jeudi 10 mai 2007 par Agence de Presse Africaine

Les 14 et 15 mai se tiendra à Bruxelles le Conseil affaires générales et relations extérieures de l'Union européenne (CAGRE), où la France devrait normalement être représentée par M. Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères, et par Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux Affaires européennes. Jacques Chirac et le gouvernement actuel y auront l'ultime occasion de poser un dernier acte diplomatique majeur et d'enfin soutenir l'adoption de sanctions à l'égard de tous ceux qui s'opposent au règlement pacifique de la question du Darfour, au premier rang desquels le gouvernement de Khartoum.

La tragédie en cours au Darfour se poursuit au vu et au su de tous. L'Union européenne ne s'est pas montrée à la hauteur de cette crise. Le Parlement européen, dans une résolution du 15 février 2007 consacrée à la situation au Darfour, avait pourtant recommandé l'adoption de sanctions individuelles ciblées[1][1] à l'encontre de quiconque violerait le cessez-le-feu, s'attaquerait à des civils ou entraverait les efforts humanitaires. Hélas, le Conseil de l'Union européenne s'y est jusqu'à présent refusé, notamment du fait du blocage systématique de la France sur ce dossier.

Pourtant, de telles sanctions inciteraient les différentes parties à mettre fin aux attaques contre les civils, à respecter le cessez-le-feu et à mettre en place les conditions permettant l'ouverture d'un dialogue sérieux susceptible de mener à la paix. Ces sanctions sont nécessaires pour inciter le gouvernement de Khartoum à ne plus violer le Droit international et ses propres engagements, et à enfin collaborer effectivement au renforcement de la force de protection internationale déjà présente au Darfour, bien que très insuffisante. Une initiative européenne dans ce sens pourrait stimuler les efforts du Conseil de Sécurité et contribuer à en nourrir les débats et renforcer l'action ; bien évidemment, en regard de cette urgente mise en ?uvre de sanctions, une feuille de route objective devrait être établie afin d'énumérer les différents domaines dans lesquels des changements de direction doivent être imposés, depuis le désarmement des Janjawids jusqu'à l'application de l'accord de paix avec le Sud Soudan, en passant par la fin des entraves au déploiement de l'aide humanitaire.

Nicolas Sarkozy, qui prendra officiellement ses nouvelles fonctions présidentielles dès le lendemain de ce CAGRE, s'était déjà formellement engagé au cours de sa campagne à durcir la position française et adopter des sanctions vis-à-vis de Khartoum. La France ne doit plus banaliser ses relations diplomatiques et économiques avec des régimes responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. A la veille de passer la main à une nouvelle équipe présidentielle et gouvernementale, le Président de la République et le ministre des Affaires étrangères ont l'occasion de poser un dernier acte diplomatique majeur : faire que la France rompe enfin avec son attentisme et soutienne fermement l'adoption de sanctions lors du Conseil européen des 14 et 15 mai.

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023