A Bouaké, tous s'accordent à dire que c'est un problème de leadership qui oppose le député Allou Konan au président du conseil général M. Jean Claude Kouassi. Dans la perspective des élections à venir, chacun voudrait contrôler le PDCI pour positionner les hommes de son clan. Il est ainsi dit à Bouaké que le doyen Allou veut positionner à la candidature à la mairie, M. Nestor Kouadio, directeur général de la Sopie. Il veut aussi proposer au poste de député, M. Brou Siméon, professeur d'université, M. Abel Kouakou, secrétaire de section d'Air France Saint Martin. En ce qui concerne Jean Claude Kouassi, il envisagerait de conserver son poste de président du conseil général. Et positionner lui aussi ses proches. Il aurait envie d'?uvrer au maintien de Mme Colette Akissi comme député tout comme M. Frondoh Yao Michel, toujours à son poste de député de Djébonoua. Jean Claude Kouassi envisagerait aussi de proposer et réussir l'élection au poste de maire de Bouaké, M. Joerg Michel, son oncle. Le président du conseil général souhaiterait, par ailleurs, faire du colonel Konan, officier supérieur des douanes à la retraite ainsi que M. Konan Jacques, premier vice-président du conseil général, des futurs députés de Bouaké. Les palabres autour des élections des secrétaires de sections ne sont donc que la manifestation de la volonté très ferme de chaque responsable de clan de contrôler les postes électifs à Bouaké quand surviendront les élections primaires. Joerg Michel (ancien adjoint au maire) : C'est Allou Konan qui crée cette crise? M. Joerg Michel, ancien premier adjoint au maire de Bouaké, oncle du président du conseil général Jean Claude Kouassi et membre résident, à Bouaké, du clan de celui-ci. Dans cette interview, il accuse le député Allou d'être à la base du conflit et demande à la haute direction du PDCI-RDA de prendre ses responsabilités. M. le premier adjoint au maire, le PDCI va très mal aujourd'hui à Bouaké. Il y a deux camps qui sont à la base de cette crise. Qu'en est-il réellement ?
En réalité, il faut être juste. Le PDCI est une et indivisible pour moi. Un parti est un parti. Il ne peut pas avoir deux partis. Il peut avoir des mouvements mais le PDCI est un. Alors quand on parle de Jean Claude Kouassi, d'Allou Konan, je trouve que ce n'est pas juste parce que si ce sont deux personnalités qui travaillent pour le PDCI, ils doivent s'unir pour faire un. C'est le fils et le père, ils devraient s'entendre. S'ils ne le font pas, c'est qu'ils ne sont pas PDCI, ils ne sont pas militants du PDCI. Les militants qui se réclament d'eux se sont récemment affrontés
Vous savez, en matière d'élection, il y a toujours un vainqueur et un vaincu. Même au niveau du PDCI, on cherche à avoir plus de secrétaires de section pour les futures élections à venir. En fait, c'est ça le problème. Mais cela ne doit pas conduire à la fragmentation. Si tel était le cas, cela dépendrait principalement de la haute direction qui devrait prendre ses responsabilités.
Que pensez-vous que les autres reprochent au président Jean Claude Kouassi ?
Mais écoutez, principalement pour moi, on ne lui reproche rien. Parce que si nous devons dire la vérité puisque moi je suis quand même d'ici, Jean Claude Kouassi est en vue au niveau du conseil général. Il est venu tout jeune, il n'y a pas longtemps en politique. Et il a de l'énergie. Est-ce que c'est cela qui fâche les anciens ? Je ne pense pas puisque certains anciens sont avec lui. Mais ce qui est certain, il est président du conseil général de Bouaké, il est PCA du Fonds d'entretien routier, il a été directeur de cabinet du Premier ministre Banny, il est actuellement directeur de cabinet du Premier ministre Soro. Je ne sais pas si c'est cela qui gène les gens. Mais en fait c'est un jeune homme qui monte. Fait-il bien son travail de président du conseil général de Bouaké ?
