mardi 8 mai 2007 par Fraternité Matin

L'Accord politique a été expliqué, hier, aux militaires des FDS-CI et des FDS-FN par le Chef de l'État en présence du Premier ministre.
Les grades attribués aux militaires des Forces armées des Forces nouvelles par le secrétaire général des Forces nouvelles, Guillaume Soro et baptisées grades Soro, les arriérés de paiement des primes allouées aux Forces de défense et de sécurité de Côte d'Ivoire depuis le début de la guerre, la réforme de l'armée, l'Accord de OuagadougouTels sont les principaux sujets sur lesquels les deux armées voulaient être informées ; ce qui a justifié l'audience demandée au Chef suprême des Armées. Les militaires, gendarmes, policiers, douaniers, Eaux et Forêts présents hier, au Palais présidentiel ont reçu les instructions nécessaires en vue de mieux conduire leur mission dans l'intérêt du pays. Le Président Gbagbo avait à ses côtés, le Premier ministre Guillaume Soro Kigbafori, le ministre de la Défense, Michel N'Guessan Amani, les signataires de l'Accord de Ouagadougou, l'ambassadeur du Burkina Faso en Côte d'Ivoire, SEM. Emile Ilboudo et celui de Côte d'Ivoire au Burkina, SE. Dr Richard Kodjo.
Pour cette rencontre qui a pris l'allure d'une fête, les militaires conduits par leurs deux chefs d'états-majors, les généraux Philippe Mangou (FDS-CI) et Soumaïla Bakayoko (FDS-FN) ont effectué nombreux le déplacement. Les FDS-FN ont été transportées depuis Bouaké par de avion ivoirien avec l'accord du Président Gbagbo et conduites au Palais dans des véhicules militaires des FDS-CI, sans escorte. L'autre image caractéristique de l'évolution positive de la situation socio-politique, comme l'a fait remarquer le général Mangou, c'est le fait que les militaires des deux armées se soient installés sous les bâches de manière indistincte. Au total, cinq allocutions ont été prononcées.
Sur les différents sujets présentés par le général Philippe Mangou, le Chef de l'Etat a apporté des précisions et surtout apaisé ses hôtes pour qu'ils ne se laissent pas distraire par les ennemis de la paix qui diffusent des rumeurs dans les casernes. On n'a même pas encore parlé de ça. On n'en a pas encore discutée. Vous savez que s'il y a une décision qui vous concerne, je vous la fais savoir immédiatement. Pourquoi je ne le fais pas, c'est parce qu'il n'y a pas encore de décision. Donc allez et mettez-vous dans la tête qu'il n'y a pas encore de décision. Parce que pour moi, ce n'était pas le plus urgent. Quand on aborde un problème, on peut l'aborder de plusieurs manières. Ce qui est le plus important aujourd'hui, c'est de réunifier la Côte d'Ivoire et de faire la paix. Toutefois, il a demandé au ministre de la Défense, N'Guessan Amani de se mettre en rapport avec le Premier ministre Soro pour que dans un mois, des propositions concrètes lui soient faites.
