un crime quand la presse ose dire qu'il lui semble qu'on ne prend pas le meilleur chemin ? A-t-on pour autant, sous prétexte de rendre une démocratie volée, le droit de lui demander de se taire ou de dire "Oui - Oui, c'est bien" à tout ce qui se fera demain sous prétexte de la paix ?
Il ne faut pas exagérer ! Les politiques ont une responsabilité supérieure car ils ont été élus. Des citoyens leur ont fait confiance en leur donnant un bulletin de vote Et quand ils disent ou font une bêtise, on est quand même obligé de les supporter jusqu'aux prochaines élections, et depuis combien de temps, les Ivoiriens n'ont-ils pas voté ? Alors que si un journal fait de même, rien n'oblige le lecteur à le racheter dès le lendemain! Si les politiques de tous bords montraient une parfaite cohésion, tous, à ne vouloir qu'une seule chose, "des élections justes et libres", peut-être que les journaux de tous bords feraient de même ! Si au lieu des batailles de postes, des batailles de lutte interne pour savoir qui est le plus grand, le plus fort ou le plus beau, quand il ne s'agit pas de "bataille pour des pactoles", on assistait enfin à des polémiques de fonds, sur ce que Monsieur X ou Y proposera demain, pour diriger la Cote d'Ivoire, on aurait alors un vrai débat dans la presse ! On demande à la presse de se taire, mais si la presse osait demander aux politiciens de se taire et d'agir que se passerait-il ? Si on veut connaître le baromètre de la liberté d'expression d'un pays, il ne faut pas aller voir le premier ministre ou les politiques, mais le dessinateur des caricatures de presse. Et en ce moment, ce n'est vraiment pas triste !
La Chronique du Risk Profiling par Charles KouassiProfiler

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