mercredi 9 mai 2007 par Nord-Sud

Nous vous proposons les discours du Premier ministre et du chef d'état-major des FDS à l'occasion de cette rencontre.

() Aujourd'hui, Monsieur le Président, je pense que nous sommes là pour célébrer des retrouvailles entre nos militaires. Je pense que c'est important. C'est pourquoi, je voudrais féliciter les deux Chefs d'Etats-Majors qui ont permis que la philosophie de l'Accord de Ouagadougou, la nouvelle orientation de l'Accord de Ouagadougou, puisse descendre jusqu'à la base, au sein des deux Armées.

Monsieur le Président, je pense que c'est un symbole important. Nous avons en toute responsabilité, décidé de faire la paix. C'est pourquoi, je salue aussi les deux délégations qui ont négocié à Ouagadougou, parce que c'était important. L'Accord de Ouagadougou est allé plus loin que tous les autres Accords que nous avons signés. Je rends témoignage, parce que je suis le doyen des Accords. Quand on se retrouve souvent, j'aime à dire que je suis le doyen des Accords, parce que, moi, j'ai participé à toutes les négociations depuis, Lomé jusqu'à Ouagadougou. Donc, je les connais.

Vous savez, Monsieur le Président, quelquefois, la paix ne tient qu'à des détails. Par exemple, au respect, à la considération. Et, je pense que l'Accord de Ouagadougou intègre ces notions.

Monsieur le Président, aujourd'hui, je suis très heureux de voir les militaires, tous ensemble. C'est Ouagadougou qui a permis cela. En reconnaissant, dans l'Accord, qu'il y a deux Armées simplement. Parce que, si on continuait à dire qu'il n'y a pas deux Armées, qu'il n'y en a qu'une seule, alors que d'autres sont là-bas, qu'on les nie, qu'on nie leur existence, on ne serait pas allés là-bas. C'est pourquoi, je dis, quelquefois, la paix tient à des détails, à une petite considération, à un petit respect. Et c'est ce qui est en train de se faire.

L'Accord de Ouagadougou nous a aussi permis d'être humble. Parce que pendant 4 ans, on a fait de la surenchère. Chacun a dit : ?'J'ai gagné la guerre. Mais, si nous nous mettons dans la situation de dire : ?'On a gagné la guerre''. On n'est pas prêt à des concessions ! C'est pourquoi, l'Accord Politique de Ouagadougou nous invite plutôt à nous mettre dans la situation où on considère qu'on a tous perdu la guerre. Et quand on perd la guerre, on est humble, on est prêt à faire des concessions, on est prêt à faire des compromis. Ouagadougou est le compromis de ceux qui ont compris qu'il faut arrêter la guerre et amorcer la paix.

C'est pourquoi, Monsieur le Président, je suis là pour dire notre détermination et notre engagement à faire la paix jusqu'au bout. Et, nous n'allons pas reculer. Nous n'allons pas reculer, parce que nous savons que nous sommes dans le vrai, nous sommes dans le juste. Il faut faire la paix, pour ce pays et nous allons faire la paix. Dans l'histoire, la Côte d'Ivoire n'est pas le seul pays qui est resté divisé.

Monsieur le Président, Historien que vous êtes, vous savez que l'Allemagne était divisée en deux. L'Allemagne de l'Est, l'Allemagne de l'Ouest. Aujourd'hui, on ne connaît que l'Allemagne réunifiée. Mais, il y avait des problèmes ! Il y avait deux Armées : l'Armée de l'Allemagne de l'Est et l'Armée de l'Allemagne de l'Ouest, où chacun avait ses grades. Mais, ils ont trouvé, par amour pour la Patrie, parce qu'ils voulaient la paix, ils ont trouvé le compromis qui a fait sortir cette Allemagne qui compte aujourd'hui en Europe. La Côte d'Ivoire doit compter en Afrique, et, il nous faut faire la paix par ces compromis, ensemble, au quotidien.

Et, je pense que c'est important, Monsieur le Président. Et, ce que je voudrais dire aux militaires, c'est que pour les hommes politiques, c'est encore facile. Il y a beaucoup qui parlent de la guerre, ils ne savent pas ce que c'est que la guerre. Quand tu n'as jamais entendu le bruit d'un pistolet tu crois que la guerre est facile ! C'est pourquoi, je voudrais inviter les hommes politiques à s'engager dans la voix de la paix, parce qu'il n'y a plus d'autres solutions. Et, nous qui avons géré cette situation intenable, difficile, nous ne sommes plus prêts à mettre nos militaires face-à-face, pour qu'ils s'entretuent. Parce que toute balle qui sort d'un pistolet tiré, mais, c'est plus de veufs, plus de veuves, plus de mutilés, plus d'orphelins Il faut mettre fin à cela.

Donc, nous sommes dans la construction de la paix. Et, je veux vous rassurer Monsieur le Président. J'ai accepté d'être Premier Ministre, je jouerai le rôle qui est le mien de Premier Ministre, qui est de travailler avec le Président. J'entends les gens dirent : ?'Il y a un ?'deal'' Gbagbo-Soro''.

Monsieur le Président, peut-être avez-vous donné de l'argent à quelqu'un pour venir me le remettre, mais, sachez qu'il ne me l'a pas encore remis. Donc, si l'argent est déjà donné, qu'il vienne me le remettre.

Monsieur le Président, je lis avec beaucoup d'amusement, ce qui est écrit. Mais, comme on n'a pas la même responsabilité, c'est pourquoi j'accepte les attaques, j'accepte les critiques, même infondées. Ce n'est pas grave. Si c'est le prix à payer pour la paix, je suis prêt. Ce n'est pas grave parce que quand on a le parcours que l'on a, ce n'est pas pour de l'argent qu'on peut le faire.

Je disais, Monsieur le Président, que la paix n'est pas facile. La construction de la paix est difficile. Dans la construction de la paix, on peut avoir des contrecoups. On peut même mourir. C'est pourquoi, j'ai dit qu'il nous faut ensemble gagner cette nouvelle guerre, cette haute guerre de la paix.

Donc, je suis engagé Monsieur le Président. C'est pourquoi, je voudrais saluer cette rencontre. Et, que la rencontre d'aujourd'hui soit le symbole de cette réunification, soit le symbole de l'unité, soit le symbole de la paix.





Propos recueillis par Coulibaly Brahima

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