samedi 12 mai 2007 par Le Nouveau Réveil

Il y a quelques semaines, il paraphait en compagnie de ses camarades un document au siège de son parti à Cocody, consacrant ainsi la réconciliation avec la direction du PDCI qu'il accusait de ramer à contre-courant. Pénétrés des éléments fondateurs de l'houphouétisme, aujourd'hui, Gueye Jean Pierre et son groupe ont tourné la page pour se consacrer à la victoire du PDCI-RDA et de son candidat. Dans l'interview-vérité qu'il nous a accordée, hier, le militant membre du Grand conseil, par ailleurs président de la JRDA, invite le Secrétaire général du PDCI à poursuivre la mission de rassemblement et de cohésion au sein du parti. Le PDCI, poursuit-il doit tirer les conséquences de la réconciliation entre les militants de gauche.

Monsieur Gueye Jean-Pierre, voilà quelques semaines que la plate-forme du PDCI que vous dirigez a signé un document avec la direction du parti. Depuis lors, que se passe-t-il sur le terrain ?
Juste après notre convocation par le conseil de discipline et après que le secrétaire Djédjé Mady eut pris langue avec nous, cela a été consacré par un document qui est un procès-verbal. Nous avons reçu des encouragements et félicitations de la part des militants de l'Union des militants de base dirigée par le camarade Daouda et la JRDA pour notre prise de responsabilité dans la crise qu'il y a eu entre la direction du parti et nous.

La direction du parti a désigné comme interlocuteur M. Koné Mahamadou. Quelle relation entretenez-vous avec votre aîné ?
Au lendemain de la signature du procès-verbal, consacrant la séance de travail que nous avons eue avec la direction du parti, nous avons été approchés par Koné Mahamadou. Nous avons déjà eu une séance de travail avec lui afin de voir comment participer à l'animation du parti. Nous attendons maintenant d'être pratiques sur le terrain avec lui.

Au sortir de la rencontre avec le PDCI-RDA, vous avez annoncé que vous suspendez toutes les actions amorcées. Qu'en est-il ?
Effectivement en tant qu'acteur politique, il faut avoir le courage de ses opinions. Se renier ce n'est pas facile, mais à notre niveau, nous arrivons à entrer en contact avec certains de nos responsables à la base. A l'époque, nous avions dit que passée la date du 27 avril 2007, si la direction du parti n'arrivait pas à organiser le 12ème congrès et que la situation restait telle, nous allions prendre nos responsabilités. Nous avions décidé de mener des actions d'envergure de contestation sur le terrain afin de pousser la direction du parti à revoir sa position. Et je crois qu'au lendemain de la signature du procès-verbal, nous avons effectivement annoncé que nous allions suspendre toutes les actions sur le terrain, et le message est passé parce que nous avons largement dépassé la date du 27 avril et la situation est calme. Le plus important, aujourd'hui, est de tenir une assemblée générale afin d'expliquer les tenants et les aboutissants d'une telle prise de position de notre part.

Yéo Tchobon n'a pas signé le procès-verbal du 27 avril dernier. Y a-t-il un problème qui explique son refus d'apposer sa signature ?
Nous estimons qu'il n'y a pas d'opposition entre Yéo Tchobon et nous. Puisque nous avons été convoquée au même titre par le conseil de discipline du PDCI-RDA. Et nous avons été solidaires du début jusqu'à la fin de la procédure. Nous étions constamment avec le camarade Yéo Tchobon. Ce n'est que le jour-J où nous devions signer le procès verbal que Yéo Tchobon, pour des raisons qui lui sont propres, a estimé qu'il ne pouvait pas passer à la signature. Nous avons estimé que dès l'instant où nous avons décidé de nous engager dans un processus, nous devions aller jusqu'au bout et le parapher par un document.

Est-ce que vous reconnaissez l'actuelle direction du PDCI et ses différentes instances ?
En ce qui nous concerne, nous avons revendiqué de tout temps notre appartenance au PDCI-RDA. Et nous sommes membres des instances de ce parti. Notre problème fondamental n'est pas la reconnaissance ou la non reconnaissance de la direction du parti. Mais, notre combat était de décrier un certain nombre de dysfonctionnements, notamment un déficit de démocratie. Car, lorsque les décisions sont arrêtées c'est par la presse que nous l'apprenons. Il n'y a pas de répercussions au niveau de la base. L'information reste uniquement au niveau du sommet.

Reconnaissez-vous le Président Bédié comme le Président du PDCI-RDA et le secrétaire général Alphonse Djédjé Mady ?
Nous n'avons jamais dénié la qualité de Secrétaire général Alphonse Djédjé, ni celle de Président Henri Konan Bédié. Mais nous avons seulement dit qu'à un certain moment, la direction avait pris des positions qui à nos yeux ramaient à contre-courant des éléments fondateurs de l'idéologie houphouétiste.

Ouattara Gnonzié avait annoncé dans un journal qu'à compter du 27 avril 2007, il n'y avait plus de direction du PDCI. Quels commentaires faites-vous de cette déclaration ?
Je crois que Ouattara Gnonzié est un aîné. Il est assez responsable et vous avez la latitude de l'approcher pour recueillir son avis.

