lundi 7 mai 2007 par Le Nouveau Réveil

"Silence, on fait la paix !" pourrait-on dire sans grand risque de se tromper. La paix n'aime pas le bruit. Tout comme l'argent. Ont décidé et signé les deux belligérants, qui hier encore, à la tête des deux armées, faisaient du grand bruit. Et pour dénigrer l'adversaire, dénoncer ses travers ou lui envoyer un message fort, ils mettent à contribution, tous ceux qui savent et ne peuvent faire du bruit. L'accord, qui a scellé la réconciliation entre les frères ennemis d'hier prévoyait, chacun s'en souvient, un chronogramme clair du processus. Ainsi, après la signature de Ouagadougou, devraient suivre successivement l'ordonnance d'amnistie générale, la mise sur pied du centre de commandement intégré (CCI), la nomination du Premier ministre, la formation du gouvernement, le démantèlement des milices, le désarmement, le redéploiement de l'administration, l'identification, les élections. Le tout devant tenir sur 10 mois. Sur les neuf (09) points du processus, il y a ceux qui relèvent de la théorie ou d'une simple décision (l'amnistie, la création du CCI, la nomination du Premier ministre et la formation du gouvernement). Il y a ceux qui relèvent de la pratique sur le terrain, donc de la volonté politique et du réel engagement (le démantèlement des milices, le désarmement, le redéploiement de l'administration, l'identification et l'organisation des élections. La suppression de la zone de confiance et les autres pans du désengagement de la communauté internationale, n'étant que les conséquences de la volonté politique à la pratique ou aux résultats, devraient suivre logiquement.
De retour de Ouagadougou, le chef de l'Etat se mit avec célérité à réaliser ce qui, sur les 9 points, relève de la théorie ou d'une simple décision sans grande incidence sur sa détermination à conserver le pouvoir. Les Forces nouvelles y donnèrent la caution qu'il fallait sans bien se préoccuper de quoique ce fut. Pour Gbagbo, les vrais problèmes sont dans la partie de la volonté politique, qui devront créer les conditions de conservation ou de la perte du pouvoir. L'enjeu se trouve dans cette partie. Les Forces nouvelles donnent l'impression que l'enjeu se trouve dans le fait de s'afficher pacifiste pour sans doute avoir un blanc seing, à valeur de ticket de sortie honorable et juteuse. Ainsi, pendant que Gbagbo et les siens manoeuvrent pour, non seulement reprendre en main le processus, ses articulations, ses moyens et ses hommes, Soro et les siens s'évertuent à les accompagner.
Au nom de la paix qui, en fait, n'en est une pour eux que si elle est à leur seul compte. Ainsi, dans la formation du gouvernement, le camp présidentiel a repris la clé des élections. Au pré-séminaire de Bassam, il donna la mesure de ce qu'il entend faire pour écraser les autres et la démocratie avec eux. Au séminaire du gouvernement à Yamoussoukro, rien de clair n'a été dit justement quant au calendrier du démantèlement des milices, le désarmement, le redéploiement de l'administration, l'identification et l'organisation des élections, enfin tout ce qui a trait à la volonté politique. De fait, dans cette sorte de partage de rôles après Ouaga, Gbagbo a déjà réussi à installer Soro dans une délicate position. Le chef de l'Etat a presque sauté sur la réalité pour se donner les allures de champion de la paix, en laissant la difficile pratique à Soro Guillaume qui devra s'y frotter après l'euphorie de la nomination et des retrouvailles de réconciliation. les Ivoiriens qui, au-delà des embrassades entre Soro et Gbagbo, du bal poussière entre Sidiki Konaté et Simone Gbagbo, attendaient dans l'immédiat le démantèlement des milices, le désarmement, l'identification, l'organisation des élections devront attendre encore. Jusqu'à quand ? Nul ne le sait. Le Premier ministre, dans son premier discours, a fait injonction à tout le monde de quitter le champ du fétichisme des dates, tandis que Gbagbo, à l'inauguration du CCI, disait que plus rien ne devrait s'opposer à la tenue des élections. Le porte-parole des Forces nouvelles, Konaté Sidiki menace de représailles, particulièrement les journalistes et l'opposition, quiconque oserait avoir une réflexion ou s'interrogerait sur la suite du processus de sortie de crise. La réconciliation et le partage du pouvoir ( ?) entre Gbagbo et Soro devraient suffire aux Ivoiriens. Pour les vrais problèmes, passez demain.
Par Eddy Péhé

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