Chants, danses au son du tam-tam parleur "Kiniampli", paroles des chefs du canton dans l'Indénié sans oublier celle de sa majesté Boa Kouassi III, les Komians, tout le décor qui fait la fierté du peuple Indénian était réuni le samedi 12 mai à la cour royale rénovée. Que les fils et filles de la région ont décidé d'inaugurer avec leurs illustres invités, Laurent Gbagbo, chef de l'Etat, Djédjé Mady Secrétaire général du PDCI, Henriette Diabaté Secrétaire général du RDR, Francis Wodié, président du PIT, tous à la tête de fortes délégations de leur parti respectif. A cette occasion, sa majesté Nanan Boa Kouassi III, roi de l'Indénié a livré un message à travers l'un de ses notables Nanan Kouakou Hilaire, chef d'Ebilassokro. Ci-dessous le message du roi.
() L'Indénié et son roi sont heureux de vous accueillir aujourd'hui pour inaugurer avec nous leur palais royal rénové, la nouvelle maison commune. Nous tenons particulièrement à remercier tous ceux qui ont fait le déplacement. Les personnalités politiques, les Rois et Chefs traditionnels les nombreuses contrées de notre pays, les fils et les filles de l'Indénié. M. le Président de la République, nous ne pouvons commencer notre propos sans avoir une attention toute particulière à votre égard et ce à plusieurs titres. En effet, nous avons eu la chance de vous recevoir à Abengourou environ chaque année depuis votre prise de fonction. En plus, nous sommes particulièrement touchés par votre attention et votre considération pour l'autorité traditionnelle en général et aussi particulièrement pour le royaume de l'Indénié. Nous sommes aussi touchés par la considération que vous avez pour notre modeste personne, la considération qu'un chef d'Etat d'un grand pays africain, comme vous a pour le Roi d'un royaume de la République. Nous sommes sincèrement heureux de vous avoir parmi nous. Nous savons que votre charge de travail est importante et que vos occupations sont nombreuses. Mais, nous savons aussi qu'en plus de tout vous avez une grande considération pour les hommes et que vous avez votre mandat sur le respect et la proximité envers notre population. Ce palais est le vôtre, M. le président, car grâce à vous nous avons réussi à construire cette ?uvre qui fera la fierté de notre pays. Nous aimerions aussi saluer la présence des ambassadeurs et des missions diplomatiques. Nous apprécions énormément que vous vous intéressiez à la culture de notre pays et que vous vous soyez déplacés pour assister à cette cérémonie traditionnelle. Le royaume de l'Indénié n'est pas connu à l'échelle planétaire. Mais grâce à votre présence parmi nous, lorsque vous regagneriez vos pays respectifs vous pourriez parler, nous le souhaitons, de notre pays, de ses traditions, de sa spécificité et, nous l'espérons, de notre royaume et de son palais rénové. Nous ne pouvions pas commencer ce discours sans penser à tous ceux qui nous soutiennent au quotidien. Ce sont les enfants de l'Indénié, les personnes qui nous ont pris en affection et qui sont sensibles à notre cause. A tous, nous leur disons merci du fond du c?ur. Nous avons pu, grâce à votre aide et votre soutien réussir à rénover notre palais royal, notre maison commune. Cette maison avait été construite par nos pères à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle. Elle n'était plus adaptée à nos besoins du 21ème siècle. Il était impératif de l'agrandir, de la rendre plus confortable, de la moderniser tout comme la vie dans nos compagnes doit être modernisée. Nous ne devons pas nous enfermer sur nos traditions. Comme toute chose, elles doivent évoluer avec le temps. Elles doivent s'adapter avec le monde d'aujourd'hui. Nous ne disons pas qu'elles ne servent à rien, bien au contraire. Elles nous permettent de dire chaque jour et de découvrir ce royaume dont nous sommes fiers. Nous sommes fiers de l'existence de notre tam-tam parleur qui guide nos pas chaque jour. Nous sommes fiers de notre organisation qui nous permet d'organiser la vie dans les contrées les plus éloignées de l'Indénié. Nous sommes fiers de notre mode de règlement de litige qui nous permet de conserver une paix sociale et d'avoir une bonne qualité de vie dans notre royaume. Nous sommes fiers de cet esprit de concertation, de dialogue. Nous sommes fiers de l'importance que nous donnons aux femmes et de leur rôle important de la gestion de notre royaume. Mais comme nous l'avons toujours dit, il est important que nous sortions de la tradition orale. Il est important que nos us et nos coutumes soient écrits. L'oralité a vécu son temps. L'écriture et les livres permettent de perpétuer les traditions et il ne faut pas qu'à ce siècle le décès d'un sage soit encore une bibliothèque qui brûle. En disant cela, nous sommes confortés par la présence d'un historien émérite qu'est le Président de la République que nous avons la chance d'avoir parmi nous. Il