lundi 7 mai 2007 par Le Nouveau Réveil

La paix a un prix. Et souvent, le prix de la paix se chiffre en milliards. Ce n'est pas le Séminaire gouvernemental qui s'est tenu à Yamoussoukro qui dira le contraire. Le 2 mai dernier, ce séminaire qui a regroupé autour de Guillaume Soro tout son gouvernement ainsi que les partenaires au développement a estimé à 147 milliards de FCFA, le montant qu'il faut à la Côte d'Ivoire pour s'acheter sa paix. Après près d'une demi dizaine d'années de crise politico armée. L'Etat ivoirien a-t-il les moyens de débourser cette faramineuse somme pour avoir la paix ? Il semble que non. C'est pourquoi, il a dit ce dont il est capable. C'est-à-dire ne payer que le tiers des 147 milliards. Et le reste ? Qui paie la différence ? Et bien, la Côte d'Ivoire a demandé à la communauté internationale de l'aider à payer les deux tiers restants. Ce qui représente près de 100 milliards. Une note très salée selon la communauté internationale elle-même. Qui a clairement fait savoir à l'Etat ivoirien que sa part était très élevée. Et a émis des réserves quant au règlement de sa "quote-part". Faut-il s'étonner outre mesure de ce "refus poli" ou de cette hésitation de la communauté internationale ? Quiconque a suivi les dernières évolutions de la situation politique ivoirienne ne devrait pas être surpris. En signant l'accord de Ouaga entre belligérants et à l'écart de la communauté internationale, Laurent Gbagbo et Guillaume Soro avaient déjà fait le requiem de ladite communauté internationale. Cette dernière pressée par les partisans du Chef de l'Etat a déjà commencé à débarrasser le plancher. Ainsi, les structures onusiennes telles que OCHA, Médecins Sans Frontières, le PAM, qui ont contribué à alléger les peines et les souffrances des populations tant dans les zones gouvernementales que celles sous contrôle des Forces Nouvelles, ont commencé à plier bagages. En outre, il en a fallu de peu pour que l'ONU " enlève son pied " dans la crise. Selon la volonté, toujours des refondateurs. Il y a eu donc de la part de certains dirigeants ivoiriens, une volonté de voir la communauté internationale se mettre à l'écart de la gestion de la crise que traverse le pays. Alors questions. Comment peut-on demander le départ de la communauté internationale et lui demander par la même occasion de contribuer au financement de la résolution de la crise ? Son refus se justifie donc. C'est pourquoi, le gouvernement tente d'explorer d'autres voies. Et le voyage du premier ministre Guillaume Soro à Tunis, n'est pas fortuit. Selon des indiscrétions, le séjour de 24h de Soro à Tunis avait un double objectif. Il s'agissait certes de demander à la BAD de revenir, mais aussi et surtout le soutien financier de la Banque. C'est-à-dire dans quelle mesure la BAD pourrait contribuer au financement du processus de sortie de crise.

Menace sur le chronogramme de l'accord politique de Ouaga
En tout état de cause, la difficulté du financement du processus de paix pose celle du respect du chronogramme de Ouaga. En effet, après la formation du gouvernement le 7 mai passé, l'inauguration du CCI, le démantèlement de la zone de confiance et l'installation de la Brigade mixte de N'Gattadolikro qui ne nécessitaient pas d'apport financier, les autres points du chronogramme, à savoir le démantèlement des milices, le redéploiement, le début des audiences foraines nécessitent énormément de moyens financiers. Si donc il est difficile à l'Etat de réunir de l'argent pour sortir de la crise, il est clair que le chronogramme connaîtra du retard. Par manque de moyens.
Paul Koudou

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