mercredi 16 mai 2007 par L'intelligent d'Abidjan

Al Moustapha entre en scène. Il doit animer une conférence de presse pour soutenir Henri Amouzou, tandis que les syndicalistes producteurs comptent ce jour prendre possession des locaux du Fdpcc. La solution de délocalisation des bureaux de l'administrateur provisoire n'ayant pas reçu l'assentiment de tous. A côté de la guerre des ondes, dans les médias et de la mobilisation dans la rue, la bataille judiciaire et administrative se poursuit. Ainsi les avocats du Fdpcc ont introduit lundi 14 mai 2007, une défense de sursis à l'exécution de l'ordonnance litigieuse pour cause de trouble à l'ordre public. Dans l'attente donc, d'un jugement dans le fond, le Fdpcc, cite l'article 228 in fine du code de procédure l'article qui dispose : "Lorsque l'exécution d'une ordonnance de référé est de nature à porter attente à l'ordre public, notamment économique et social, le ministère public peut requérir la suspension de ladite ordonnance jusqu'à ce qu'il soit définitivement statué sur le recours intenté contre cette ordonnance". Et les avocats de prévenir : "Depuis le samedi jusqu'à ce jour, on dénombre devant le siège du Fdpcc plus de 2000 producteurs qui font le sit-in pour protester contre l'installation de l'administrateur provisoire ; ce mouvement entend se généraliser à tout le pays qui manifestement, entraînera des véritables troubles à l'ordre public". Cela n'a semble-t-il pas eu d'effet sur les adversaires d'Henri Amouzou, qui après avoir reculé devant la mobilisation hier des partisans d'Amouzou, comptent revenir à la charge avec un plus gros contingent de forces de l'ordre. Au sujet des réquisitions du parquet qui étaient favorables au Fdpcc, la partie adverse estime que le juge est libre et indépendant. Sur le plan administratif et politique, le Fdpcc a les regards tournés vers le chef de l'Etat : "Il parait qu'il a refusé de signer le projet de décret qui proroge le mandat des dirigeants du Fdpcc. Mais qu'il entérine, qu'il décide, et on aura la paix, quel que soit ce qu'il dira", explique-t-on. Pendant ce temps, l'affaire glisse sur le terrain politique avec des arguments de ce genre : " Ce n'est pas Amouzou, mais la refondation que vise le rapport de l'Union européenne, qui veut saboter le dialogue direct. Ils vont d'abord casser le Fdpcc, ensuite couper la tête à Amouzou, celles des responsables du Frc, de l'Arcc, de la Bcc, du Fgccc et bien entendu tous ceux qui ont pillé et reçu des prêts qu'ils n'ont jamais remboursés. Enfin ce sera autour du président Gbagbo et des responsables étatiques, coupables malgré le principe de vigilance et les procédures de contrôle, de n'avoir pas pu empêcher la mal gouvernance dans la filière café-cacao. Voici les vrais enjeux de l'opération hold-up sur Amouzou dont le départ est le début d'une opération manu pulite qui n'épargnera personne, mais qui est difficilement réalisable dans un pays où on vient d'amnistier des ex-rebelles et où l'impunité et l'enrichissement rapides sont des sports favoris?. L'affaire est si sérieuse qu'en marge de son séjour rapide à Abengourou, le chef de l'Etat l'aurait abordée avec Sansan Kouakou et d'autres acteurs sans qu'une solution aient été trouvée, pour faire baisser la tension. Entre temps la guerre continue et fait rage les partis adversaires d'Amouzou de brandir un sms qu'ils attribuent au président du Fdpcc ou à ses partisans?. Le sms est le suivant : "Sauf revirement spectaculaire de dernière heure le gouvernement de Côte d'Ivoire :
-usera de violence ce matin (Ndlr hier mardi) pour installer un administrateur au Fdpcc
-lancera des poursuites pénales et procédera à l'arrestation de Henri Amouzou (tout est fin prêt au niveau du palais de justice d'Abidjan). Cette cabale politico-juridico-tribale vise quatre objectifs essentiels à savoir :
1- Satisfaire les conditionnalités édictées par l'Union européenne pour espérer une reprise de la coopération financière .
2- Faire main basse définitivement sur l'épargne des producteurs.
3- Humilier et réduire au silence Henri Amouzou, briser sa côte de popularité auprès des producteurs ou tout au moins obtenir son allégeance avant l'élection présidentielle.
4- Confier l'administration et la gestion du Fdpcc à des ressortissants de l'Ouest ou tout au moins à des refondateurs dociles ou reconnus comme tels".
Dommage que l'affaire tombe à ce niveau. Mais personne dans l'entourage d'Henri Amouzou ne revendique un tel message. Au contraire, lui-même l'aurait reçu comme tant d'autres personnes vers 5h 00 du matin. Ce message est le énième et il s'ajoute à plusieurs autres qui font état de menaces de mort et qui lui enjoignent de ne rien faire contre une décision de la justice, rendue conformément à la volonté du président de la République. Dans cette affaire juridico-administrative et politique, il convient de trancher, à moins que l'accalmie politique précaire actuelle ne plaise à certaines personnes, qui aiment ou voir toujours sentir les choses en ébullition. Et pourtant le diable est dans les détails, dans les petites choses. Les temps de paix et de calme sont plus trompeurs et dangereux que les périodes de braise, de guerre et de tension.
Ismaël Dembélé

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023