lundi 7 mai 2007 par Le Matin d'Abidjan

Les nuages se dissipent. Plus rien aujourd'hui ne devrait pouvoir contribuer à maintenir encore longtemps, suspendues, les relations entre la Côte d'Ivoire et ses principaux bailleurs de fonds. Les discussions ont repris.

La Banque mondiale et le FMI sont annoncés à nouveau en Côte d'Ivoire du 2 au 15 mai prochain. La mission conjointe y sera pour constater certainement sur le terrain, l'évolution de la situation politique qui s'est nettement améliorée depuis le récent accord de Ouaga. Elle vient également poursuivre les discussions entamées avec les représentants du gouvernement ivoirien mi-avril dernier à Washington, dans la perspective d'une reprise de la coopération. Enfin, est-ce le retour progressif et définitif des institutions financières de Bretton Woods ? On peut se permettre cet espoir.
R Pourquoi faut-il y croire ?
Il y a plus de 5 ans que le FMI et la Banque mondiale ont rompu les relations avec la Côte d'Ivoire du fait de la crise. Le pays est resté privé de tout appui extérieur. Les missions conjointes de ces institutions financières internationales qui se sont succédées jusque là à Abidjan n'ont pas encore permis un réengagement financier de ces dernières en Côte d'Ivoire. Même si celles-ci se sont toujours félicitées, à chaque passage, des progrès réalisés par les autorités ivoiriennes. Notamment en matière de bonne gouvernance et d'assainissement des finances publiques. Les bailleurs de fonds, en dépit des efforts rélevés sont restés attachés à des préalables qui sont : la réunification du pays et surtout l'apurement des arriérés de dettes du pays vis-à-vis de la banque mondiale. Aujourd'hui, ces conditionnalités sont presque satisfaites. Le récent accord de paix, baptisé accord de Ouagadougou, a mis fin à la crise qui a maintenu la Côte d'Ivoire coupée en deux depuis le 19 septembre 2002. Le démantèlement de la zone de confiance est effectif, signe que la paix est revenue. Le chef de la rébellion armée, M. Soro Guillaume, nommé depuis quelque temps, chef du gouvernement ivoirien, a montré de bonnes dispositions qui rassurent sur sa volonté d'aller à une sortie définitive et durable de la crise. Fait salué du reste par toute la communauté nationale et internationale. Sur la question des arriérés, la Côte d'Ivoire et la Banque mondiale sont parvenues il y a peu, à Washington, à un accord sur les arriérés dûs. Ce qui devrait faciliter une reprise des prêts et crédits en faveur du pays. A ce jour, l'Etat accuse des arriérés de 237 milliards Fcfa envers la Banque mondiale. La dette atteindra 310 milliards Fcfa à fin décembre 2007. Mais l'accord conclu en marge des assemblées de printemps de la Banque mondiale et du FMI tenues à Washington offre des faveurs au gouvernement ivoirien. La Côte d'Ivoire n'est pas soumise à un remboursement systématique. Elle a la possibilité d'aller jusqu'à fin février 2008 pour éponger complètement cette dette. Et là-dessus, les deux représentants ivoiriens, à savoir le ministre d'Etat, Bohoun Bouabré et l'argentier, Diby Charles, ont rassuré les autorités de la Banque quant au respect de l'engagement pris pour un apurement total.

Les dossiers à analyser
Le FMI est aussi prêt à appuyer la Côte d'Ivoire. Mais jusque là, la Côte d'Ivoire attend des faits concrets. En mai 2006, des discussions avec cette institution ont abouti à un accord sur un programme d'assistance d'urgence post-conflit. La Côte d'Ivoire devait ainsi bénéficier d'un montant de 120 millions de dollars, soit environ 60 milliards Fcfa. Mais cet accord n'a pu être appliqué. Le conseil d'administration du FMI ayant noté que la Côte d'Ivoire n'avait pas soldé ses arriérés vis à vis de la Banque mondiale. La mission qui séjourne bientôt à Abidjan poursuivra les discussions sur ce programme. Elle fera aussi une revue générale de l'Economie ivoirienne. Comme c'est le cas tous les deux ans, pour tous les pays membres du FMI. Le Fonds relève en fait que la crise a freiné la croissance économique de la Côte d'Ivoire. Il entend donc inscrire ses interventions dans le sens d'une normalisation à ce niveau et faire en sorte qu'il y ait des ressources pour financer la santé, l'éducation et les infrastructures. Le FMI et la Banque mondiale, au dire de son représentant résident, M. Philippe Egoumé, poursuivra également les discussions sur l'exécution du budget 2006 et celui de 2007. Les bailleurs de fonds souhaitent en fait que l'état d'exécution du budget soit fourni au conseil des ministres chaque trimestre et publié. Autre chose, les institutions financières veulent en savoir davantage sur l'utilisation des prélèvements faits au niveau de la filière café cacao. Même si la Banque mondiale constate des améliorations à ce niveau. Les données physiques et financières du secteur sur les prélèvements qui vont aux structures de la filière lui étant régulièrement fournies. Par ailleurs, le FMI et la Banque mondiale se seraient entendus avec les autorités ivoiriennes pour qu'il y ait des audits dans le secteur de l'énergie. Il s'agit, pour les bailleurs de fonds, de mieux comprendre l'organisation de ce secteur, de l'améliorer au besoin et surtout de faire en sorte que l'Etat puisse récupérer la part qui lui est due dans les ressources pétrolières. Ce qui, soutient la Banque mondiale, devra permettre à la Côte d'Ivoire de soutenir efficacement les programmes de sortie de crise.

Vincent Kouassi
Kouassiv2002@yahoo.fr

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