lundi 21 mai 2007 par Le Nouveau Réveil

Ils ont décidé de mettre l`arme au pied. Avant-hier samedi 19 mai, à Guiglo, les miliciens de l`ouest, se sont débarrassés de leurs armes sous le regard du chef suprême des armées, Laurent Gbagbo et de Abou Moussa. Le Front de résistance du Grand Ouest (FRGO) qui regroupe toutes les milices de cette partie du pays (AP-Wê, FLGO, Miloci, et les Forces spéciales Lima) a battu le rappel de tous les chefs de guerre, et de tous ses éléments. La population, pour sa part, ainsi que les élus de l`ouest, n`ont pas voulu rater l`évènement. Ainsi, les ministres Hubert Oulaye, (FPI), Désiré Gnonkonté (PDCI), Kahé Eric (CNRD), Bleu Lainé (FPI), Dagobert Banzio (PDCI), Alphonse Douaty (FPI), Kéi Boguinard, tous fils de la région, étaient accompagnés de Dano Djédjé, ministre de la Réconciliation nationale et Gaston Ouassénan Koné, Coordonnateur principal du PNDDR. C`est devant ce parterre de personnalités et une foule immense que Maho Glofiéhi, le patron du FRGO a fait cette profession de foi en présence de ses différents lieutenants. "() Depuis les accords de Ouaga, la raison pour laquelle nous avons pris les armes est finie. Laurent Gbagbo est le patron de tout le monde. Dans ces conditions, le FRGO n`a plus sa raison d`être en armes. Devant la communauté nationale et internationale, je vous remets toutes ces armes. A partir de cet instant, tous ceux et toutes celles qui ont des armes, devront subir la rigueur de la loi. Car le FRGO ne sera pas responsable de leurs agissements", a laissé entendre Maho Glofiéhi Denis. Ce dernier a d`ailleurs refusé que ses camarades et lui soient qualifiés de miliciens. "Nous ne sommes pas des miliciens. Nous sommes outrés d`être considérés comme des milices. C`est l`instinct de survie qui nous a poussés à nous regrouper". Puis "le général" Maho de lancer cette phrase : "La seule milice que je connais, c`est la milice du PDCI du temps de Félix Houphouët-Boigny". D`où le FRGO tire-t-il toutes ces armes en sa possession ? "Nous avons combattu avec des bâtons, des tranches d`arbres. Les fusils que nous possédons sont les armes de nos adversaires mis en déroute", révèle-t-il. Mais Maho Glofiéhi n`est pas gourmand. "En décidant volontairement de vous remettre nos armes, nous ne vous demandons rien en retour. Cependant, nous voulons que le PNDDR nous prenne en compte effectivement. Nous souhaitons être aussi pris dans le cadre du service civique".

Remise symbolique des armes à Gbagbo

La cerise sur le gâteau du désarmement des miliciens du régime a eu lieu à 15h39 précises. Lorsque, à la fin de son discours, Mao Glofiéhi a remis de façon symbolique deux armes à Gbagbo. Qui à son tour les a remises au représentant spécial des Nations Unies en Côte d`Ivoire, Abou Moussa. "Il est écrit dans l`accord de Ouaga que les armes doivent être remises à l`ONUCI. Donc je vous les remets", a-t-il précisé. Abou Moussa, quant à lui, a reconnu que l`acte d`hier "constitue une étape importante, et une volonté manifeste d`appliquer l`accord de Ouaga. Au-delà de la satisfaction, nous soulignons la valeur symbolique de votre présence. Nous réaffirmons l`engagement et la disponibilité des Nations Unies. L`ONUCI et la Licorne joueront leur rôle conformément à l`accord de Ouaga. () L`ONUCI ne ménagera aucun effort pour accompagner la CCI. Soyez rassurés que les Nations Unies veulent une Côte d`Ivoire réconciliée. () Vous êtes en passe de réaliser une bonne sortie de crise", a noté le représentant de Ban ki-Moon.

Amani N`guessan invite les différents acteurs à la paix

Succédant à Abou Moussa, le ministre de la Défense, Michel Amani N`guessan a, dans son allocution, invité tous les acteurs de la crise à s`inscrire dans le processus de paix. Aux hommes politiques, il a demandé "de demeurer toujours conscients de la primauté de la patrie". Aux populations de l`ouest, il a fait savoir que "l`heure est venue de croire en la délivrance qui passe aussi par votre sens du pardon". Non sans avoir dit aux miliciens qu`ils méritent la "reconnaissance de la Nation", pour avoir donné un signal fort de sortie de crise. "Pour vous qui avez toujours conditionné le désarmement de vos hommes au démantèlement préalable des milices, et autres groupes d`autodéfense, l`acte de ce jour constitue un gage de confiance et, par conséquent, une exhortation à accomplir entièrement, votre part de sacrifice", a-t-il dit à l`endroit des Forces nouvelles. Quand il déclare ceci à l`endroit des FDS : "() Les milices vous donnent ici l`occasion de célébrer la réconciliation avec les FAFN, sur fond de reconstruction d`une armée attachée aux valeurs d`intégrité et de moralité républicaines". A la Nation ivoirienne et à la communauté, le ministre de la Défense a respectivement demandé de "profiter de cette occasion pour redonner à la Côte d`Ivoire () sa place de locomotiv de la sous-région et son rayonnement dans le monde" et "de continuer d`accompagner la Côte d`Ivoire vers la sortie de crise définitive". "Dépassons nos contradictions internes, unissons nos efforts et allons résolument à la paix", a-t-il conclu.

Pourquoi le Premier ministre n`était pas à Guiglo,

Son porte-parole explique
"Le Premier ministre ne s`est pas rendu à Guiglo pour des contraintes de calendrier. La semaine qui s`ouvre est très chargée pour le Premier ministre. Il travaille sur la finalisation de la matrice de l`Accord politique de Ouaga. Cette matrice doit être examinée par un important conseil de gouvernement le mardi 22 (NDLR, demain) et adoptée par un conseil des ministres tout aussi important le jeudi 24 qui sera présidé par le Président de la République", a déclaré M. Méité. Ajoutant par ailleurs que "par courtoisie, Guillaume Soro avait déjà tenu informé le chef de l`Etat de son absence à la cérémonie d`avant-hier, le 16 mai dernier, au cours d`un tête-à-tête que le Premier ministre a eu avec le chef de l`Etat. Au demeurant, poursuit le porte-parole de la Primature, le voyage de Laurent Gbagbo "est un voyage important qui constitue un gain de confiance car il permettra par la suite d`actionner le CCI qui est un important chanter" clair comme de l`eau de roche. L`absence de Soro avant-hier aux côtés de Gbagbo à Guiglo n`a donc pas une autre interprétation.

Yves M. Abiet
Envoyé spécial à Guiglo

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