samedi 12 mai 2007 par L'intelligent d'Abidjan

Cette chronique de ce samedi, j'y pense depuis deux ans. Jour et nuit. Convaincu, depuis fort longtemps, de la victoire du petit frère de Guillaume, je préparais dans ma tête ma chronique. Tous ceux qui me connaissent savent que je suis un fervent admirateur de l'enfant de Andrée dite Dadu. C'est en 1983 que je découvre le père de Louis dans un débat à la télévision française. Quand j'arrivais pour mes missions, à Paris, je passais tous mes temps libres à regarder la télévision française. Quand je vois, qu'aujourd'hui, je peux regarder toutes les chaînes françaises à partir de ma chambre, je me dis que le monde évolue rapidement. En cette soirée d'élection municipale, je suis dans ma chambre dans le seizième arrondissement, non loin des Champs-Elysées et aussi de la rue d'Iéna. Là, réside ma directrice qui n'est pas éloignée de la fédération française de football. Dans le débat, je remarque un jeune homme plein de culot. Je suis convaincu de sa grande culture. En effet, quand il avance un argument il le soutient par des faits précis et vérifiables. Je n'ai jamais aimé ceux qui parlent à l'emporte pièce. Avant la fin du débat, je note le nom du garçon sur mon agenda. Nicolas Sarkozy. Il venait d'être élu maire à 28 ans. Depuis cette soirée mémorable, je vais le suivre au pas à pas. Je vais tout lire sur lui et par lui. Je vais apprendre que c'est à l'âge de 20 ans qu'il verra pour la première fois Jacques Chirac à des assises du parti à Nice. C'était en 1975. En 1974, il avait adhéré au parti quand il venait d'assister à une campagne de Jacques Chaban-Delmas. A Nice, Chirac lui demande : "C'est toi Sarkozy ? Tu as cinq minutes pour parler". Le petit Nicolas va faire quinze minutes. Le lendemain, il sera convoqué à la Mairie de Paris. Ainsi va commencer le destin de Sarko. Il y a huit ans environ, dans un maquis à Biétry, je dis à des Français, notamment, à une journaliste de France 2, que ce Sarkozy va atteindre le sommet de la montagne. Je fus pratiquement conspué. Quand aux Africains, avec leur esprit de tribalisme et de xénophobie, ils ne cessaient de me dire que les Français ne voteront pas pour "ton sarkozy", c'est un étranger. Au lendemain du débat télévisé, ils sont nombreux qui disaient, dans les rues d'Abidjan, que Ségolène avait gagné quand je disais le contraire. Les sondages de Opinionway me donneront, d'ailleurs, raison. L'enseignement que je tire de ces trois faits montre qu'ils sont nombreux ceux qui parlent sans être informés. Les gens ont partout des opinions mais ils n'ont aucune information. Parler de la politique et des politiciens d'un pays suppose, au quotidien, qu'on lise presque tout ce qui s'y passe. La télévision, notamment le journal télévisé, ne peut pas aider quelqu'un à comprendre en profondeur. Quelqu'un qui ne lit pas la presse Française chaque jour, celui qui ne lit pas les ouvrages sur les hommes politiques ou par les hommes politiques ne peut pas être qualifié pour parler de ce qu'il ne connaît pas. C'est étalé son ignorance par des bavardages creux. Je l'ai écrit. La lecture est une puissance. On ne peut pas être un champion de l'avenir sans passer par la lecture des cinq genres. Ceux qui la pratiquent au quotidien se reconnaissent facilement. Devant les mauvais résultats scolaires de son fils, Pal Sarkozy, le père disait : "Avec le nom que tu portes et les résultats que tu obtiens, jamais tu ne réussiras en France". Les résultats scolaires font partie de la lecture d'acquisition. Il reste quatre autres lectures : information, distraction, ravissement et élévation. Le petit Nicolas préférait la bibliothèque de son grand-père. Curieusement, ce fameux nom sera l'une des causes de sa popularité. Sarko, Sarkozy et même Nicolas sonnaient dans les oreilles comme un produit ou un slogan. Comme il le disait lui-même si bien en 1994 : "Je ne me voyais pas dans une vie anonyme sans avoir connu la lumière". Depuis fort longtemps, il était dans la lumière. Dans l'hebdomadaire "Le Point" du 11 janvier 2007, il était écrit : "Qu'on l'aime ou pas, Nicolas Sarkozy est devenu en quelques années, une véritable star. En fait, la première star du monde politique". Il est l'objet d'écrits, de chansons, de peinture et beaucoup d'autres choses. La passion qu'il suscite ne peut que faire de lui l'attaque pernicieuse des méchants. Et c'est normal. L'ombre veut toujours étouffer la lumière. Il a dû comprendre beaucoup plus tôt qu'en politique ce qui compte, comme le disait Mitterrand à Strauss Khan, c'est l'indifférence. Indifférence face aux critiques malsaines. Quand on vise le sommet de la montagne on n'a rien à faire avec les têtards qui grouillent dans la mare. Je le disais souvent que Sarko va arriver facilement au pouvoir (2 millions de voix de différence avec Madame Royal c'est beaucoup) mais gouverner la France est une autre paire de manche. Tous les projets se cassent sur le peuple disait Romain Gary. On verra maintenant si l'intelligence de celui qu'Israël dit qu'il est aussi juif suffira. Les hommes sont nés avec le péché originel et très peu pensent au pays qu'à leur propre intérêt. D'où la difficulté de tous les présidents du monde. Pour la campagne, j'ai fait partie des supporters de Nicolas. Chaque jour, je recevais les tâches à faire. On a reçu nos messages de félicitation. On sera devant la télé le mercredi pour pleurer d'émotion à la passation de service. Jacques et Nicolas, quelle histoire !

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