vendredi 11 mai 2007 par Le Temps

L'Accord de paix de Ouaga coincide chez les ex-rebelles ivoiriens avec l'abandon de toute surenchère. Les grades Soro? et l'intégration des ex-bandes armées au sein des FDS-CI sont loin d'être des points de blocage insurmontables. Soumaïla (CEMA des FAFN) parle des points de chute de ses hommes. Révélations !
Les soldats de l'armée régulière ivoirienne et ceux de l'ex- rébellion peuvent-ils cohabiter et reconnaître comme chef unique, Chef suprême de l'Armée, le président de la République, SEM. Laurent Gbagbo ? Surtout que certains parmi eux ont tenté, dès septembre 2002, de le renverser ? On ne peut que répondre aujourd'hui par l'affirmative. Au vu du spectacle offert récemment par les soldats des "deux armées", lors de la rencontre avec le chef de l'Etat au Palais présidentiel. Alors que le protocole d'Etat avait prévu de regrouper les Fafn sous des bâches, séparées des Fds, les ex-rebelles en ont décidé autrement une fois sur le lieu de la cérémonie. Tous, sans distinction aucune, se sont entremêlés, assis où ils le souhaitaient. Partout, des militaires, des treillis. Dans une ambiance bon enfant, tous ont fraternisé. Difficile sur place pour les néophytes, et l'ensemble des Ivoiriens (témoins directs ou téléspectateurs), de distinguer dans ce melting-pot", loyalistes et ex-rebelles. C'est dire que l'état d'esprit au sein de la grande muette, a favorablement changé. Alors que par le passé, déserteurs et ex-bandes armées boudaient l'amnistie votée par le Parlement les invitant à réintégrer l'armée, les "brebis" égarés d'hier, semblent aujourd'hui, (avec l'Accord de Ouaga) prêts à retrouver le reste du troupeau. Démontrant ainsi à la face de la communauté nationale et internationale que, ces hommes en armes ne bouderaient plus le plaisir de revenir à la maison.
Autre signe de décrispation : Selon le Général Philippe Mangou, Chef d'Etat-Major des FDS- CI, ses frères d'armes sortis des rangs de l'armée régulière pour prendre le maquis, se sont rendus au lieu du rendez-vous avec le Président de la République, à bord de véhicules militaires mis à leur disposition par ceux qu'ils traitaient il y a peu, de "soldats de Gbagbo". Sans qu'une catastrophe ne se produise au cours du parcours ( du Gatl, Port-Bouët, jusqu'au Plateau), pendant et après la rencontre du Palais.
Dans la foulée, un confrère fait dire à l'ex-chef rebelle de Vavoua, Koné Zakaria, qu'il serait prêt à servir à nouveau dans l'Armée régulière, quel que soit son nouveau lieu d'affectation. Voilà qui est clair : Fini les diatribes et propos du genre, "Le problème de la Côte d'Ivoire, c'est Gbagbo". Cette propagande envoûtante qui, comme une drogue, jetait des fils de la Côte d'Ivoire dans les bras de la mort en prenant des armes contre la République, fait désormais partie du passé. Guillaume Soro, Secrétaire général des ex-rebelles et surtout, premier ministre du Président Gbagbo en donne l'assurance : "Monsieur le Président, a-t-il à l'occasion de cette rencontre pris à témoin le Chef suprême des armées, nos hommes ne prendront plus les armes pour s'entretuer. Il n'y a pas d'autres alternatives à la paix qui se construit en Côte d'Ivoire depuis la signature de l'Accord de Ouaga. Ceux qui s'excitent et qui refusent de mener de façon inexorable la bataille de/pour la paix, n'ont malheureusement jamais entendu le bruit d'un pistolet. Ils portent à mon endroit des critiques infondées. Mais je ne me détournerai point de ma mission (la paix)car, là où ils sont, ils ne mesurent pas le sens des responsabilités qui sont les miennes aujourd'hui ". Pour tout dire, la guerre est "loin" derrière les Ivoiriens. Reste à gérer la "honte" et autres sujets incommodants. Ce que le sergent-chef Morou Ouattara (Mpci) de Bouna fait. Lui qui est actuellement partagé entre le désir de faire autre chose après, ou rejoindre les FDS. Pareil pour le "cdt" Wattao. La plupart des chefs de guerre qui avant la crise n'étaient que des soldats de rang dans l'Armée nationale, ont connu hors de la "maison", gloire, honneurs et richesses matérielles. "Ils peuvent avec le pactole qu'ils ont (casse des banques, prélèvement de toutes sortes d'impôts dans leurs zones), ironise un fds sous le couvert de l'anonymat, payer la solde mensuelle de leurs supérieurs (officiers) restés loyaux envers les Institutions républicaines. Alors, indique-t-il, que viendraient faire dans l'Armée, ces anciens cuistots, boxeurs, athlètes, lutteurs, recrutés à l'époque dans l'Armée à cause de leur art ?" A ce propos d'ailleurs, le Chef d'Etat-Major des Fafn, Soumaïla Bakayoko rencontré par un espion de la Licorne, ne dit pas autre chose (voir le cd-rom égaré par les soldats français à l'Hôtel Ivoire en novembre 2004) : "Bakayoko envisage le départ de tous ceux qui sont issus de l'Armée et qui occupent des postes de responsabilités, hors de la Côte d'Ivoire lorsque tout sera terminé (attaché militaire d'ambassade). Il est conscient que les anciens militaires ne pourront être réintégrés dans l'Armée régulière dans les mêmes conditions".
Le sort des combattants enrôlés au sein des Fn ou des groupes d'autodéfenses, alors qu'ils n'ont jamais appartenu à l'Armée de Côte d'Ivoire, est connu : Le Service civique proposé à la Nation par le Président Gbagbo, apparaît aux yeux de tous comme le sésame tant recherché pour résorber le chômage et le manque de qualification professionnelle de milliers d'Ivoiriens qui ont pris les armes. On le voit bien. A terme, seront réduites les occasions de tensions réelles ou factices que des va-t-en-guerre tentent d'utiliser comme fonds de commerce pour déstabiliser l'Armée et le pouvoir.


Douh-L.Patrice
pdouh@yahoo.fr

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