samedi 12 mai 2007 par Le Nouveau Réveil

Des conditions de travail épouvantables, chacun en convient. Des effectifs pléthoriques dans des amphithéâtres qui conservent leur monde désireux d'apprendre en dehors des amphithéâtres.
La menace permanente d'une dictature estudiantine contre le Maître et contre la connaissance. Des salaires qui permettent à peine de prendre des "woro-woro" pour accomplir le Devoir, celui d'Enseigner, celui de Former, celui d'Eduquer.

Ils sont encore présents à la tâche, ces serviteurs de la Patrie. Peu nombreux, diront certains, Mais nombreux parce que ce sont eux qui détiennent la vérité.

Un Pays, une Nation, ne sont que par la Formation des Citoyens. Elle l'a compris, la race des Maîtres qui résistent. Ils se sacrifient non point en agneaux expiatoires pour la Cause, mais en Responsables face au Renoncement; à la Démission de beaucoup, à l'Inconscience de tous.
L'ECOLE ne veut ni fleurs, ni couronnes, de la part de ceux qui organisent ses obsèques prématurées et irresponsables.
L'ECOLE ne saurait mourir. Alors, Messieurs et Dames, gardez vos couronnes.

L'ECOLE ne mourra pas
L'ECOLE se trouve au centre des débats contemporains. Elle a toujours été collée à l'actualité. Elle fut même instrument pour inverser le cours de l'histoire en maints pays. Elle a "fabriqué" des leaders politiques au Sénégal, au Togo, au Bénin; au Mali; en Guinée, au Congo Brazzaville; au Gabon, au Niger; en République Centrafricaine; au Burkina Faso etc.
L'ECOLE est sortie, depuis, de son lit traditionnel du SAVOIR et de la CONNAISSANCE pour épouser les flancs abrupts et escarpés de la Politique, d'où se déversent, toujours avec impétuosité, des flots quelconques de mélanges d'eaux claires et de boues.
La bataille du Multipartisme a eu comme caisse de résonance l'UNIVERSITE. UNIVERSITE pourtant des Valeurs, de la Grandeur, de la Vérité, de la Rigueur.
La Côte d'Ivoire n'a pas échappé aux courants brutaux de ce type de crise métamorphique.
Tous s'accordent aujourd'hui pour reconnaître la place première prise dans celle bataille par le Syndicat National de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur (SYNARES), animé par un Homme d'Honneur à la Parole d'Honneur, le Professeur Etté Marcel.
Le SYNARES, de 1989-1990, c'était la sentinelle autour de la Cité, pour dire et pour écrire, avec les moyens de l'heure, moyens contestables à bien des égards- mais voies et moyens qu'imposait sans doute le contexte d'alors.
Le SYNARES voulait certes le Multipartisme. Mais, sa bataille, dès le départ était vérolée par les ambitions et les non-dits de celles et de ceux qui n'avaient pour objectif que de voir Félix Houphouët-Boigny quitter le Pouvoir; que de voir "l'affreux Parti Unique", le Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), partir du Pouvoir.
L'Université syndiquée, syndicaliste, a alors établi son plan de bataille:
- à la Faculté des Lettres avec le Secrétaire Général du SYNARES d'avant Etté Marcel;
- à l'Ecole Normale Supérieure avec un Assistant devenu aujourd'hui Ambassadeur ;
- à l'Institut d'Histoire, des Arts et de l'Archéologie Africaines (IHAAA) avec un ex-Président de Parti Politique de Gauche;
- à la Faculté des Sciences avec l'homme à la barbichette du Département de Chimie;
- à la faculté de Pharmacie avec un autre ex Président de Parti Politique curieusement exilé au moment où ses amis sont au pouvoir;
- à la faculté de Médecine avec le saint des saints, le Secrétaire Général du puissant SYNARES "himself;
- à la Faculté de Droit avec un ex-conseiller du Président de la République aujourd'hui membre influent du Conseil Constitutionnel;
- à la Faculté des Sciences Economiques avec un actuel conseiller du Président de la République dans ce secteur;
- dans les lycées et Collèges avec de nombreux chefs d'établissements et syndicalistes du milieu;
- dans les Instituts de Recherches avec la création du Syndicat Dignité et de son actuel patron:
- chez les Elèves et Etudiants avec l'accouchement béni, à l'Eglise Sainte Famille de la Riviera, de la Fédération Estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (FESCI).
Et naquit la Fédération des Syndicats Autonomes de Côte d'ivoire, la (FESACI), dont le patron, tout naturellement était le puissant Secrétaire Général du SYNARES. Le "Général" du SYNARES coordonnait et donnait l'ordre pour porter les coups de boutoirs là où il fallait, pour fragiliser en permanence le régime, et faire partir Félix Houphouët-Boigny.
L'ECOLE donc, l'UNIVERSITÉ sûrement, furent le fer de lance de cette bataille, où, comme on 1e constate, il y avait des "patrons". Ceux-là sont connus. Leurs noms, plusieurs fois, ont été consignés dans les rapports de manifestations maintenues le plus souvent par la violence, malgré les interdictions de l'Etat.
Les Institutions, l'Etat, la République, c'était le pouvoir en place, un Parti, un Homme, et le PATRIOTISME consistait à balayer les Institutions.
Les porteurs d'eau ne se révèlent qu'aujourd'hui pour dire, en tout honneur, leur parole, leurs hauts faits (disons leur haut le c?ur) de lutte. Mais cela, l'histoire nous l'enseigne abondamment. L'actualité aussi.
Il fallait donc faire partir Félix Houphouët-Boigny. Et Félix Houphouët-Boigny est resté.
Il faut reconnaître que le Multipartisme a été conquis, acquis avec Etté Marcel, le SYNARES et l'UNIVERSITÉ, c'est-à-dire aussi avec l'ÉCOLE. Marcel Etté, avec son équipe de ténors et de porteurs d'eau qui aujourd'hui donnent de la voix pour se faire légitimer.
Et pourtant, dans cette UNIVERSITÉ de l'époque, beaucoup ont ignoré le chemin qui menait à "Akouédo", avec les arrestations après les marches, les grèves et autres brutalités dont se rendaient coupables et responsables l'ÉCOLE des syndicalistes politisés.
Tout se passe comme avant. Sauf que cette fois-ci des armes ont crépité.
Gbagbo devait partir. Gbagbo est là. Les armes ont été prises pour cela. Elles ont montré leurs limites.
C'est désormais la Paix entre les belligérants. Cette Paix-là, on la veut contagieuse, dans le silence.
Et s'entend une voix dite contraire, la voix du Collectif National des Enseignants du Supérieur et de la Recherche (CNEC). C'est la voix de syndicalistes qui défendent les intérêts matériels et moraux de leurs adhérents. Ces derniers, abandonnés par le SYNARES refondé, par la Centrale Dignité non moins refondée, par la FESCI timorée, semblent déjà être montrés du doigt comme étant contre la Paix.
En effet, le Pouvoir ne comprend pas que des collectifs se constituent. Ce Pouvoir parle de grèves intempestives et menace. Le Pouvoir refuse d'admettre que des négociations ont eu lieu et que d'autres sont en cours pour justement construire la Paix.
Pour le travail, pour la Dignité, pour la Justice, c'est encore l'UNIVERSITÉ qui se montre éveilleuse de consciences en stigmatisant :
- la dangerosité des conditions de travail dans l'Enseignement Supérieur et dans la Recherche;
- la précarité de l'emploi dans ce secteur hautement stratégique pour le pays;
- le mépris fait aux Enseignants, notamment en matière de classification dans la grille des salaires de la Fonction Publique;
- la totale méconnaissance de ce que constitue le troisième cycle dans la Formation Universitaire;
- la faiblesse des moyens pour la Recherche;
- la dictature de l'ÉLÈVE et de l'ÉTUDIANT;
- l'impossibilité, depuis 1990, d'avoir des années académiques normales du fait des grèves alors intempestives;
- le marché noir dans la délivrance des diplômes;
- la gestion calamiteuse de certaines Présidences d'Universités et de Grandes Ecoles;
- la perte de crédit de l'UNIVERSITÉ de CÔTE d'IVOIRE qui se manifeste par la prolifération d'Universités privées; Etrangères où s'exerce peu le contrôle régalien de l'Etat;
- la sacralisation de l'ARGENT à l'UNIVERSITE.