S'agissant des primes, il a indiqué que la difficulté majeure vient du fait qu'elles ne sont pas budgétisées chaque année. A cela s'ajoute le fait que l'on s'attend d'année en année à une fin de la crise. En tout état de cause, le Président Gbagbo a promis de payer le reste des primes comme il l'a fait depuis les 5 ans que la guerre dure. Il a estimé le montant des primes payées par an entre 50 et 72 milliards et entre 4,2 et 6 milliards par mois. Dites leur de rester tranquilles et qu'on va continuer. On a du retard, ce qu'on doit, on vous le paiera. Ce n'est pas la peine qu'on s'excite sur ce problème. Il a rendu hommage au facilitateur du dialogue direct, le Président du Faso, Blaise Compaoré qui avait déjà promis de s'engager depuis la réunion d'Abuja. Il a également exprimé sa reconnaissance aux Forces nouvelles pour avoir accepté la main tendue. Je remercie les Forces nouvelles parce qu'elles ont accepté cette discussion. C'est important parce qu'on ne se marie pas seul. Le Chef de l'Etat a donc appelé à la vigilance des forces sur ces questions que les vautours et les hiboux qui répandent les rumeurs dans les casernes ne les déstabilisent pas. Intervenant sur la question de la réforme de l'armée, le Président Gbagbo a soutenu qu'il n'a pas encore décidé du quota. Car il y a de profondes réformes à faire vue la vieillesse de l'armée et de l'avancement à 55 ans de l'âge de départ à la retraite depuis la mutinerie de 1990. Ce ne sont pas de petites réformes mais des réformes en profondeur. Les réflexions ont donc pour but d'affiner les spécialités pour un vrai formatage de l'armée. Il s'est réjoui des acquis. En témoigne, la suppression de la zone de confiance pour laquelle il a dit être heureux et fier. Il a dit que l'insécurité dans l'Ouest du pays est liée à des problèmes de terre et non à la guerre. Avant d'appeler ses interlocuteurs à faire leur cet Accord parce qu'il le leur, fait par des Ivoiriens pour les Ivoiriens, contrairement aux précédents accords et résolutions onusiennes. La paix, c'est quelque chose qu'on construit soi-même. Quand tu n'as pas le c?ur d'aller à la paix, tu ne peux avoir la paix. La différence, c'est que l'Accord de Ouagadougou est notre Accord. () Ce texte-là est notre Accord. Soro, Bakayoko, c'est nous qui allons faire la paix chez nous. Les résolutions ne peuvent pas nous apporter la paix, a-t-il déclaré. Il a mis les militaires en garde contre les hommes politiques pour qui la Côte d'Ivoire n'est bien gouvernée que lorsque eux sont au pouvoir. Je vous ai appelés pour vous demander d'accompagner l'Accord de paix. Que les hiboux cessent de roder. Vous n'êtes pas des cadavres, donc que les vautours cessent de roder. Il a enfin demandé à son Premier ministre de ne point considérer les écrits et autres rumeurs selon lesquelles il aurait été acheté. Compaoré est vraiment là pour nous aider. Soro, tranquillise-toi. On a même écrit que j'ai acheté Compaoré. Compaoré est Chef d'Etat avant moi, depuis 1987. Il est plus ancien que moi. Il m'a même aidé. C'est lui que je vais acheter ? Il n'y a pas d'acheté, il n'y a pas d'acheteur. Il faut arrêter les dégâts et on arrêtera les dégâts. () Avançons cette semaine sur les autres points. Soyez unis autour du Président de la République, autour du gouvernement et des objectifs qui sont d'aller aux élections. Votre rôle, c'est de construire l'armée, a-t-il dit. Les prochaines activités à mener ont trait, a-t-il dit, à la mise en ?uvre du service civique pour lequel 20.000 tenues seront livrées à la fin de ce mois. Il a pour mission de permettre à 4.000 jeunes de retrouver leur dignité. En priorité, les milices d'auto-défense, les ex-combattants des Forces nouvelles et les jeunes marcheurs d'Abidjan.
Guillaume Soro:
Que ce soit le symbole de la réunification?. La rencontre d'hier était une belle occasion pour le Premier ministre, Guillaume Soro, de célébrer le premier mois d'existence de l'équipe qu'il dirige. Nous sommes là pour célébrer les retrouvailles entre nos militaires. Il a félicité les deux CEMA et réaffirmé son engagement en dépit des difficultés. La construction de la paix n'est pas facile. Il nous faut, ensemble, gagner cette nouvelle guerre de la paix. Que la rencontre d'aujourd'hui soit le symbole de la réunification, de l'unité, de la paix, a-t-il souhaité.
