samedi 5 mai 2007 par Reuters

LONDRES - Le groupe d'informations et de données financières Reuters Group a déclaré vendredi avoir été approché en vue d'une offre de rachat dont le groupe canadien de médias Thomson (TMS) Group est présenté comme l'auteur le plus probable.

Le site internet du quotidien canadien Globe and Mail a rapporté que Thomson (TMS) serait en discussion pour acquérir Reuters, citant des sources proches des deux groupes.

Reuters s'est refusé à tout commentaire. Thomson (TMS) n'a pas démenti, se bornant à indiquer qu'il ne commentait pas les articles de presse.

Le fonds alternatif ValueAct, deuxième actionnaire de Reuters derrière Schroder Investment Management, avec 83,55 millions d'actions soit 6,59% du capital, a déclaré qu'il pourrait, en fonction de l'offre, soutenir une cession du groupe et qu'une fusion avec Thomson constituerait une "superbe association".

Le Financial Times a rapporté quant à lui, vendredi soir sur son site internet, que Reuters semblait parti pour approuver une offre de Thomson Corp et disposé à la recommander.

Le cours de l'action Reuters s'est envolé, gagnant jusqu'à 32% et atteignant un plus haut de cinq ans à 649,75 pence, valorisant le groupe à environ 8,2 milliards de livres (12 milliards d'euros), le marché anticipant une bataille boursière pour le contrôle de la première agence de presse mondiale.

Les valeurs des médias ont monté en Bourse depuis l'annonce mardi par News Corp, le groupe de Rupert Murdoch, d'une offre de cinq milliards de dollars sur Dow Jones & Co, qui a été repoussée par l'actionnaire de contrôle de l'éditeur du Wall Street Journal.

Thomson (TMS), qui a renforcé sa division informations financières, vend actuellement son département d'édition scolaire dont des analystes estiment qu'il pourrait lui rapporter 5 milliards de dollars.

Thomson (TMS) occupe le troisième rang sur un marché de l'information financière dominé par Reuters et son concurrent non coté Bloomberg. L'acquisition de Reuters ferait de Thomson (TMS) le leader incontesté du marché tout en offrant d'importantes opportunités de réduction de coûts, estiment des analystes.

"Thomson et Reuters iraient très bien ensemble", écrivent des analystes du courtier Numis Securities dans une note de recherche. D'autres analystes estiment que l'action Reuters pourrait s'échanger jusqu'à 750 pence dans la perspective d'une acquisition.

Des traders et des analystes ont aussi estimé qu'une offre de Thomson (TMS) pourrait déclencher une surenchère, évoquant parmi les candidats en puissance le moteur de recherche Google (GOOG), Microsoft (MSFT) ainsi que des groupes de capital-investissement, pouvant éventuellement travailler avec les dirigeants de Reuters.

Le groupe Bloomberg a de son côté fait savoir qu'il n'envisageait pas de faire une offre ni sur Dow Jones ni sur Reuters.

UNE OFFRE AMICALE EST POSSIBLE

"Reuters complétera les positions de Thomson (TMS) Financial dans l'institutionnel obligataire, les ventes et le trading", écrivent des analystes de Merrill Lynch dans une note de recherche.

"Le montant des économies potentielles pourraient être important, mais le processus d'intégration sera vraisemblablement difficile et compliqué", ajoutent-ils.

Thomson (TMS) ne devrait pas pouvoir financer une telle acquisition intégralement en cash, a estimé une source bancaire tandis qu'un avocat spécialisé dans le droit de la concurrence à Washington, qui a requis l'anonymat, a noté que l'opération risquait de soulever "des questions vraiment sérieuses" de la part des autorités antitrust. Le service First Call de Thomson (TMS) Financial est ainsi un concurrent direct de Reuters Estimates, spécialisé dans l'élaboration de consensus sur les résultats des sociétés cotées et la diffusion de notes de recherche de bureaux d'analyse.

L'action Reuters affichait une hausse de 25,1% en clôture à la Bourse de Londres à 615,75 pence, connaissant sa troisième plus forte séance de hausse depuis sa mise sur le marché en 1984. L'action Thomson (TMS) a pour sa part peu varié alors que la capitalisation boursière du groupe canadien est de l'ordre de 31 milliards de dollars canadiens (20,6 milliards d'euros).

"Le conseil de Reuters confirme qu'il a reçu une approche préliminaire de la part d'une tierce partie, qui pourrait déboucher, ou ne pas déboucher, sur une offre faite sur Reuters", a expliqué le groupe de nouvelles et d'informations financières dans un communiqué.

"Il n'y a aucune certitude qu'une offre soit faite ou que les autorisations nécessaires, y compris celles requises par les statuts de Reuters, soient reçues", a-t-il ajouté.

Suivant les statuts de Reuters, une seule action spécifique détenue par The Reuters Founder Share Co peut bloquer une offre hostile.

The Reuters Founder Share Co est géré par 15 administrateurs (trustees) chargés d'assurer l'"indépendance, l'impartialité, l'intégrité et la liberté de tout préjugé" du groupe de nouvelles et d'informations financières.

Une offre amicale reste cependant possible.

Les trustees de reuters n'étaient pas joignables dans l'immédiat.

Le commissaire européen au Marché intérieur, Charlie McCreevy, est opposé aux actions spécifiques dont il considère qu'elles entravent la liberté de mouvement des capitaux théoriquement garantie par l'UE.

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