Vous annoncez une assemblée générale pour bientôt. C'est pour quand et que doit-on attendre de cette AG ?
Comme le dit si bien Montaigne, le propre de l'homme, c'est de progresser. Nous étions dans une étape antérieure de belligérance avec la direction du parti. Je crois qu'en tant que petits fils du Président Houphouët-Boigny et militants de la droite, respectueux des valeurs de la droite, il était important pour nous de partager l'expérience que nous avons vécue avec nos camarades. Et le cadre idéal n'est rien d'autre qu'une assemblée générale. Elle aura lieu, bientôt, à la maison du Parti, au Plateau. Nous allons convoquer uniquement les responsables. Ceux de la base, les différents coordonnateurs de la JRDA et également les responsables des cellules du UMB PDCI-RDA, afin de discuter avec eux et également leur donner leur feuille de route.

Il y a beaucoup de structures, JRDA Pourquoi ne vous fondez-vous pas à la JPDCI. Y a-t-il un problème particulier entre vous ?
Le président Bédié disait à l'époque qu'il fallait laisser fleurir les cent fleurs, et nous nous inscrivons dans cette donne. La JPDCI est une structure spécialisée du parti. En marge de cela, il y a le forum dirigé par le frère Atsé Jean Claude et qui fait un travail remarquable de mobilisation sur le terrain. Et nous le saluons au passage. Quant à nous, la possibilité de nous fondre dans la JPDCI n'est pas d'actualité. Les élections approchant, chacun doit se mettre en ordre de bataille en organisant au maximum ses militants. C'est l'essentiel en ces moments.

A propos d'élections, pour qui allez-vous faire campagne ?
Nous sommes des militants du PDCI. A moins qu'on ne cherche à nous le dénier. Et même si c'était le cas, nous nous battrons pour que chacun puisse savoir que nous sommes du PDCI. Nous sommes pour le candidat du PDCI.

Le PDCI a fait une déclaration désignant M. Henri Konan Bédié comme son candidat aux élections. Est-ce que vous le reconnaissez comme le cheval du PDCI dont vous vous réclamer ?
Depuis 1999 jusqu'à ce jour, le PDCI-RDA est dans la tourmente, et en particulier, au niveau de la jeunesse. Le plus important, aujourd'hui, est de lutter pour que le flambeau du PDCI qui est tombé depuis 1999 soit relevé, et ce, quelles soient les tendances internes. Qu'on soit proche de x ou de y, nous pensons que ce qui est important pour l'heure, c'est de lutter pour que le PDCI-RDA revienne au pouvoir. Le Président Henri Konan Bédié a été désigné par la convention qui lui donne mandat de ramener le PDCI-RDA au pouvoir d'Etat. Nous ne trouvons aucun inconvénient à cela. Nous ne sommes plus au stade de savoir qui est candidat du PDCI. Le PDCI-RDA doit reconquérir le pouvoir d'Etat aux prochaines élections. Et nous prenons l'engagement de nous mettre en ordre de bataille pour faire triompher le candidat de notre parti.

Quelles sont les chances du PDCI pour les prochaines présidentielles ?
Déjà, il y a les signaux qui sont là. Malgré le coup d'Etat, malgré la crise, quand on analyse et avec tout ce qu'il nous a été donné de voir, je crois que le PDCI-RDA a de bonnes chances de revenir au pouvoir. Le secrétaire général du PDCI Alphonse Djédjé Mady doit s'armer de courage pour approcher tout le monde. Il est vrai, c'est difficile mais il doit le faire, chercher à discuter afin de sortir du carcan des règles et poser le problème de façon politique. Si on a réussi une telle action, il y a de fortes chances que le PDCI passe au 1er tour.
Nous sommes aussi préoccupés par la situation de Bouaké. Il faut faire en sorte que Bouaké puisse voter massivement.

Le régime des refondateurs a fait assez de promesses aux Ivoiriens et surtout aux jeunes. Croyez-vous que le FPI a de réelles chances de conserver le pouvoir ?
Nous demandons à tous ces jeunes de faire en sorte que les prières des uns et des autres puissent conduire la Côte d'Ivoire à la Paix. Et que la question de l'emploi puisse être au c?ur des différents débats parce que le régime en place utilise la situation de guerre pour se justifier de beaucoup de choses. Nous souhaitons que nous puissions sortir de ce carcan pour qu'à l'issue des élections, celui-là même que le peuple de Côte d'Ivoire aura choisi, soit au PDCI-RDA. Et que celui-ci puisse remettre les choses en l'état, à savoir organiser rapidement tout un programme de développement et d'insertion de la jeunesse. Et moi quand j'analyse cette crise véritablement, on a l'impression que la gauche se réconcilie entre elle. C'est ça ! C'est la leçon que le PDCI devrait tirer. C'est la gauche qui se réconcilie. Konaté Sidiki dansant avec la première dame, (Soul to Soul) avec Blé Goudé. C'est pour ça que nous disons que le PDCI doit s'appuyer sur toutes ses ressources, puiser dans son for intérieur pour taire problèmes d'ego à l'effet de rassembler tous ses fils, quelles que soient les tendances, quelles soient les divergences. C'est très important et je crois que le président du PDCI apprécierait énormément.

Interview réalisée par Patrice Yao
Collaboration : J. M (Stagiaire)

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023