Les historiens doivent savoir que l'Histoire bégaie. Car c'était presque les mêmes revendications des années 1990, revendications vêtues du blanc manteau du syndicalisme propre, mais assénées pour faire partir Félix Houphouët-Boigny et son régime, le Parti unique et la "Dictature" exercée par les tenants du Pouvoir d'alors.
Des Enseignants au Pouvoir s'étonnent. Ils sont suffoqués de voir des Collectifs de Syndicats s'organiser, des "grèves illégales" se produire, de voir s'exprimer le refus de demeurer dans la plèbe, en faisant, malgré tout des Princes qui s'empiffrent, jouissent, qui rotent. Ils parlent, ceux-là d'illégalité !
Or, depuis 2000 :
- des Enseignants de l'UNIVERSITÉ ont cru, qui, dans les combles et les décombres de leur lieu de travail, préparent et donnent des cours, corrigent des copies nombreuses, encadrent des travaux de Recherche, font des publications pour honnêtement progresser dans leur carrière.
- des Enseignants s'imposent devant les "muscles" des Etudiants pour faire vivre les amphithéâtres de Science et de Connaissance;
- des Enseignants disent non à deux formes de dictature, celle du terrain (les Etudiants) et celle des Dirigeants de l'Ecole qui s'étonnent et s'offusquent que l'on leur rappelle leur biotope, d'où ils viennent
Ces Enseignants continuent à s'agripper à des Valeurs essentielles:
- le Devoir de transmettre les connaissances;
- le Devoir sacré du maître d'inculquer à l'Etudiant le goût de l'effort dans le travail;
- l'Honnêteté et la rigueur dans tout ce qui touche à l'Ecole- creuset de la Justice sociale;
- la Droiture qui doit être celle des futurs Responsables du Pays, de la Cité et de la Communauté.
- le Respect de la fonction du Maître dans la Société.
Vraiment, dans le débat actuel, il ne s'agit pas de faire comme au Burkina, même si ce pays nous inspire beaucoup et pour l'essentiel en ce moment. Il ne s'agit pas de faire comme au Sénégal ou en République Centre Africaine.

Il s'agit de faire comme la Côte d'Ivoire doit, sait et peut le faire.
Oui, il ne faut pas que nos Etudiants, entassés dans les amphithéâtres et se disputant des places en cités universitaires avec des intrus commandités, au destin inscrit ailleurs, ne nous reviennent comme "des déchets intellectuels".

Il ne faut pas que nous regardions, impassibles, le Poisson pourrir par la tête.

C'est de cela dont il est question. Et toute la Nation, comme un seul homme, se doit de défendre l'ÉCOLE, ses Valeurs protégées avec courage par les Enseignants valeureux qui ne demandent rien d'autre que de sauver l'ÉCOLE, pour sauver la Nation, c'est-à-dire la Côte d'Ivoire.

La PAIX n'est que dans la Défense des Valeurs.

Professeur Alassane Salif N'Diaye

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