mardi 15 mai 2007 par Le Temps

Le Mouvement des Forces d'Avenir (MFA) de Innocent Anaky Kobénan, c'est un euphémisme, traverse une crise que des politologues inscriraient au chapitre de crise de croissance. Et pour cause ! C'est la première fois, depuis sa création, que le MFA vit des secousses de cette amplitude. Et si le fondateur, Anaky Kobénan n'y prend garde, il se verrait emporter par sa propre créature. Tant les ambitions s'entrechoquent au sein de son parti, depuis que chaque militant se voit dans la peau d'un ministrable. Comme tout petit parti politique face à l'appât de portefeuilles ministériels, le MFA devra assumer sa part entière de responsabilité historique. Accepter que des cadres autres que le président fondateur soient promus aux postes ministériels, laisser fleurir les chocs d'idées qui sont, dans bien de cas, sources de maturité ou alors, fermer la porte aux contradictions et faire face aux conflits internes qui ne manqueront pas, comme c'est le cas en ce moment. Telle est la responsabilité devant laquelle se trouve Innocent Anaky Kobénan. Apparemment, la première option se révèle comme de la mer à boire pour le premier responsable de ce parti qui a plutôt décidé de se mettre à dos, certaines têtes fortes. Bien que s'étant opposé à toute émulation, Anaky s'est vu contrarier par ceux qui ont le pouvoir de proposer des ministrables. D'abord, Banny ensuite Guillaume Soro. A la formation du deuxième gouvernement Banny tout comme à celle de Guillaume Soro, Innocent Anaky Kobénan sera royalement ignoré. Dégommé et remplacé par Joël N'Guessan ensuite par Mme Bamba Hamza, Anaky Kobénan a vu son influence sur le parti qu'il a créé, considérablement diminuée. Première conséquence. Pour asseoir son emprise et se donner les coudées franches dans le guerre de leadership, Joël N'Guessan place Stéphan Kipré à la tête de la jeunesse du parti en remplacement de Kpanhi Siméon, resté fidèle au président du parti et pourvoit l'organisation des femmes, dirigée en son temps, par Mme Bamba Hamza, en moyens financiers conséquents. Son passage au ministère des Droits de l'Homme lui a donné des airs de champion et il n'hésite plus à brocarder " amicalement " Anaky, quand l'occasion se présente à lui. Des mauvaises langues lui attribuent les attaques en règles et la motion de destitution du président du parti. En réaction, Anaky Kobénan confirme qu'il reste et demeure le seul président du MFA. Il feint d'ignorer Stéphane Kipré, destitue au passage Joël N'Guessan et tous ceux qui lui sont proches, n'oublie pas de caresser dans le sens du poil la ministre Bamba Hamza avec qui il entretient des relations " militantes " et confirme Kpanhi Siméon au poste de responsable des jeunes du parti. Ce désamour entre le président Anaky et son numéro deux, Joël N'Guessan, n'a fait qu'affaiblir le MFA. Face au péril des ambitions nées de l'attribution des portefeuilles ministériels, le parti cher à Innocent Anaky Kobénan peut-il sérieusement jouer le rôle de Forces d'Avenir qu'il prétend être et tenir la dragée haute au Président Laurent Gbagbo à la future élection présidentielle ? Pas vraiment.

S. Allard

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