lundi 7 mai 2007 par Le Matin d'Abidjan

Tentative d'intimidation et de musellement. C'est ce qu'on doit retenir du passage le week end dernier d'un commando armé dans les locaux de votre quotidien préféré qui a décidé d'accompagner le processus de paix en dénonçant tous les actes et manigances tendant à entraver la mise en application de l'accord de Ouaga.

Dans la nuit du vendredi 4 au samedi 5 mai 2007, le siège du journal ''Le Matin d'Abidjan'' sis aux II Plateaux Vallon, non loin du magasin ''Kastoupri'' à la rue des jardins, a reçu la visite de bandits lourdement armés. Les faits se déroulent entre 2 h et 3 h du matin. Au nombre de six, selon le vigile, qui a été maîtrisé, ligoté puis enfermé dans les toilettes, les quidams étaient munis de kalachnikov, de pistolets et autres gourdins. Habillés dans des tenues militaires et tee-shirts à l'effigie de la Police nationale, les malfaiteurs ont défoncé les portes des bureaux avant de les mettre sens dessus dessous. L'un après l'autre, les bureaux du directeur de publication, M Pierre Lemauvais, du service financier et du rédacteur en chef ont été passés au peigne fin. Tous les tiroirs et coffres de l'administration ont été fouillés de fond en comble, leur contenu jonchant le sol après leur opération. Le butin à ce niveau se chiffre à plus de 3.500.000 FCFA en espèces emportés dans les coffres, des chemises contenant des documents confidentiels, un poste téléviseur et un DVD. Après cette première étape, les bandits, maîtres des lieux, descendent à la salle de rédaction et la salle technique situées au sous-sol de l'imposant bâtiment abritant le siège du journal. Là aussi, ils fouillent de fond en comble tous les tiroirs. Après leur opération, le désordre y est total : les tiroirs des bureaux et les placards contenant le matériel de travail et les effets des journalistes sont saccagés. Quatre appareils photo argentiques et numériques, des dictaphones et des chemises contenant des documents de diverses natures ont fait les frais des quidams. A bien y voir, les malfrats qui ont eu accès à l'enceinte du journal en escaladant la clôture arrière qui donne sur un bas fond étaient certainement à la recherche de documents compromettants pour des tiers que détendrait la rédaction. C'est ce qui explique sans doute la fouille minutieuse dont les tiroirs et placards ont été l'objet. Ici et là dans les bureaux, les rédacteurs ont constaté à leur retour au service que des chemises dans lesquelles ils conservaient des papiers importants ont été emportées par les bandits. Il faut dire que depuis quelque temps, les responsables du journal subissent des pressions de la part de certaines personnes qui les accusent de ne pas les ménager. Et mieux, d'ouvrir grandement les colonnes du journal à la rébellion armée ces derniers temps en froid avec ses alliés du G7. Le commissariat du 12e arrondissement, saisi de l'affaire, a ouvert une enquête qui suit son cours.

Une tentative de musellement
Dans le paysage de la presse nationale qu'il a intégré seulement le 31 octobre 2005, soit depuis près d'un an et demi, " Le Matin d'Abidjan " est un organe qui compte. Il a réussi à s'imposer aux Ivoiriens par la qualité de ses écrits et depuis sa côte ne cesse de monter. Au point de figurer aujourd'hui dans le Top 6 des meilleures entreprises de presse de Côte d'Ivoire. Bien évidemment, cette montée en flèche du journal qui s'est donné pour ambition de renverser la tendance n'est pas faite pour plaire à tout le monde. Notamment ceux qui ont décidé d'attenter d'une façon ou d'une autre à la sûreté de l'Etat, mais aussi ceux qui posent des actes en contradiction avec les lois et la morale. Le journal qui gagne en crédibilité se retrouve donc depuis quelque temps dans le collimateur de certaines personnes qui se plaignent des écrits de la rédaction. Et de proférer des menaces à l'endroit de l'équipe rédactionnelle et des responsables de la maison. C'est ainsi que ces derniers temps, le journal a essuyé le courroux de dignitaires des principaux partis politiques épinglés dans un article sur la gestion de la subvention allouée par l'Etat. ''Financement des partis politiques - Bédié, Ado et Affi accusés de détournement '', tel était le titre de l'article qui a valu une levée de bouclier de la part des états major du PDCI, du RDR et du FPI. Pourtant l'usage d'une grande partie de la manne de 800 millions octroyée à chaque formation politique est un fait indéniable. De toutes les réactions - parfois des tentatives d'intimidation et des menaces formelles - qui ont suivi la publication de l'article émanant des trois chapelles, nulle part on n'a noté un démenti de l'information. Seulement, le sujet est un tabou qu'il fallait avoir du cran pour évoquer. Un autre sujet qui a valu de vives critiques au journal qui défend par essence les institutions de la République, c'est le large écho fait du rapprochement entre les jeunes patriotes conduits par Charles Blé Goudé et la rébellion armée. Mais et surtout le fait que les colonnes du journal soient ouvertes au porte-parole du MPCI, le ministre Konaté Sidiki, pour brocarder le RHDP qui voit d'un mauvais ?il la nomination de Soro Guillaume au poste de premier ministre. Or les "Une " successives réservées à ce sujet ne visent qu'à aider la rébellion à tenir ses engagements dans le cadre du processus de paix. Autre fait à ne point négliger, c'est la réaction de la direction de la FESCI à maints reprises, suite à la publication d'articles touchant aux tares qui minent le mouvement. En effet, les responsables de ce syndicat estudiantin et leurs militants qui ont toujours crié que " le Matin d'Abidjan " qui est un journal qui défend la République est mal placé pour jouer ce rôle. Là où les autres confrères toutes tendances confondues se gardaient de le faire. Comme la FESCI, la plupart de ces acteurs avaient prévenu qu'ils feraient une descente au siège du journal. Mais de quelle façon ? On a peut-être une première réponse avec cette descente musclée et nocturne d'inconnus armés de kalachnikov sur la rédaction. Aussi le fait que des papiers aient été emportés conforte dans l'idée qu'il ne s'agit pas d'un banal fait divers. Mais bien évidemment, cela ne saurait suffire pour que nous baissions les bras. " Le Matin d'Abidjan " continuera d'?uvrer en vue de tenir son pari de toujours informer les Ivoiriens et " renverser la tendance ". Vaille que vaille, nous accompagnerons le processus de paix jusqu'à son terme. Une tâche à laquelle nous ne nous déroberons jamais.

Emmanuel Akani

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