Les transporteurs d'Adjamé demandent au maire, Youssouf Sylla des dédommagements ainsi que la restitution de leurs terrains attribués à des commerçants.
C'est avec une colère mal contenue que le président de la Coordination nationale des gares routières de Côte d'Ivoire (Cngrci) nous accueille ce samedi matin dans son bureau, à Adjamé Renault . Dans un pays en guerre où l'économie est en asphyxie, au lieu d'aider les partenaires que sont les transporteurs, le maire est en train de nous chasser pour faire la place aux commerçants, sous le fallacieux prétexte que les transporteurs ne transportent plus, peste-t-il. Il accuse le maire d'Adjamé, Youssouf Sylla, d'avoir détruit 13 gares routières, situées à l'ancienne gare d'Adjamé, pour revendre le terrain qu'elles occupaient à des commerçants. En toute illégalité selon Adama Touré. Il demande purement et simplement la restitution des terrains ainsi que des dédommagements. Les transporteurs expliquent que le maire Sylla lorgnait l'espace depuis longtemps. Il a désigné des personnes pour surveiller l'activité des compagnies de transport. Dès qu'une compagnie est en difficulté, il approche aussitôt les Libanais pour occuper le lieu. La gare ciblée est aussitôt détruite et le transporteur obligé de se trouver un autre lieu pour stationner ses véhicules. Le boulevard Nangui Abrogoua est engorgé aujourd'hui à cause des véhicules de transport gbaka qui sont stationnés sur les côtés. Selon les transporteurs, l'opération de destruction des gares a débuté dimanche nuit. Amaramian Charles, chef de file des négociations qui ont eu lieu avec le maire, indique que ce sont plus de 1500 jeunes qui ont été mis au chômage par cet acte.
Nos gares ont été détruites sans aucune considération
Lorsque nous nous rendons sur les lieux pour vérifier l'information, la réalité est attristante. Plusieurs gares démolies laissent un vide. C'est cette ancienne gare que le maire est en train de transformer en un véritable foutoir, en voulant construire des milliers de magasins à la place des gares routières. A 200 mètres de mon bureau, il y avait la gare de Yopougon toit rouge. Le maire l'a détruite et y a fait construire des magasins et un grand immeuble. Aujourd'hui, ces transporteurs chassées sont sur le boulevard Nangui Abrogoua , fulmine Adama Touré. Les transporteurs qui, pour la plupart, désirent garder l'anonymat, affirment que toutes les négociations engagées avec le maire pour régler cette situation ont été vouées à l'échec. Nous passons pour le moment par le dialogue. Parce que lorsque nous allons entamer des actions de nature à nous faire entendre, cela ne sera pas maîtrisable. Il faut arrêter l'hémorragie dès maintenant , menace Adama Touré. Fofana Abdoulaye l'un des occupants d'une des 13 gares détruites qualifie l'acte du maire d' intolérable . Il note que celui-ci a refusé le dialogue. Fofana a perdu plusieurs affaires détruites avec sa gare. Bakayoko C. qui faisait la ligne Abidjan-Yamoussokro, indique que si les dédommagements ne sont pas obtenus, ils seront obligés d'utiliser des moyens forts pour se faire entendre. Selon Adama Touré, le maire Youssouf Sylla n'est pas à sa première action du genre. L'année dernière, le maire a fait démolir 17 gares routières. Cela a été fait sans aucun dédommagement, sans aucune considération pour les transporteurs , indique-t-il. Cette fois-ci, pour M Touré, c'est la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Il interpelle par ailleurs les ministères concernés. Car selon lui, les transporteurs ont été toujours en règle vis-à-vis de la mairie. Dans ce sens, Fofana indique qu'ils payent chaque mois à la mairie l'Odp (Occupation de domaine public). La plus petite gare routière paye en moyenne entre 30 et 35 mille franc Cfa par mois. Les grandes gares payent en moyenne 360.000 à 400.000Fcfa, révèle-t-il. En définitive les transporteurs somment Sylla Youssouf de s'ouvrir au dialogue faute de quoi il sera interdit d'entrer à Adjamé.
Raphaël Tanoh (Stagiaire)