mardi 15 mai 2007 par Nord-Sud

Voici l'Alliance pour la démocratie et les libertés, le parti de Zémogo Fofana. Il est sorti des entrailles du Rdr. En attendant la sortie officielle de cette formation politique, Nord- Sud Quotidien vous présente en exclusivité l'Adl, et le pedigree de chacun de ses dirigeants.

Il a sauté du navire d'Alassane Ouattara. Avec lui d'autres cadres comme Jean Jacques Béchio, El Hadj Bamba Souhalio, Amidou Sylla ont embarqué dans un autre bâtiment pour une nouvelle aventure politique. L'ancien ministre de l'Enseignement supérieur et secrétaire national aux relations extérieures du Rdr, Zémogo Fofana, (c'est de lui qu'il s'agit) vient de créer son parti. A la tête d'un groupe de cadres du Rassemblement des républicains, il a mis sous les fonts baptismaux l'Alliance pour la Démocratie et les libertés (Adl). A l'origine, l'Adl était une organisation non gouvernementale. Bamba Souhalio en était le président et Patrice Guéhi, l'ancien directeur du quotidien Dna avait en charge le secrétariat général. Atteby Dago Robert en assurait la trésorerie. Tous ces hommes se retrouvent aux côtés de Zémogo pour donner forme à son projet politique. Les statuts de l'Ong ont été modifiés pour les besoins de la cause afin d'en faire un parti politique. Cette subtilité administrative leur permet d'éviter la période probatoire de trois mois exigible par le ministère de l'Intérieur avant l'entrée en activité.

A en croire certaines sources, la rupture remonte à quatre ans. En mission à Bamako, au Mali, le secrétaire national aux relations extérieures du Rdr, et Bamba Souhalio, le président de l'Ong Adl, ont fait un violent réquisitoire contre la direction de leur parti. Ils auraient dénoncé l'immobilisme et le favoritisme au sein du Rassemblement des républicains. Les premiers responsables ont été informés de cette sortie et ont laissé s'exprimer ce courant, le muselant presque.

Zémogo, l'un des premiers députés du Pdci ralliés à la cause d'Alassane Ouattara s'en vaL'information n'est pas encore officielle mais ses proches s'activent pour la sortie de cette nouvelle formation politique. En rupture de ban avec sa direction, il quitte son parti pour un nouveau challenge. Selon l'organigramme de la Direction de l'Adl, il assurera la présidence de ce parti. Au Rdr, Zémogo passe pour Iznogoud?, le serviteur qui voulait être calife à la place du calife. A droite, dit-on, C'est un homme capable de tous les compromis et de toutes les compromissions . A gauche, au Front populaire ivoirien, c'est un modéré. Il existerait, croit-on au Rdr, un pont entre Mme Simone Gbagbo et lui. Bien plus, ses relations avec Laurent Gbagbo seraient au beau fixe. Vrai ou faux ? En tout cas après Marcoussis et les arrangements d'Accra, le chef de l'Etat avait décidé de confier de façon intérimaire le ministère de la Défense à Assoa Adou et la sécurité à Zémogo Fofana. Des sources proches du député, cette liberté qu'il s'est permise marque les premières notes du désapparentement avec la direction de son parti. Jugé à tort ou à raison proche du camp présidentiel. Il perdit dès cet instant la confiance des gardiens du temple républicain.

En 2002, avant le 19 septembre, il avait, malgré le mot d'ordre de son parti, refusé de quitter l'équipe de Seydou Diarra I après les premiers couacs du gouvernement de réconciliation nationale. Quand la Côte d'Ivoire devait se choisir un nouveau Premier ministre à la fin du magister du Premier ministre Diarra, il avait mené de façon solitaire une opération de charme pour succéder au diplomate. Elle a vite tourné court, ouvrant un nouveau front avec les proches d'Alassane Ouattara. A la vérité, cette initiative n'avait pas eu la caution de la direction de son parti. Déjà Zémogo, le député de Boundiali faisait ses valises

