jeudi 10 mai 2007 par Nord-Sud

Originaire de Garahio (Gagnoa), Maître Djat-Chi Agénor, 26 ans, rêve de promouvoir le taï-chi, un art martial chinois, en Côte d'Ivoire. Et son combat est plus spirituel que physique.


Qu'est-ce que le taï-chi ?

C'est un art ancestral né en Chine qui développe la force interne. Il a pour but d'aller à l'intérieur de soi-même et de mieux se connaître. Cela permet de connaître la force qu'on a en soi et qu'on appelle le Chi. Le Taï c'est le ciel. C'est la force qui provient du ciel. Raison pour laquelle on s'entraîne à l'air libre.




Quelle est la différence entre cet art martial et les autres comme le tae-kwondo, le shotokan et autres?

Il y a une très grande différence. Le taï-chi permet de se reconstituer soi-même en tant qu'être humain, de savoir que tu es un esprit dans un corps. Les autres sont des disciplines de combat qui ont pour seul but de se défendre. Or le taï-chi va au-delà du corps et de la défense. Le taï-chi continue où le corps s'arrête. Cet art est d'abord spirituel ; il soigne et permet naturellement de se défendre comme tout art martial.




En quoi le taï-chi soigne-t-il et comment ?

Le corps humain est composé de cellules. Et l'homme est malade quand ses cellules sont touchées. Or dans la pratique du taï-chi, les taoïstes de Youtang ont développé les techniques de respiration et des mouvements qui permettent de régénérer les cellules et donc de guérir. Voilà comment cet art soigne et guérit.




Vous pratiquez cet art depuis maintenant 23 ans et ce, depuis l'âge de trois ans. Qui vous y a initié ?

Je l'ai appris de plusieurs maîtres surtout de l'ex-champion de Hong-Kong. Il y a aussi Me Kaï Chung qui n'est pas connu ici. Mon père a également participé à mon initiation. J'ai fini mon apprentissage avec un Indien du nom de Burn.




Votre père fait partie de la sécurité rapprochée de la Reine Elisabeth d'Angleterre. Votre mère aussi pratiquait les arts martiaux. C'est une affaire de famille

Si vous voulez, oui.




Initiateur du taï-chi en Côte d'Ivoire, quelles sont vos ambitions ?

C'est de développer le taï-chi en Côte d'Ivoire et faire en sorte que cet art soit vulgarisé. Aller plus loin comme cela se fait en Chine et enseigner cet art dans les hôpitaux et cliniques dans le but de renforcer les traitements des médecins.




Avez-vous un plan défini de vulgarisation du taï-chi ?

Nous comptons organiser plusieurs stages et installer les clubs de taï-chi dans les communes d'Abidjan et initier les gens au taï-chi. Au-delà, nous souhaiterions former et initier les maîtres de la ceinture noire et plus au taï-chi. Parce qu'ici on privilégie le côté physique au détriment de l'aspect interne. On veut même enseigner cet art aux forces de défense et de sécurité. Cela par exemple va permettre à un policier de dissuader quelqu'un avant de sortir son arme et non le contraire. On compte l'étendre même dans les entreprises. Permettre aux travailleurs de se relaxer après le boulot. Cela permet de lutter efficacement contre le stress.




Pouvez-vous vous mesurer à des pratiquants comme Me Baï Patrice, Yai Vincent, Siaka et autres

C'est un art de défense mais ce n'est pas fait pour les combats. J'ai un diplôme dans le métier de garde du corps. J'ai affronté des personnes plus dangereuses, j'ai même frôlé la mort dans l'exercice de mon métier. Je ne compte plus affronter un être humain, mais au-delà de l'homme. Avant d'affronter un adversaire, je le transperce sur le plan spirituel d'abord. Le combat pour moi n'est pas d'abord physique. Je n'ai peur de personne parce que je me fais confiance.




Vous n'avez jamais été champion de Côte d'Ivoire, pourquoi ?

C'est vrai. Parce que je ne combats pas car ce que je fais est très dangereux. Ce n'est pas fait pour les compétitions.




Voulez-vous dire que vous n'avez pas d'adversaire en Côte d'Ivoire ?

Pas que je n'ai pas d'adversaire, mais on ne m'affronte pas. On ne me trouble pas dans mon sommeil que j'ai mis du temps à construire. Celui qui s'essaye à ce jeu paye cash et cher.




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