samedi 12 mai 2007 par Le Temps

Très dynamique par le passé, la tabaculture est presque inexistante depuis quelques années. Pierre Magne, l`un des acteurs majeurs de ce secteur, nous dresse l`état des lieux.

Pouvez-vous nous dire comment se porte la tabaculture aujourd`hui, en Côte d`Ivoire?

Je préfère vous le dire, il n` y a plus de tabaculture dans notre pays. Avec la crise, tout a été arrêté. Car c`est dans le centre et le nord, notamment à Bouaké et Katiola que nous travaillions. Pis, nous avons été amenés à procéder à la liquidation de notre société agricole qui s`occupait de tabaculture.

Mais il reste tout de même l`industrie du tabac ?

Celle-ci a résisté à la crise, malgré le fait que nous ayons perdu plus de 45% de notre volume d`activité en Côte d`Ivoire. Parce que les parties Centre, Nord et Ouest ont été envahie par la fraude et la contrebande. Sans oublier les produits de la contrefaçon. Nous n`avons pu opérer que dans la partie sud du pays. C`est pourquoi, nous souhaitons que les choses entrent rapidement dans l`ordre. Pour que nous puissions, nous redéployer dans l`ex-zone assiégée. Nous avons aussi réduit nos exportations également sur le Niger, le Togo et le Bénin. Car, les conditions sont devenues plus difficiles. Pour exporter par exemple sur le Niger, nous sommes obligés de redescendre les produits à Abidjan pour les faire valider par les douanes ivoiriennes. Avant de les acheminer vers le pays destinataire. Ce qui engendre des surcoûts prohibitifs.

Voulez-vous dire que l`unité de production de la SITAB à Bouaké est à l`arrêt ?

Elle fonctionne certes mais elle a perdu 45% de son de marché. C`était la plus belle usine en Afrique de l`Ouest dans le secteur de l`industrie du Tabac. Avec une capacité de production de 5 milliards de cigarettes par an, avant la crise. A ce jour, quand on fait plus de 2 ,8 milliards de cigarettes, on se dit très heureux. Mais au fait, ce n`est pas la vocation d`une usine, de travailler sur la moitié de sa capacité de production. Elle n`est compétitive que quand elle travaille avec l`entièreté de ses capacités.

Avez-vous évalué ce que vous avez perdu du fait de la fraude ?

Les pertes se chiffrent en plusieurs milliards de FCFA. Je précise qu`avant la crise, le chiffre d`affaires, c`était 120 milliards de FCFA. Mais nous ne sommes qu`à près de 60 milliards de FCFA actuellement. En terme de résultat net, nous avons une perte qui oscille entre 4 et 5 milliards de FCFA. Pour l`Etat ivoirien, les pertes en droits et taxes, se situent dans l`intervalle de 18 à 20 milliards de FCFA.

Et les paysans dans tout ça ?

Malheureusement, ils ont perdu leurs activités. C`était une activité très intéressante et rentable pour eux. En plus de la culture vivrière et du coton, la tabaculture (qui produit au bout de trois mois seulement) était, pour eux, très rentable. Sur ce segment d`activité, c`était un milliard de FCFA qui leur était distribué par an.

Avec le redéploiement de l`administration êtes-vous prêts à reprendre vos activités ?

Si l`administration reprend, dans cette partie du pays, son rôle normal, avec une lutte très efficace contre la fraude et la contrebande, nous ne voyons pas comment nous ne nous engagerons pas dans le processus. Car nous allons retrouver non seulement notre volume d`activité, mais nous allons reprendre la tabaculture. Nos immobilisations sont toujours en place. Ce qui nous manque, c`est un environnement plus propice à nos activités pour travailler.

Le tabac est sorti du circuit du financement du sport certes, mais il y a la parafiscalité qui fait certainement gagner de l`argent au sport ?

Je vous le dis aujourd`hui, ceci a été fait avec notre plein accord. Ceux qui sont aujourd`hui, à la Fédération ivoirienne de Football, le savent. Lorsque le tabac, sous l`instigation de l`Organisation mondiale de Santé (OMS), est sorti de la promotion du sport, notamment du football, parce qu`on trouvait les deux incompatibles, nous avons étudié avec la FIF et l`Etat, à travers la Direction générale des Impôts à la mise en place d`un dispositif. Pour que ce que nous versions dans le cadre de la promotion du sport, puisse continuer à l`être par le biais d`une parafiscalité. Celle-ci est de 10 FCFA pour les produits chers, de 5 FCFA pour les produits moins de gamme et de 2 FCFA pour les produits bas de gamme. C`est assez diversifié et cela rapporte, par an, 1,5 à 2 milliards de Fcfa. Rien que sur le tabac.

Bamba Mafoumgbé
bamaf2000@yahoo.fr

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