Les Africains souhaitent un franc partenariat avec l'Europe. C'est-à-dire un partenariat dans lequel tous gagnent ensemble et perdent ensemble. Où l'on ne parlera plus de dominant et de dominé. Le forum d'Abidjan dont le thème a porté sur l'avenir du partenariat entre l'Europe et l'Afrique a permis aux participants de relever certaines imperfections et d'en proposer des solutions.
Organisé par la Fondation nationale des sciences politiques, à l'initiative du professeur Pierre Dagbo Godé et de Alain Toussaint, le forum d'Abidjan sur l'avenir du partenariat entre l'Europe et l'Afrique s'est assigné pour l'objectif de sensibiliser les opinions africaines et européennes sur les nouvelles orientations du partenariat entre l'Europe et l'Afrique. Premier en Afrique, le forum d'Abidjan présente des enjeux importants pour l'Afrique. C'est la justification de la participation d'imminentes personnalités d'Europe et d'Afrique. Parmi celles-ci, l'on a noté Charles Josselin, ancien ministre français délégué à la coopération et à la Francophonie; l'ambassadeur Michel Arrion, chef de délégation de la commission européenne en Côte d'Ivoire; Prof. Charles Valy Tuho, Ambassadeur et chercheur au centre ivoirien de recherche économique et social d'Abidjan ; Moustapha Niasse, ancien Premier ministre sénégalais
Au regard du contexte nouveau de relation entre l'Europe et l'Afrique et les enjeux futurs qui pointent à l'horizon, il est apparu nécessaire pour ces têtes pensantes de réfléchir sur le nouveau mécanisme de partenariat qui puisse bénéficier à toutes les parties.
Des failles dans le partenariat entre l'Europe et l'Afrique
Pierre Dagbo Godé relevant les distorsions qui ont toujours régné dans le cadre du partenariat avec l'Europe, a fait remarquer que ''le temps est venu de corriger les insuffisances''. Une volonté qui selon lui, doit se manifester à travers la lutte contre la pauvreté. Mais, cette lutte pour Jean Louis Billon, Président de la Chambre de commerce et d'industrie de Côte d'Ivoire ne saurait se faire sans des fondements de base. A savoir que ''nous devons corriger un certain nombre de choses dans l'ensemble des pays africains et qu'on ait un environnement propice à l'entreprise''. Pour bénéficier des retombées du partenariat Europe-Afrique, Jean Louis Billon propose que les Etats africains fassent les leurs. A savoir : avoir une juridiction stable, disposer d'un environnement économique et social stable, améliorer les infrastructures. Ainsi, pour Charles Josselin, l'Afrique et l'Europe ont des problèmes communs. Toutefois, il fait remarquer que, pour faire fonctionner le partenariat, il faut une Europe cohérente. Quant à l'Afrique, l'ancien ministre français délégué à la coopération et à la Francophonie souhaite une bonne applicabilité de la bonne gouvernance, de même que l'éthique et la transparence. Mieux, que la société sache ce qu'on donne, et à qui on donne. Allusion faite à l'utilisation du budget de l'Etat. A l'Europe, Charles Josselin souhaite aussi une large ouverture. C'est d'ailleurs le cri de c?ur de Moustapha Niasse qui a apporté une critique acerbe. Il ne comprend pas pourquoi ''nous parlons tous la même langue officielle qu'est le français et qu'on refuse à des peuples de vivre en Europe''. Pour lui, c'est aberrant qu'un Africain qui part en Europe soit appelé ''immigrant'', nom attribué à des cigognes, c'est-à-dire des animaux aviaires. Charles Diby Koffi, ministre de l'Economie et des Finances, représentant le chef de l'Etat, à la clôture des travaux du premier forum d'Abidjan a renchéri à ce sujet, précisant que ''si nous parlons la même langue, nous souhaitons être intégrés''. Un plaidoyer qui en dit long sur le partenariat entre l'Europe et l'Afrique. Des actes qui démontrent que ce partenariat présente effectivement des failles qu'il faut corriger dès maintenant. Heureusement que le forum d'Abidjan ne sera pas le dernier. Mais, déjà, les participants sont partis satisfaits dans la mesure où cette première rencontre internationale leur a permis d'élargir les champs de réflexion sur la question du partenariat entre l'Europe et l'Afrique.
Honoré Kouassi