vendredi 11 mai 2007 par Fraternité Matin

Le 1er salon s'ouvre le 22 mai. Le patronat parle des difficultés qui minent le secteur. Combien de membres revendique l'UNAPESP-CI ?
L'Union nationale du patronat des entreprises de sécurité privée de Côte d'Ivoire, la structure que j'ai l'honneur de diriger, est une nouvelle union. Pour en revenir à votre question, il faut dire que nous ne donnons pas dans la guerre des chiffres. Mais, pour vous donner une idée de ce que nous représentons, sachez que nous avons les deux écoles légalement constituées, qui existent dans ce pays. Il s'agit de l'IPES et l'ASP. Aussi, vous ne direz pas que des établissements comme Lavegarde, IGES, Saecem, etc. pour ne citer que ceux-là, qui font partie de l'UNAPESP-CI ne sont pas importants. Comment se fait le recrutement des agents ?
Je fais d'abord une précision. Il n'existe pas une sécurité privée, mais c'est celui qui l'exerce qui est, soit du privé ou du public. Toujours est-il que dans le secteur privé de la sécurité, il faut une formation. Et c'est logiquement à la vue d'un certificat de formation que l'agent est recruté. Malheureusement, il y a un laisser aller. Jusque-là, notre secteur n'a pas été aussi suivi comme il se devait par l'autorité. Mais je crois que la DST essaie de remédier au problème en exigeant désormais des formations de différents agents et un certain nombre de renseignement sur l'agent. La DST que vous citez constamment est-elle votre interlocuteur au niveau de l'Administration ?
Notre interlocuteur, en fait, c'est le ministère de l'Intérieur par son département Sécurité. Et c'est la DST, à travers la S/Direction chargée du secteur privé de la sécurité qui travaille directement avec nous. On constate un laxisme dans le traitement salarial des agents. Ceux-ci bénéficient-ils d'une grille de salaires ou existe-t-il pour eux une convention collective ?
Par cette question, vous mettez à nu l'un de nos grands problèmes car le secteur privé de la sécurité n'a pas une convention propre à lui. Ce qui donne lieu au désordre dans le traitement salarial. Aujourd'hui, nos agents travaillent 12 heures, ce qui n'est pas normal, dans la mesure où un agent doit travailler 8 h. L'absence de convention ne nous arrange pas, nous en tant que chefs d'entreprise, car à la longue, il se posera un problème de solvabilité. Puisque, nos agents travaillent 12 h, il se pose le problème du payement des 4 h supplémentaires. Parce que, nous, en tant que chefs, nous ne pouvons pas supporter les heures de différence. Il faut dire qu'aujourd'hui, certains agents de sécurité ont fait de longues études et donc connaissent leurs droits. Or nous sommes de petites structures, qui ne pouvent pas supporter quatre heures de travail supplémentaires. Nous pensons que la venue d'une convention permettra de régler ce genre de problème et nous permettre d'établir une grille des salaires pour nos agents.
En attendant cette grille des salaires dont vous parlez, comment entendez-vous remédier au comportement de certains responsables qui paient aux agents des salaires en dessous du SMIG ?
Cette situation est vraiment déplorable dans la mesure où le SMIG qui est de 36660 F est déjà insignifiant. La prime de transport à Abidjan est de 15.000 F, alors quel rendement attendez-vous d'un agent qui est payé en dessous du SMIG ?! Nous pensons que le minimum, si l'on prend tous les critères en compte, c'est-à-dire le SMIG, le transport à Abidjan, la gratification si elle est mensuelle, je crois qu'au minimum un agent doit toucher 51.000 F avec tous les prélèvements qu'on puisse opérer. Nous nous attelons à faire en sorte que toutes les entreprises se conforment à la règle.
Puisque vous le reconnaissez vous-même, comment comptez-vous par votre structure régulariser cette situation ?
Voyez-vous, c'est quand un établissement n'est pas légalement constitué qu'il se livre à toutes sortes de travers comme c'est le cas avec le traitement salarial des agents. Notre premier combat, c'est d'abord d'amener toutes les sociétés à être en règle vis-à-vis de l'administration. Une fois dans les normes, comme vous le verrez avec toutes les entreprises du secteur, on fait l'effort de respecter la grille salariale, ne serait-ce qu'en payant le minimum aux agents. Mais, il faut noter qu'avec le système libéral en cours dans notre pays, la question de la rémunération des agents obéit au principe de la liberté entre les parties contractantes.
Sur quelle base et comment se fait la tarification de vos services ?
A ce niveau et je n'ai pas honte de vous le dire, c'est vraiment à l'amateurisme que nous sommes livrés. Car les coûts des services diffèrent selon les structures, ce qui n'est pas normal. C'est vrai que le coût peut changer en fonction des équipements dont disposent les sociétés sur le terrain. Mais il y a des sociétés qui ont des équipements, je dirais à efficacité égale et qui, pour autant, n'ont pas la même tarification. Aujourd'hui, nous n'avons pas une base de tarification clairement définie et chacun vous dira comment il procède en la matière. C'est à toute cette anarchie que nous allons remédier au niveau du patronat. Comment expliquez-vous aussi le fait que certains agents exercent les mains pratiquement nues alors que d'autres détiennent des armes ?
Effectivement, c'est l'un de nos combats. Il y a des structures dont les agents sont pourvus de certaines armes alors que d'autres n'en ont pas. J'avoue que nous même en tant que patronat nous ignorons les critères d'autorisation du port d'armes. Or, en raison du fait que nos agents font de plus en plus front aux bandits de grand calibre, il n'est pas normal que nous auxiliaires de police, nous n'ayons pas le minimum d'armes. Il arrive très souvent que nos agents soient face à des gangsters plus équipés, plus armés qu'eux. Il faut que l'Etat de Côte d'Ivoire à travers la DST se penche sérieusement sur ce problème crucial pour plus d'efficacité des agents privés de sécurité sur le terrain. Quel type de rapport existe-t-il entre le secteur privé de sécurité et les FDS ?
Il faut préciser tout de suite que l'activité de sécurité fait partie des pouvoirs régaliens de l'Etat. C'est donc l'Etat qui a concédé une partie de cette activité aux opérateurs privés. C'est par conséquent, à l'Etat qu'il revient de définir le type de collaboration qui doit exister entre lui et le secteur privé. Théoriquement, les deux secteurs sont complémentaires, car ils participent tous à la sécurisation de la population et des biens des personnes. Mais franchement, il faut reconnaître que les rapports entre les deux secteurs demandent à être améliorés. Votre structure UNAPESP-CI est partie prenante du Salon sur la sécurité privée. Quels sont les atouts de cet évènement pour vous ?
Le Salon ivoirien de la sécurité qui se tiendra les 22, 23 et 24 mai à l'Hôtel Ivoire est une chance pour nous acteurs privés de la sécurité. Et cela faisait partie de nos projets. C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas hésité à y prendre part. Ce Salon, pour nous, sera un cadre de rencontre et de revalorisation des métiers de la sécurité et un cadre idéal pour la promotion de nos entreprises. C'est pourquoi, nous lançons un appel à la mobilisation de nos membres pour faire de ce Salon leur affaire. C'est une occasion inespérée de rassurer les investisseurs.

Interview réalisée par
Landry Kohon

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