mardi 15 mai 2007 par Le Temps

Les partis de l'opposition se trouvent dans l'impasse. Et cela inquiète leurs militants.

Le PDCI-RDA : Un parti émietté avant les élections

Quel visage présentera le PDCI de Henri Konan Bédié face à ses adversaires, dans les futures batailles électorales ? La question est d`importance, eu égard aux difficultés (que les dirigeants cachent aux militants) qui minent cette formation politique. Malgré les sorties fracassantes des sophistes du parti dans la presse, la crise est réelle. Tous les jours que Dieu fait, les dissidences se multiplient. Par vagues successives, les militants qui ne veulent plus des discours démagogiques de leur président, se déversent de plus en plus dans les autres partis politiques. Le FPI de Pascal Affi N`guessan vient tout récemment d``accueillir plus d`un millier de militants issus du plus vieux parti. Outre ces départs massifs, il faut noter les nombreuses dissidences et la création de courant de pensée à l`intérieur du PDCI. Le Rassemblement pour la paix (RPP), dirigé de mains de maître par Laurent Dona Fologo, est une structure sortie des entrailles de ce parti politique. On y retrouve des dinosaures comme Ouattara Gnonzié, Ahoua N'Guetta, etc. Au moment où l`on pensait à la fin de la saignée, il se signalait la création d`un autre groupe de frondeurs conduit par Sery Gnoleba, Denis Bra Kanon, Auguste Débrey et Lokrou Vincent. Tous ces anciens ministres d`Houphouët-Boigny et actuels membres du Grand Conseil du PDCI se sont illustrés de fort belle manière en prenant carrément fait et cause pour la République. Malmenés par Bédié et ses hommes, ils ont voulu prendre du recul. Vont-ils partir du PDCI ou non ? Pour le moment, ils gardent leur décision au secret et attendent de se prononcer un jour, sur la question. Mais, en attendant, leur silence trouble le sommeil du PDCI. Un autre groupe s`est fait entendre tout récemment en mettant en place un courant de pensée, dénommé " PDCI nouvelle vision ". Ce groupe, piloté par Emile Constant Bombet et Yéo Tchobon est actuellement en train de donner des sueurs froides à Bédié. Tous les deux, membres du bureau politique, les responsables de " PDCI nouvelle vision " ne semblent pas prêts à revenir sur leur décision. La dissidence s`étend également à l`Assemblée nationale où certains députés PDCI n`ont pas hésité à créer un autre Groupe parlementaire en dépit de celui qui existe déjà et dont le président est Edjampan Tiémélé. Ce Groupe parlementaire est l`affaire de Dagnogo Drissa et de Djibo Aya Martine. Ayant très tôt compris que le PDCI ne faisait plus l`affaire des Ivoiriens, cette dame n`a pas hésité à créer son propre parti politique. Malgré les injures à eux lancées par les Bédiéistes, ils sont restés imperturbables et ont continué le combat. Dépuis, ces députés sont dans leurs petits coins et regardent les choses venir. Comme cela se voit, c`est un PDCI complètement phagocyté par les dissidences qui va affronter, dans les mois à venir, les compétions électorales face à un Laurent Gbagbo dont la côte de popularité ne fait que grimper et autour de qui l`on tisse de plus en plus la toile de l`unité.