Il a relevé la qualité de l'Accord de Ouaga. Le symbole de l'Accord de Ouaga, c'est que les ex-belligérants ont accepté, en toute responsabilité d'aller à la paix. Et d'ajouter que l'Accord de Ouaga est même allé plus () La paix ne tient qu'à des détails : le respect, la considération, a affirmé le doyen des accords, pour avoir participé à toutes les négociations sur la crise ivoirienne. La rencontre d'hier est le fruit de Ouaga. C'est Ouagadougou qui a permis cela en reconnaissant dans l'Accord qu'il y a deux armées simplement, s'est réjoui le secrétaire général des Forces nouvelles et chef du gouvernement. Ouaga permet enfin aux ex-belligérants d'être humbles, de savoir que nul n'a gagné la guerre. D'où des concessions parce qu'on se dit qu'on a tous perdu la guerre. Guillaume Soro ne démord pas de sa volonté d'aller à la paix. Ouagadougou est le compromis de ceux qui ont compris qu'il faut arrêter la guerre et aller à la paix. M. le Président, je suis là pour dire notre détermination et notre engagement à faire la paix jusqu'au bout. Et nous n'allons pas reculer. Nous n'allons pas reculer parce que nous savons que nous sommes dans le vrai, dans le juste. Il faut faire la paix et nous allons faire la paix. Si des pays comme l'Allemagne sont parvenus à la réunification, ce n'est pas la Côte d'Ivoire qui n'y parviendra pas. La Côte d'Ivoire doit compter en Afrique et il nous faut faire la paix, ces compromis ensemble. Il a interpellé les hommes politiques ivoiriens à emboîter le pas aux militaires qui ignorent souvent tout de la guerre. Pour les hommes politiques, c'est encore plus facile. Beaucoup parlent de la guerre mais ne savent pas ce que c'est. Ils n'ont jamais entendu le bruit d'un pistolet. Quand tu n'as jamais entendu le bruit d'un pistolet, tu penses que la guerre est facile. C'est pourquoi je voudrais inviter les hommes politiques à s'engager dans la voie de la paix parce qu'il n'y a plus d'autres solutions. C'est nous qui avons géré cette situation intenable, difficile. Nous ne sommes plus prêts à mettre nos militaires face à face pour qu'ils s'entretuent. Parce que toute balle qui sort d'un pistolet, c'est plus de veufs, plus de veuves, plus de mutilés, plus d'orphelins. Il faut mettre fin à ça. Son rôle, en tant que Premier ministre, a rappelé M. Soro, c'est de travailler avec le Président. N'accordant ainsi aucune considération à ses détracteurs qui l'accusent d'avoir conclu un deal avec le Chef de l'Etat. Il prévient cependant qu'il n'a pas encore reçu l'argent d'un éventuel achat de conscience. Il dit accepter par la même occasion toutes les critiques émanant des médias, si tel est le prix à payer pour la paix. Auparavant, le ministre de la Défense, les généraux Mangou et Bakayoko ont réaffirmé l'engagement des militaires à aller à la paix de manière irréversible et à appliquer Ouaga intégralement. Il y a plus de mérite à faire la paix qu'à faire la guerre, a indiqué Soumaïla Bakayoko. Il a salué le fait que les politiques aient enfin décidé de suivre les militaires. Dans la déclaration de guerre faite le 4 juillet 2003. La nouvelle armée doit, selon lui, être attachée aux valeurs d'intégrité et de moralité républicaine. Le général Mangou a pour sa part salué la belle image d'union, de fraternité et de soumission aux institutions de la République démontrant ainsi que la guerre est bel et bien terminée grâce à l'Accord de Ouaga. Il a salué l'initiateur et les acteurs de ce succès. Il a dit la disponibilité et la détermination de son armée à l'appliquer. Il a lancé un appel à tous ceux qui sont encore hésitants et aux frères d'armes exilés. Nous travaillons désormais en partenariat avec nos frères des Forces nouvelles () Que nous fassions désormais fi de toutes les rumeurs. Il a promis la fin de la mise en place de toutes les structures du Centre de commandement intégré dans quelques semaines. Amani N'Guessan a encouragé les militaires qui ont déjà posé des actes importants. Car sans la paix, aucun développement n'est possible.

Paulin N. Zobo

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