Les autres visages de l'ADL

Un autre proche du président du RDR a lui aussi basculé dans la dissidence : Jean Jacques Béchio. C'est à lui que reviennent les rênes du secrétariat général de l'Adl. Ce dernier n'est pas un inconnu du marigot politique. Ancien ministre de la Fonction publique sous Félix Houphouet-Boigny, jeune loup du PDCI longtemps raillée pour sa fameuse boutade (C'est moi qui vous paye ) lancée aux agents de l'Etat, il est lui aussi en disgrâce auprès de la direction du Rdr qu'il a rallié après le coup d'Etat de 1999. Malheureusement la greffe n'a pas pris. Il y a peu, il a flirté avec le sergent-chef Ibrahim Coulibaly, l'ancien chef militaire des Forces nouvelles. En exil à Dakar après le déclenchement de la crise politico-militaire le 19 septembre, Béchio a, au fil de cette longue absence hors du pays, développé des atomes crochus avec l'ancien ministre de l'Enseignement supérieur.

Béchio était l'un des tenants de la ligne dure du Rdr. Il a toujours dénoncé la mollesse et l'incompétence des premiers responsables du Rassemblement des Républicains. Il estime qu'il est plus outillé que d'autres pour occuper de hautes fonctions à la direction de son parti. Sous la junte militaire de Robert Guéi, il a été victime du complot de la cabine téléphonique?. Les forces de l'ordre avaient perquisitionné son domicile et trouvé des fusils de collection présentés à la télévision nationale comme un arsenal de guerre. Ces accusations l'avaient éloigné quelque peu de la scène politique.

Oulaï Mahoua Philomène. C'est l'une des égéries du Rassemblement des femmes républicaines. Elle est désormais la présidente des femmes de l'Adl. Elle avait été nommée membre du conseil politique du RDR à l'issue du bureau politique qui s'est réuni les 4 et 5 mars 2006 à Abidjan sous la présidence effective du Premier ministre Alassane Dramane Ouattara, président de ce parti.

Selon des sources proches du Rfr, elle a eu un commerce difficile avec la présidente de cette structure, Kandia Camara. Elle aurait dénoncé à plusieurs reprises l'ostracisme dont seraient victimes certains cadres non nordistes. Le dernier congrès du Rfr qui a vu la victoire de Touré Virginie aura précipité son départ. Candidate malheureuse aux élections des femmes républicaines, elle a dénoncé les irrégularités du scrutin, la fraude organisée pour faire gagner la candidate de Kandia Camara .

Konan Yves. Vice-président du Rassemblement des jeunes républicains, il est désormais le président des jeunes de l'Adl. Candidat malheureux aux dernières élections du Rjr , il n'a jamais eu le soutien des gros bonnets du Rdr dans sa volonté de diriger la structure des jeunes.

Ali Keita. Ancien journaliste à La Voie , il a été membre des instances dirigeantes du Fpi. Il s'est retrouvé au Rdr après avoir quitté le Nouvel Horizon, la société éditrice du journal du Front populaire ivoirien à l'issue d'un profond différend avec Raphael Lakpé, l'ancien directeur du canard défunt. Au Rdr, il a alors rejoint la cellule de communication dirigée par Aly Coulibaly. En 1999, Ali Keita a remplacé ce dernier alors en prison sous le régime Bédié avec bien d'autres cadres de ce parti. Après le déclenchement de la crise politico-militaire en 2002, il avait été arrêté et conduit à la Maison d'arrêt et de correction d'où il sortira après plus de six mois d'incarcération. Il s'est exilé depuis lors aux Etats-Unis. Partisan de l'aile dure au RDR, beaucoup de cadres voyaient cependant en lui un agent double.

Amidou Sylla. L'ancien maire d'Anyama est l'agent recruteur de l'Adl. Il est chargé, dit-on, de démarcher tous les frustrés et bannis du Rdr, tous ceux qui ont quelque chose à reprocher aux premiers responsables de ce parti. Quelle sera l'attitude d'ADO face à ces départs. Seront-ils diabolisés ou le président du Rdr tentera t-il le rapprochement.

Assoumane Bamba

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