faut pouvoir laisser tout son savoir à ses enfants et contribuer ainsi à hériter les filles et les fils de l'Indénié. Nous comptons sur vous tous afin que cela soit rapidement possible. Grâce à votre effort collectif nous sommes parvenus à terminer les travaux de ce palais. Mais nous comptons sur les générations futures. Nous comptons sur vous, nos enfants afin qu'un jour, nous ayons un monument que la terre entière voudra visiter. Beaucoup de choses restent à faire et cela sera fait à notre rythme. Nous espérons que nos moyens nous le permettront ainsi que le concours des âmes de bonne volonté et des âmes charitables. Nous aimerions profiter de cet évènement pour féliciter nos hommes politiques et en premier lieu le Président de la République initiateur du dialogue direct, ainsi que les Forces armées de Côte d'Ivoire qui ont su mettre de côté toutes leurs rancoeurs pour signer enfin une paix que toute la population ivoirienne attendait depuis longtemps. Enfin la guerre est finie. Nous espérons enfin qu'elle sera définitive et durable. Nous espérons sincèrement que nous allons enfin en paix durant le siècle à venir et jusqu'à la fin de nos jours. Car sans la paix rien n'est possible. Car la guerre doit être économique. La vraie guerre doit être de se battre afin que ceux qui souffrent puissent avoir une situation de vie confortable. Nous devrons nous battre afin que la pauvreté quitte nos campagnes et que nous, pauvres paysans, qui sommes considérés comme les greniers de la Côte d'Ivoire puissions vivre dans les condition décentes. Nous espérons que de nouveau très rapidement notre pays sera considéré comme la Suisse d'Afrique et que nous serons de nouveau un modèle de paix et de prospérité économique. Nous exhortons nos hommes politiques à signer un pacte de bonne conduite. Ils peuvent avoir des divergences, ils peuvent ne pas être d'accord mais ils doivent s'affronter dans le strict cadre du jeu démocratique. Le recours aux armes doit être banni à jamais. M. le Président de la République nous sommes heureux de votre grandeur d'homme, de votre grandeur d'esprit. Nous sommes heureux que vous ayez réussi à vous entendre avec votre petit frère M. le Premier ministre Guillaume Soro que nous saluons. Nous sommes heureux que vous travailliez enfin ensemble pour le bien-être de notre pays la Côte d'Ivoire qui doit rester une et indivisible. A ma famille, à mes fils et filles de la famille Aniblé nous aimerions vous dire que cette maison est la vôtre. Vous êtes avec nous aujourd'hui pour inaugurer notre maison commune. C'est l'héritage que nous ont laissé nos ancêtres. C'est l'héritage que nous allons vous laisser, c'est l'entente, la cohésion et l'unité de notre famille. Vous devrez vous entendre en toutes circonstances et surtout vous devez rester unis. Mais il est important si vous réussissez à perpétuer nos traditions et à ne pas le jeter aux oubliettes. Surtout nous prions donc et grâce à vous, que notre palais puisse faire la fierté de notre pays la Côte d'Ivoire et de notre royaume de l'Indénié. Nous aimerions aussi rendre un vibrant hommage à un homme avec qui nous collaborons au quotidien depuis qu'il est en poste à Abengourou. Il s'agit du préfet de région M. Kragbé Marie François. Il nous a beaucoup apporté et aussi il a su s'intégrer et comprendre les spécificités de notre royaume. En tant qu'autorité traditionnelle, nous sommes les auxiliaires de l'administration et M. le préfet, nous avons pris beaucoup de plaisir à travailler avec vous depuis tout ce temps. Votre passage aura marqué positivement les populations de la région du moyen Comoé. Nous sommes fiers de ce que nous avons entrepris et réussi ensemble. Excellence M. le Président de la République nous ne pouvons pas terminer notre propos sans vous remercier une fois de plus, pour tout ce que vous faites, nous attendons déjà avec impatience votre prochaine visite à Abengourou. A vous toutes et à vous tous qui vous êtes déplacés ce matin dans ce palais royal rénové, nous vous disons merci du fond du c?ur, ce mot de 5 lettres est très simple mais il a une très grande signification. Ceux qui veulent rester ici et s'installer sont les bienvenus. Nous avons les capacités suffisantes pour vous accueillir dans l'Indénié. A ceux, pour des raisons familiales ou professionnelles qui doivent rentrer malgré tout, nous vous souhaitons à tout et à toutes de repartir en paix. Comme vous le savez tous, désormais Abengourou est la cité de la paix. Abengourou veut dire en Agni je n'aime pas les palabres. Nous vous donnons une partie de la route en espérant vous revoir très bientôt. Nous allons implorer nos mânes et nos ancêtres afin que votre voyage retour se déroule dans de meilleures conditions possibles. Président Koudou Laurent Gbagbo Ayo ka'ka'ka
Majesté Nanan Boa Kouassi III,
Roi de l'Indénié.
Propos retranscrits
par Joël Abalo