mardi 15 mai 2007 par Le Temps

La défaite de l'opposition ivoirienne face à Laurent Gbagbo, le Président de la République, candidat putatif à sa propre succession à la tête de la Côte d'Ivoire, se dessine sous nos yeux experts. C'est vrai que la politique donne souvent à penser qu'elle n'est pas une science exacte. A preuve, l'échec inattendu du socialiste français Jospin, au premier tour, devant Chirac alors qu'aucun sondage ne l'avait prévu). Mais il y a des données empiriques qui permettent de conclure que l'existence, de façon récurrente, de certains paramètres ou variables, aboutit à des résultats qui dans 90% de cas, ne sont pas loin de la réalité. L'opposition malienne ou sénégalaise, pour ne prendre que ces exemples, parties en rangs dispersés face à ATT et Abdoulaye Wade (Présidents sortants) n'a eu que ses yeux pour pleurer son échec.
Que d'agir à hue et à dia, ces opposants auraient pu, en toute responsabilité et lucidité, mettre à plat les problèmes internes et tenté de les résoudre. A tout le moins, s'accorder sur un modus vivendi.
Comme frappée par cette même tare, l'opposition ivoirienne est en train de chausser les mêmes bottes que celle qui s'est brûlé les ailes, ailleurs. La peur de la rupture et la fausse conviction de déplacer les problèmes au lieu de les régler, sont là, des pratiques qui font en elles-mêmes, le lit de la victoire prochaine de Gbagbo à l'élection présidentielle.
Pensant prospérer durablement dans une situation de ni paix et de ni guerre, consécutive à une crise militaro civile dans laquelle elle n'a fait que tirer les marrons du feu, cette opposition civile a oublié de se comporter comme entité politique propre. Recroquevillé sur leurs bases électorales naturelles, non assiégées par l'ex-rébellion, les partis de Bédié et d'Alassane Ouattara n'ont pas su tirer partie de leur collusion d'avec les ex- rebelles, suite aux Accords de Marcoussis. Pour plaire à leurs maîtres de l'Hexagone, ils ont passé le clair de leur temps à se dresser contre le pouvoir et ceux qui défendaient le pays contre l'agression des rebelles. Ils ne manquaient aucune interview pour proclamer leur majorité sociologique sur le terrain, tout en affirmant que le " régime FPI " est " minoritaire ", " isolé ", raison pour laquelle " le Président Gbagbo ne veut pas de la tenue des élections en Côte d'Ivoire ". Discours charmeur qui au-delà de la terre éburnéenne, a longtemps fait mouche. Mais, la réalité du terrain, seul critère déterminant dans le rejet ou l'acceptation d'un candidat par les électeurs, préoccupait peu les adversaires de Gbagbo, arc-boutés sur des épiphénomènes (" Chirac ou l'ONU va enlever Gbagbo du pouvoir pour nous installer ") : L'Irak, l'Haïti étaient perçus par ces opposants, comme des cas d'école, susceptibles de prospérer en Côte d'Ivoire.
Ces "opposants de salon", n'ont pas compté avec la maestria politique de l' " enfant des élections ". Ils ont joué avec le court terme, là où le temps, l'autre nom de Dieu, se donne le temps de son étirement en longueur, et permet ainsi de craqueler le vernis qui recouvrait le visage hideux des imposteurs encagoulés. Ces derniers, lâchés aujourd'hui, par Guillaume Soro devenu Premier ministre de Gbagbo et soucieux de reconstruire le tissu social qu'il a auparavant déchiré, doivent faire face aux pulsations internes qu'ils n'arrivent pas à étouffer au sein de leurs partis respectifs.
Que Bédié s'enferme dans sa logique suicidaire de ne pas organiser le congrès de son parti, cela fait plus du mal à cette formation qu'au parti au pouvoir. Que le RDR étouffe d'une main de fer, toute critique en son sein, et la naissance de courants, n'est rien d'autre que mettre du plâtre sur une plaie purulente dont on veut arrêter l'écoulement du pus, au fronton des " Républicains ". Pas aisé désormais pour Mabri Abdallah ou Albert, de se servir de la mort du Général Guéi comme fonds de commerce politique à l'Ouest. Car, le fils Guéi, devenu conseiller du Président de la République, n'est pas prêt à tolérer ce genre d'abus et d'exploitation politique. Que Anaki fasse un " nettoyage à sec " dans son parti, après avoir évincé toutes les têtes fortes qui lui sont opposées, n'est que vaine mesure dissuasive. En tout cas, le ver est dans le fruit de l'opposition, surprise de la survenue prochaine de l'élection alors qu'elle n'a pas eu le temps de travailler à une stratégie de conquête du pouvoir sur le terrain. Le PDCI s'étant éclipsé au profit du RHDP et du G7, il a du mal aujourd'hui, à exister en dehors d'une alliance contre nature scellée dans la haine. Pareil pour ses autres alliés. L'erreur du RHDP sonne le glas de sa carrière.

Douh-L.Patrice
pdouh@yahoo.fr

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