lundi 21 mai 2007 par Le Front

Les enseignants du supérieur et les chercheurs se souviendront pendant longtemps de la date du 1er mai 2007. Ce jour-là, le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, les avait humiliés. En des termes amers et sur un ton des plus méprisants, il les a traités de dangereux rêveurs . Je n'ai pas l'argent pour payer des assistants à 2 millions de fcfa. Celui qui demande cela est un rêveur. Mais, comme c'est un rêve qui nous met tous en danger, il est dangereux. Et avec les dangereux, il faut agir selon les dangers ? a-t-il martelé lors de son allocution marquant la célébration de la fête du travail. Les concernés ont dû tiquer. Ils s'attendaient sans doute à plus de considération. En tout cas, pas à cette charge en règle qui a pris des allures de séance de flagellation. Qu'on en juge. un doctorat n'est pas la mer à boire. Nous avons tous ( ?) le doctorat a-t-il poursuivi, le verbe un tantinet sarcastique puis, il a porté ce qu'on pourrait bien appeler l'estocade aux enseignants grévistes : ?'Ceux qui demandent 2 millions ne les auront pas et qu'est-ce qu'ils peuvent faire'' ?. s'est-il moqué. Ils peuvent rompre les rangs ! Le moins que l'on puisse dire, c'est que les enseignants en ont pris pour leurs grades. Et voilà que deux semaines plus tard, plus précisément le 16 mai dernier, le chef de l'Etat prend deux décrets pour soit disant répondre aux préoccupations des enseignants. Mais, ô surprise, les décrets règlent tous les problèmes sauf l'essentiel, ce qui a motivé le mot d'ordre de grève et valu aux enseignants les sarcasmes du président Gbagbo. A savoir ? la question de la revalorisation de leurs salaires. De cela, les décrets ne portent aucune trace. Pas une ligne donc de ce à quoi ils sont en droit de s'attendre dans le proche avenir. Faut-il consulter les oracles ?
Comme il fallait s'y attendre, les enseignants qui savent lire entre les lignes, ont décidé de maintenir leur mot d'ordre de grève. Ils estiment que les décrets ne prennent pas en compte leur principale revendication. Ils maintiennent donc la pression sur le gouvernement qui, manifestement, a décidé de faire du dilatoire. On se demande alors si les deux parties (pouvoir-Cnec) pensent aux étudiants. Ne l'oublions pas, ce qui est en jeu, au-delà des enjeux des revendications des enseignants, c'est la validité de l'année académique en cours. Ne court-on pas, en effet, le risque d'une année blanche à l'université ?
Si cela advenait, il est indéniable que la responsabilité du pouvoir serait encore plus grande. Car, on a la désagréable impression que, pour Laurent Gbagbo, la défense de son régime prime sur l'avenir des étudiants qui demeurent l'élite de demain et l'espoir de la Nation. Autant, il est prêt à augmenter, à leur moindre toussotement, les salaires des forces de l'ordre, autant il traite par le mépris les légitimes revendications des autres corps de métier. En l'espèce, le corps professoral.



Honoré Sépé

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