Pierre Legrand
legrand07539420@yahoo.fr


Le RDR vers l`implosion

Le Rassemblement des "républicains" est bien partie pour faire piètre figure dans les compétitions électorales à venir. La contestation au sein de cette formation se fait de plus en plus sentir. En clair, le RDR est sur le point de connaître une véritable déchirure. Un grand nombre de cadres républicains, ayant pris la mesure de leur président, ont décidé de créer leur " courant ". Et ils auraient, selon des informations concordantes, choisi Zémogo Fofana, l`actuel président du Conseil général de Boundiali, comme leur leader. Ce qui est reproché à l`actuel président du RDR, c`est son acharnement à se considérer comme " l`unique candidat " de son parti. Les cadres dissidents, après moult réflexions, en sont arrivés à la conclusion qu`avec Alassane Ouattara comme candidat, leur parti n`a aucune chance de jouer les premiers rôles en Côte d`Ivoire. Pis, le RDR va finir par entrer dans l`anonymat. D`ailleurs, les créateurs de ce courant se sont donnés rendez-vous le samedi dernier, dans un Hôtel de la place. Afin de mettre en place un cadre de réflexion, dont le but est de mobiliser et de redynamiser le parti. Nous avons joint, hier, les initiateurs de ce fameux courant pour en savoir plus. Ils soutiennent que leur parti se meurt et qu`ils ne peuvent rester les bras croisés, sans rien faire. " La mobilisation n`est plus la même sur le terrain. Il fallait chercher les voies et moyens pour remettre le parti sur les rails ", ont-ils indiqué. Les farouches partisans d`Alassane Ouattara voient d`un mauvais ?il la création de ce courant. Amadou Gon Coulibaly, Secrétaire général adjoint, homme de main d`Alassane Ouattara, sort de son silence. Il dénonce l`illégalité de la création de ce courant, estimant que cela ne cadre pas avec les textes des " républicains ". Selon Adama Bictogo, Odjé Tiacoré, Attéby Dago Robert et ses camarades, les affirmations de Gon Coulibaly ne tiennent pas. Dans la mesure où aucune disposition du règlement intérieur du parti n`interdit cela. Pendant que les initiateurs de ce courant étaient en train de réfléchir, ils ont été interrompus par Youssouf Sylla, Kandia Camara Virginie Touré, Honoré Séa, Amy Tougara, Anne Oulotto et les s?urs d`Alassane (des inconditionnels de Ouattara). Ces derniers estimaient qu`il était dangereux de créer un courant. " S`il s`agit, a tenu à préciser Kandia Camara, de réunir des gens qui vont venir récriminer et se plaindre, nous disons non. Car ce serait de la déviation ". Comme si cela ne suffisaits pas, ils ont recouru aux menaces. " Si vous insistez, ont averti les inconditionnels de Ouattara, vous allez connaître la déception. Certains aînés avant vous comme Adama Coulibaly, Nibi Zana ont connu la même déception. Car au moment décisif, ils se sont retrouvés seuls. Ne créez pas de courant ". A vrai dire, on a frôlé la bagarre généralisée. Mais les initiateurs du courant n`ont pas voulu démordre. Et, séance tenante, ils ont mis sur pied leur cadre de réflexion. Ils ont tenu à aller jusqu`au bout parce qu`ils estiment qu`ils faut mettre fin à certaines pratiques qui ont cours au niveau de la direction du RDR. En plus du copinage, le caractère " tribaliste " du parti est mis en exergue. " Il y a, a indiqué l`un des dissidents, un petit groupe de copains autour du président, qui ne foutent rien. Ils briment systématiquement tous ceux qui osent s`opposer à eux. Le RDR ne mène aucune politique d`ouverture en direction des autres communautés ethniques. Et se contente de prêcher en direction des populations du Nord ". Des militants de cette formation ont commencé à quitter le parti. Dans les zones ex-assiégées, ils ont pris fait et cause pour l'actuel Premier ministre. Ils voient déjà en lui comme leur leader. Ils en veulent pour preuve durant la crise, ce dernier était à leurs petits soins, alors que le sieur Alassane Ouattara était aux abonnés absents. Aujourd`hui, la jeunesse des Forces nouvelles est dirigée par Adama Koné, ancien militant du RDR. Des cadres qui, comme lui, ont accepté de rester au RDR malgré leur accointance avec les Forces nouvelles, sont considérés comme des espions de Guillaume Soro au sein du parti. En conséquence, ils sont mis en quarantaine. Le maire actuel de Ferké, qui vient de la même région que Soro, est combattu au sein du RDR. Les responsables de ce parti pensent qu`il est l`espion des Forces nouvelles en leur sein. Il en est de même pour Adama Bictogo. Il est accusé d'être un homme de main de Guillaume Soro. D`ailleurs, pendant son exil, il n`a reçu aucune aide de son parti. Le parti d`Alassane Ouattara va vers l`implosion. Et cela ne fait aucun doute.
Yacouba Gbané
yacou06336510@yahoo.fr