Je peux vous dire qu'au niveau du conseil général de Bouaké, le travail est fait. Tout dernièrement, je me suis plu à calculer quelques peu ses dépenses. Il a plus de 500 millions de réalisations. C'est une zone de guerre. Donc le budget n'était pas versé intégralement. On ne peut pas bâtir dans une zone de guerre. Donc les projets ont végété quelque peu pendant les 3 années, mais il a réussi quand même à faire l'électrifictaion des villages, à construire des écoles, à construire même des dispensaires, à faire du reprofilage lourd et léger. Ça, c'est à mettre à son actif parce qu'il y a des zones qui étaient, à l'instar de Bouaké, sans budget. Mais ce que je reproche au président du Conseil général, c'est qu'il ne le fait pas sentir à toute la population par l'intervention des médias comme le font les autres.
Les gens disent que c'est un problème de leadership local au PDCI. Quelle est votre appréciation ?
Soyons justes, soyons honnêtes. Voyez, j'aime beaucoup le député Allou parce qu'à son âge il est encore vigoureux. Je connais des gens qui, à son âge actuellement traînent la canne. Il est, je dirai même, le grand père à Jean Claude Kouassi. Il ne peut pas avoir d'animosité entre les deux. En principe, il ne devait pas en avoir. Je vous donne un exemple. Jean Claude Kouassi a embauché l'épouse du député Allou Konan au conseil général. Il ne l'aurait pas embauchée s'il y avait des problèmes entre eux.
Mais, qu'est-ce qui oppose dans le fond ces deux hommes ? Puisque l'année dernière, le député Allou avait convoqué le président du Conseil général devant le chef de canton Fari ?
Ils l'ont convoqué à quel sujet ?
Je pense que c'était par rapport à la gestion du département de Bouaké. Non, je ne pense pas. Il y avait peut-être un autre problème, mais je ne pense pas que le député Allou ait convoqué Jean Claude auprès d'un chef pour un problème politique. Parce que la direction politique existe à abidjan. Sincèrement, je ne suis pas informé. Mais si c'était le cas, Jean Claude aurait répondu, je le suppose parce que c'est un enfant qui est bien élevé.
Revenons au problème de positionnement. On nous dit que le président Jean Claude Kouassi veut positionner certains membres de son écurie et que le député Allou veut en faire autant.
Ça, c'est poser la charrue avant les b?ufs. Nous sommes en période de crise. C'est le FPI qui est au pouvoir. Comment est-ce qu'on peut venir positionner des gens alors qu'on ne sait même pas si le PDCI sera au pouvoir ? Il y a des rêveurs, ça existe. Si certains pensent que cela est vrai, je ne sais pas. Mais personnellement pour moi, il est encore trop tôt pour positionner qui que ce soit. On doit d'abord positionner le PDCI avant de positionner Yao, Koffi ou Kouassi ou n'importe qui. Est-ce que les réunions prévues à Abidjan visaient à régler la crise ?
S'ils se réunissent à Abidjan, c'est peut-être par rapport aux petites crises que nous vivons ici. Parce que pour moi, ce sont de petites crises. Que le secrétaire général ou le Président Bédié prenne son bâton de pèlerin et descende ici et dise "arrêtez (je vais utiliser ce mot) vos conneries, travaillez pour le PDCI, les gens comprendront." Donc M. le maire, effectivement, il y a une crise au niveau des personnalités qui rejaillit sur le PDCI-RDA, ici, à Bouaké ?
Oui, il faut le dire tout de suite. En fait, il y a un individu qui crée cette crise. Sinon partout où vous irez, ce n'est pas parce que c'est mon neveu, mais vous n'entendrez pas dire que Jean Claude Kouassi a dit ceci sur le compte d'Allou Konan. Mais aujourd'hui, on m'a dit qu'il y a une manifestation au quartier zone où Allou a été hué. Donc effectivement, il y a une crise entre eux.
Alors, que faut-il faire selon vous pour mettre fin cette crise ?
Il faut que le Président Bédié appelle ces deux protagonistes à Daoukro et qu'il leur dise que le PDCI, ce n'est pas eux. Le PDCI, c'est le peuple de Côte d'Ivoire. Donc qu'ils taisent leurs imbécillités, il faut dire le mot pour aller dans le chemin du PDCI. En fait, cette histoire de crise part du principe que si vous n'avez pas d'argent, vous ne pouvez pas créer de crise. Ils créent la zizanie dans la population qui n'a pas les moyens de vivre.
Propos recueillis par Diarrassouba Sory
et Delmas Abib