lundi 21 mai 2007 par Le Front

La longue tragédie des populations de l'Ouest ivoirien s'est officiellement refermée. Samedi dernier, à l'issue d'une mémorable cérémonie, le chef de l'Etat s'est fait remettre, en présence du patron par intérim de l'Onuci, deux armes par le grand chef des milices de l'ouest, Mao Glofiéi Denis. Puis, devant les populations et les autorités, Gbagbo a fait incinérer une dizaine. A titre symbolique, comme pour montrer à tous que la ?'guerre est finie''.
L'émotion était à son summum samedi dernier, à la place Félix Houphouet-Boigny de Guiglo. Après des années d'atermoiements, les groupes de milices de l'Ouest, regroupés au sein du Frgo, ont décidé d'entrer dans le processus de paix. Ils ont pour ce faire remis leur arsenal de guerre au chef de l'Etat, qui l'a, séance tenante, transmis au chef de l'Onuci, Abou Moussa. Le processus DDR, prescrit par l'Accord politique de Ouagadougou commence donc à l'ouest, par le démantèlement des milices. La cérémonie s'est déroulée devant tous les chefs militaires de la région du Moyen- Cavally (gouverneur, préfets et sous-préfets), élus et autorités administratives. Elle s'est essentiellement déroulée en 3 temps. Le premier a été consacré aux allocutions. Les autorités ont salué l'acte des miliciens qui faisaient ainsi un grand pas vers la paix sociale. Le député de Guiglo commune, Emile Guiriéoulou, a perçu en l'acte des chefs de guerre ?'un témoignage de leur reconnaissance envers les efforts du chef de l'Etat pour ramener la paix. M. Guiriéoulou a salué l'acte du Frgo qui a pris l'initiative ?'de remettre ses armes''. Mais, il s'est fait l'avocat des miliciens, en expliquant, notamment que ?'ces forces n'avaient pas pour intention de défier l'autorité de l'Etat ()''. Bien au contraire, a-t-il précisé, ?'ils (les miliciens) voulaient apporter une réponse à leur suivie'', dans une région où leurs populations étaient constamment harcelées et violentées par des groupes armés''. Emile Guiriéoulou, pour finir, a fait une doléance de taille, il a exigé que toute la région soit déclarée ?'zone sinistrée'', et bénéficié de ce fait d'un programme spécial d'urgence, avec ?'des moyens conséquents''. Le député a notamment cité le cas de la localité de Zou, village abandonné par ses populations. Et qui n'attendent que de retourner chez elles. Lui succédant, au pupitre, Mao Glofiéi a tenu à associer tous les résistants aux actions de protection de l'ouest. Combattant après combattant, il a cité le nom de chacun des compagnons de lutte héroïque. Ensuite, le général sans étoile s'installe durablement dans une sorte de discours pro-domo. Nous ne sommes pas des milices. C'est l'instinct de survie qui nous a conduits à prendre les armes () . Et de conclure en disant, ?'Depuis l'accord de Ouagadougou, nous avons compris que le port des armes n'a plus sa raison d'être. C'est pourquoi, nous vous remettons ces armes. Nous ne demandons rien. Mais exigeons que le Pnddr achève le travail qu'il avait commencé avec nos combattants (). ?'Puis, arrive le moment tant attendu ; la remise des armes à l'autorité. Gbagbo reçoit symboliquement un fusil de chasse de calibre 12 et un fusil d'assaut AK47, la fameuse kalachnikov. Devant Abou Moussa, le chef de l'Etat s'en réjouit. Et précise que ?'Je suis content parce que la guerre est finie''. Gbagbo passe ensuite à l'étape la plus significative : l'incinération d'une dizaine d'armes. Mais au passage, le chef de l'Etat a le temps d'apprécier l'arsenal de guerre du Frgo. Il y avait sur la place : 7 charrettes remplies de toutes sortes d'armes à feu, 3 autres caisses contenant fusils et munitions, 2 lance-roquettes, un cargo militaire, rempli aux 3/4, et des mines anti-personnel. Après la phase du bûcher, Gbagbo livre son message. Aux ex-combattants, il rappelle que ?'la guerre est finie''. Bientôt, ajoute-t-il, ?'nous allons aussi nous rendre au centre et au nord pour récupérer les armes. Vous avez accepté de désarmer, je remets les armes au représentant par intérim du Secrétaire général de l'Onu''. Aux jeunes de la région, Gbagbo a rappelé que : ?'je compte sur vous, pour la paix et je ne vous oublierai pas''. Abou Moussa, quant à lui, a indiqué que ?'l'Onuci perçoit le démantèlement des forces du grand ouest, comme le témoignage de ce que ?'l'accord de Ouagadougou est en marche''.
La cérémonie s'est achevée par une grande procession vers la résidence du préfet où devait avoir lieu la remise des clés de 8 écoles construites par l'Unicef.

D. S.

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