UDPCI : Mabri Toikeusse et la menace Noutoua Youdé

La mort du général Robert Guéi a laissé des stigmates difficiles à couvrir. Son parti, l`Union pour la démocratie et la paix en Côte d`Ivoire (UDPCI), que dirige actuellement le docteur Albert Mabri Toikeusse, n`est pas encore sorti de l`auberge. Des divergences profondes continuent de traverser ce parti. Le départ, par vagues successives, de nombreux cadres vers d`autres cieux, - Mme Bony Claverie a créé l`Union républicaine pour la Démocratie, Eric Kahé Plouhourou l`AIRD, tandis que Gilbert Bleu Lainé n`a plus ses ardeurs du début. La liste n`est pas exhaustive - n`a pas suffi à ramener le calme au sein du parti cher à celui qu`on appelait " l`ermite de Gouessesso ", du fait de son auto balkanisation, après sa débâcle à l`élection qui a vu la victoire de Laurent Gbagbo. Face à ce tumulte synonyme d`immaturité politique, Albert Mabri Toikeusse jette tout son dévolu sur le G7 dans lequel il n`hésite quasiment pas à fondre les idéaux de son parti. Certains cadres, restés fidèles, ont cru devoir attendre l`accalmie, pour espérer se hisser à des postes de responsabilités. Mais la tempête ne passera pas. Bien au contraire, d`autres houles viendront s`ajouter aux spasmes. L`avènement d`un nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre Guillaume Soro s`inscrit, pour le moins qu`on puisse dire, dans ce chapitre. De fait, alors qu`il était censé être porteur d`un vent de repositionnement de certains cadres de ce parti, l`actuel gouvernement va être une source supplémentaire d`ennuis pour le Docteur Mabri Toikeusse. Le président de l`UDPCI est actuellement accusé par ses détracteurs, de ne penser qu`à lui seul. Au rang de ceux-ci, figure en bonne place le président du groupe parlementaire. Cela dépasse désormais le cadre des faits divers auxquels ce parti a habitué les Ivoiriens. M. Noutoua Youdé, pour de nombreux observateurs, aurait été approché par le Premier ministre Guillaume Soro, pour être à la tête d`un ministère dans l`actuel gouvernement. Ce qui aurait eu pour effet de donner à ce parti un second portefeuille ministériel avec pour conséquence immédiate, un poids dans la configuration politique actuelle. Mais cet élément additionnel ne viendra pas. Au décompte final, le troisième groupe parlementaire de l`hémicycle se retrouve avec un seul portefeuille ministériel dont est titulaire le président Mabri Toikeusse. " Encore et toujours lui". Au sein du parti, des voix se font de plus en plus audibles. Une certaine sympathie est née autour de la personne du président du groupe parlementaire Noutoua Youdé. Ce dernier a pris la mouche. Selon des indiscrétions M. Youdé se verrait dans le rôle d`une pièce de rechange, en vue de booster le parti à l`occasion des joutes électorales. Le sommeil du président Mabri se verrait troubler rien qu`en pensant à une telle éventualité qui ferait de lui un chef contesté. Une image qu`il s`est toujours défendu d`avoir face à ses alliés au sein du G7 et du RHDP. Une situation qui, sans conteste, l`affaiblirait et affaiblirait le parti qu`il dirige, dans la course au pouvoir. C`est prouvé. Un parti politique ne peut prétendre au pouvoir d`Etat que si et seulement si, ce parti fait preuve de cohésion et de solidarité. Ce qui n`est pas le cas, pour le moment, de l`Union pour la démocratie et la paix du Docteur Albert Mabri Toikeusse.

Simplice Allard

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