vendredi 11 mai 2007 par Nord-Sud

Pour la énième fois, les produits laitiers viennent de connaître une flambée de prix. Des commerçants ont choisi de ne plus ravitailler leurs boutiques, faute de clients qui boudent ces augmentations.

A Cocody Angré, le kilogramme de lait LP, se vend désormais à 3750Fcfa. Le sac de ce lait qui coûtait 70. 000Fcfa, il y a quelques mois, tourne autour de 80. 000Fcfa aujourd'hui. Nous n'osons même plus vendre ce lait. Les consommateurs ne l'achètent pas à cause de son prix trop élevé? indique Ali B, un boutiquier du quartier. Il signale que tous les sacs de lait connaissent cette augmentation effrénée. Par exemple le sac de 25kg du lait Whole Milk qui se vendait autour de 60.000Fcfa avant le mois de janvier, coûte environ de 70. 000Fcfa aujourd'hui. Le kg de ce lait est passé à 2.500Fcfa. Dans la plupart des boutiques que nous avons visitées, les commerçants ne se ravitaillent plus en sac de lait. Les quelques rares qui le font se plaignent du fait que ça ne marche pas.





Les prix des produits à base de lait prennent un coup





Il n' y a que les vendeurs de lait caillé qui achètent le lait en kg ici, note N'diaye, boutiquier aux II Plateaux. En dehors du sac de lait, les prix des produits laitiers ont été revus à la hausse. La boite de lait Princesse (1kg), coûte 1200Fcfa, au lieu de 900Fcfa, avant janvier. Il en est de même pour le lait Mama et les autres boîtes de 1 kg. Le lait Nestlé 1kg, qui coûte 2000 est considéré par les consommateurs comme l'un des plus chers sur le marché. Cette étiquette de produit de luxe lui vaut d'être retiré des rayons des boutiques de quartiers. Le lait Nestlé est le plus cher des produits concentrés que nous vendons. Quand nous l'envoyons dans nos rayons, les clients moyens ne le prennent pas. Ils préfèrent acheter le lait Princesse ou Maman, ou encore d'autres laits qui se vendent de 1200Fcfa, nous confie Kalifa, un boutiquier à Angré Djibi. La petite boite de Bonnet rouge est passée de 250 Fcfa à 350Fca. La grosse boite du lait Mido qui coûtait 5000F est vendue à 12 000Fcfa au super marché de Sococé, zone 3. Beaucoup de ménages préfèrent désormais acheter le lait en poudre fabriqué de façon artisanale et vendu dans les marchés communaux à ciel ouvert. Le kilo de ce lait se fait entre 800F et 1000F selon les communes.

Interrogés sur la raison de cette hausse des prix, les commerçants tiennent presque tous le même langage. Les grossistes nous disent que le lait ne vient plus en quantité suffisante. Ils disent que le problème se trouve au niveau de l'importation ou chez les industriels locaux, signale Kalifa K. La conséquence de l'augmentation des sacs de lait se fait ressentir sur le prix des produits à base de lait. Lao O. gérant de kiosque à Angré 7ème tranche ne fabrique pas lui-même le lait caillé qu'il commercialise. Il lui est fourni par un particulier. Mais ce dernier, selon Lao a augmenté de 25Fcfa le sachet. J'achetais le sachet de lait avec lui à 150 Fcfa, depuis que le prix du sac de lait a augmenté, il me le vend à 175Fcfa , indique-t-il. A son niveau, il signale qu'il n'ose pas augmenter le prix de la tasse de lait caillé de peur de la réaction de ses clients. Je continue de vendre la tasse à 225Fcfa , signale-t-il. Une marge qui, assure t-il ne permet pas de couvrir ses charges. Il explique qu'il sera obligé d'adapter ses prix si celui du sac du lait continue sa flambée. Soit une augmentation de la tasse de lait sera observée, soit sa vente sera arrêtée au risque de vendre à perte. Amidou, un vendeur ambulant de jus et lait en sachet à Abobo, confectionne lui-même ses produits. Il signale qu'à cause de l'augmentation du prix du sac, il est obligé de diminuer le contenu de chaque sachet et d'augmenter les prix. Ainsi, le petit sachet se vend à 150Fcfa (il était à 100Fcfa), les moyens sont vendus à 250Fcfa, au lieu de 200Fcfa. Les plus grands sont à 500Fcfa, contrairement à leur prix initial qui était de 400Fcfa. C'est de ce commerce que je vis. Si je maintenais mes prix, je n'aurais jamais pu faire de bénéfice , se justifie-t-il. Il reconnaît que les ventes ont quelque peu baissé du fait que les consommateurs n'achètent plus régulièrement le lait. Dieu merci je vends d'autres jus tels que le gnamankoudji, le bissap et le jus de citron qui me permettent d'arrondir les bords , fit-il en ouvrant sa glacière pour nous montrer le contenu. Mme Dosso Samira, commerçante de dêguê, à Abobo Avocatier, indique qu'elle a arrêté ce commerce parce qu'elle ne s'en sortait plus. Le prix du lait est devenu hors de portée. Je faisais du dêguê de bonne qualité. J'utilisais le lait LP, puis qu'il est devenu trop cher j'ai tout stoppé de peur de vendre désormais un dêguê de mauvaise qualité où le lait n'est plus en quantité suffisante. Je préfère arrêter l'activité et attendre que les prix redescendent, explique-t-elle. En dehors de ces commerces, le yaourt a aussi subi une flambée de prix. Il est passé de 225Fcfa à 250Fcfa. La grande bouteille du lait Candia ne se vend plus à 800Fcfa, comme il y a quelques mois. Il s'achète désormais à 1000Fcfa dans les boutiques. Tandis que la petite bouteille est passée de 400F à 500Fcfa. La Côte d'Ivoire ne produit pas de lait. Nous dépendons de l'extérieur. Et actuellement l'Irlande du Nord et l'Argentine, qui sont les deux premiers pays producteurs de lait au monde, connaissent une baisse de productivité, indique un industriel ivoirien. Selon lui, cette baisse de productivité agit directement sur la quantité de lait qui doit parvenir au port d'Abidjan.





Raphaël Tanoh (Stagiaire)

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