mercredi 16 mai 2007 par Fraternité Matin

Le PDCI-RDA, à nouveau à la croisée des chemins, est menacé par une saignée. Laurent Dona-Fologo, ancien secrétaire général du plus vieux parti de Côte d'Ivoire, et ses partisans réunis au sein du Rassemblement pour la paix (RPP), sont, selon des sources concordantes, sur le point de tourner casaque, en transformant l'Ong en parti politique. La goutte d'eau qui fait déborder le vase est l'exclusion temporaire du PDCI-RDA de Ouattara Gnonzié pour une période de deux ans par la décision n°01/2007 du 17 avril 2007 du Conseil de discipline dudit parti.
L'instance dirigée par Noël Némin reproche à Ouattara Gnonzié des propos graves susceptibles de porter atteinte à l'unité et à la discipline du parti?. Le report à une date ultérieure du XIIème congrès ordinaire du PDCI-RDA prévu, en principe, cette année, a mis le feu aux poudres. Des militants au nombre desquels M. Gnonzié, membre du Bureau politique de l'ancien parti au pouvoir, et Tchobon Yéo Brahima, membre du Grand conseil, se sont élevés contre cette décision du Bureau politique qu'ils ont traitée d'illégale.
Le vrai problème que la direction du PDCI-RDA a voulu résoudre rapidement en sévissant, c'est que la plupart de ces militants rebelles sont des membres du RPP, à commencer par Ouattara Gnonzié, secrétaire général de l'Ong. De là à croire que c'est Laurent Dona-Fologo qui est visé à travers ses partisans, par ce règlement de comptes? et cette chasse aux sorcières?, il n'y a qu'un pas qui a été franchi au sein du RPP. Le président du RPP a été candidat contre Henri Konan Bédié au poste de président du PDCI-RDA, en 2002, à l'occasion du XIème congrès. Après avoir servi avec fidélité Félix Houphouet-Boigny et s'être mis ensuite au service du dauphin constitutionnel en revendiquant, contre l'avis de certains cadres du PDCI-RDA, l'application de l'article 11 de la Constitution à la mort du Père de la nation?, le président du Conseil économique et social a fini par rompre les amarres. Bien qu'il ait été battu, il n'a pas renoncé à prendre les rênes du PDCI-RDA pour le remettre sur les rails du vrai houphouétisme?. Non seulement il a dénoncé les déviations en ne reconnaissant pas les choix opérés par l'actuelle direction, telle la création, à Paris, du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, plate-forme du PDCI, du RDR, de l'UDPCI et du MFA), mais aussi et surtout il a pris position en faveur des institutions républicaines dès le déclenchement de la rébellion armée. Ainsi, le RPP s'est allié au FPI et à d'autres partis dans le Congrès national de résistance pour la démocratie (CNRD) au moment où le PDCI-RDA et le RHDP se trouvaient dans le G7, une coalition avec l'ex-rébellion.
C'est pourquoi les réunions succèdent aux consultations au niveau de la base qui réclame la transformation du RPP en parti politique. Hier, la cellule de réflexion de l'Ong, qui comprend d'illustres militants du PDCI-RDA dont le professeur Georges-Armand Ouégnin, aurait eu une séance de travail pour réfléchir sur la forme et le moment de ce désapparentement.
Tous les animateurs du RPP pensent que la coupe est pleine. Ils sont convaincus que les clashes de 1994, avec la transformation du courant RDR en parti, et de 2000, avec le départ des Judas? qui ont créé l'UDPCI, n'ont pas aidé le parti à faire sa mue. Ils accusent la direction du PDCI-RDA de rester figée sur ses positions et de ne pas tendre la main aux adversaires internes, mais plutôt de vouloir se débarrasser d'eux en usant de tracasseries, de frustrations et de sanctions arbitraires pour les pousser à bout et vers la sortie.
Le RPP et ses animateurs s'étaient, sans doute, préparés à cette situation. Car l'Ong s'est organisée comme un parti politique et pourrait compter parmi les plus importantes formations politiques du pays si ses responsables franchissaient le rubicon. Elle dispose d'un siège à Cocody, qui ferait pâlir de jalousie bien des partis politiques SDF ivoiriens, a installé des dizaines de coordinations dans de nombreuses villes du pays et peut s'enorgueillir d'avoir des délégations au Mali, en France, en Angleterre, en Italie et en Espagne. C'est dire que la transformation du RPP en parti politique pourrait entraîner une hémorragie au sein du PDCI-RDA qui connaît également des soubresauts avec la naissance du courant PDCI Nouvelle vision? du Dr Ehoussou Narcisse, membre des instances du parti.

F. M. Bally

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