mardi 8 mai 2007 par Le Nouveau Réveil

Nicolas Sarkozy, pur produit de la Chiraquie, le 06 mai dernier a battu la candidate de la gauche Ségolène Royal. Les deux blocs traditionnels français se sont une fois de plus affrontés à l'avantage de la droite. Pour la troisième fois consécutive. Si la gauche française supporte tant bien que mal cette "grave défaite", selon Dominique Strauss-Khan, la pilule semble beaucoup plus amère pour les socialistes africains et particulièrement les socialistes ivoiriens du FPI. Encore plus pour le Chef de l'Etat, Laurent Gbagbo. Entre les deux tours de la présidentielle française et avant la finale Sarkozy-Royal, la presse proche du FPI n'a pas pris de gants, pour afficher "Tout sauf Sarkozy". Cela parce que le régime ivoirien est convaincu, jusque-là que "c'est le régime de la droite française, conduit par Jacques Chirac, qui fait la guerre à la Côte d'Ivoire de Gbagbo". Un livre a même été écrit par le numéro deux du régime, le président de l'Assemblée Nationale, Koulibaly Mamadou, intitulé : "La guerre de la France contre la Côte d'Ivoire" ou tout simplement la guerre de Chirac contre la Côte d'Ivoire. La propagande aidant, les refondateurs ivoiriens ont réussi en trois ans à mettre dans l'esprit de leurs partisans que l'ennemi à abattre est non la rébellion des Forces Nouvelles, mais le régime Français de Chirac, de Nicolas Sarkozy, de De Villepin, de Brigitte Girardin, de Alliot MarieAu moment donc où la candidate du Parti socialiste français (parrain historique de Gbagbo et du FPI) briguait la présidence avec les faveurs des tout premiers sondages, l'espoir était grand pour le FPI, Gbagbo et son régime de renverser toutes les situations ivoiriennes. Si la marraine parvenait à chasser du pouvoir les bourreaux de l'UMP. Dès lors, à Abidjan, le FPI s'était jeté dans la campagne pour la réussite de la gauche française. Selon des indiscrétions dans l'entourage du Chef de l'Etat Gbagbo, de l'élection de Ségolène Royal à la présidence française découlerait la relecture des relations qu'il souhaitait. Partant, la France pourrait retirer dans un très bref délai ses troupes de la Licorne, la France ne pourrait plus concevoir des projets de résolution pour désarçonner le régime Gbagbo, la France serait moins regardante sur la gestion interne du régime ivoirien, la France accompagnerait Gbagbo à affronter la Communauté internationale. En un mot, la France cesserait de combattre le régime Gbagbo. La France condamnerait la rébellion et se désolidariserait de l'opposition ivoirienne. Surtout que la victoire des amis socialistes coïnciderait avec l'application de l'arrangement politique de Ouagadougou qui remet toutes les cartes et la clé des élections dans les mains de Gbagbo et de ses hommes. Ségolène élue, Gbagbo était sûr d'être réélu, puisqu'aucune ingérence extérieure ne viendrait l'empêcher de refonder en rond et d'organiser les élections à sa guise.
Voilà que contre ces calculs, Sarkozy, le "fils" de la Chiraquie, peut-être un peu plus dur que Chirac, est élu. Déduction, la France peut radicaliser sa position vis-à-vis des régimes anti-démocratiques. Entre les deux tours, Sarkozy a annoncé les couleurs en déclarant composer avec les présidents démocratiquement et clairement élus et non avec ceux qui passent leur temps à rallonger leur mandat. L'allusion est claire qui pique au vif Gbagbo et son régime qui bénéficient depuis octobre 2005 de rallonge du mandat grâce aux différents accords. Mieux, un de ses lieutenants a ouvertement dit la semaine dernière sur des chaînes internationales qu'il ne serait plus question que la France se fasse humilier sur le continent africain. Là aussi, la déduction est vite faite par les frontistes ivoiriens qui pensent dès lors que, plus que Chirac, Sarkozy pourrait travailler à faire tomber le régime. Comment contrer cette autre bourrasque, au moment où on pensait que tout était déjà gagné ? Voilà la question à débattre dans les laboratoires de la refondation qui devront trouver d'autres stratégies. Face à ce fin et ferme stratège de Sarkozy qui entend faire respecter la France. L'élection de Sarkozy est comme un électrochoc qui risque de changer toutes les donnes. Le paternaliste Chirac cède la place à un fougueux et pragmatique. Qui ne juge pas et n'agit pas sur les sentiments, mais sur du correct et du juste.

Eddy PEHE

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