samedi 5 mai 2007 par AFP

ABIDJAN - Les structures de gestion de la filière cacao
en Côte d'Ivoire devraient être "liquidées" et confiées à des opérateurs
privés pour mettre fin à la gestion opaque et aux prélèvements occultes, selon
un rapport d'audit financé par l'Union européenne (UE) publié samedi.
La Bourse du Café Cacao (BCC, structure de commercialisation en Côte
d'Ivoire), et le Fonds de développement des activités des producteurs de café
et cacao (FDPCC) "devraient être liquidés" et laisser place à des "structures
interprofessionnelles" créées par des opérateurs privés, souligne le rapport
publié samedi par plusieurs quotidiens ivoiriens.
Ce rapport, commandé par le gouvernement ivoirien, financé par l'UE et
rédigé par des consultants européens, demande également la suspension des
prélèvements "illégaux" qui financent le Fonds de régulation et de contrôle
(FRC) du cacao, chargé de compenser les pertes liées à d'éventuelles chutes
des cours mondiaux.
"La BCC n'a de bourse que de nom, il n'existe aucun mécanisme de gestion
des prix permettant de légitimer l'existence du FRC. Le FDPCC n'assure pas une
redistribution équitable des ressources entre tous les producteurs", accuse le
rapport, qui juge "absolument nécessaire de faire un audit complet de
l'utilisation des ressources confiées" à ces structures.
Il estime également nécessaire que "l'Etat, ou tout ayant droit, puisse
engager des poursuites pénales en cas d'abus de bien sociaux et afin de
récupérer les ressources éventuelles détournées".
A la demande du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque
mondiale (BM), les autorités ivoiriennes ont libéralisé la filière cacao à
partir de 1999 et dissout la Caisse de stabilisation des cours du café cacao
(Caistab, organe étatique qui régulait le commerce du cacao).
Les réformes introduites dans la filière en 2000 ont abouti à la création
d'une multitudes de structures de "gestion" dont la BCC, le FDPCC et le FRC.
Le 18 janvier, des planteurs de cacao de Côte d'Ivoire avaient accusé les
responsables de ces structures de "détournements de fonds" et de "pillage
systématique".
En novembre 2006, le ministre ivoirien du Plan, Paul Bohoun Bouabré, un
proche du président ivoirien Laurent Gbagbo, avait regretté la manière dont
avait été conduite la libéralisation et dénoncé le caractère "budgétivore" des
multiples structures de gestion qui ont remplacé la Caistab.
La campagne de cacao ivoirien 2006/2007 devrait se solder par une
production officielle en baisse aux alentours de 1 million de tonne, contre
1,4 million en 2005/2006, selon les responsables du secteur.
La BM a annoncé en janvier dernier le lancement d'un audit sur la gestion
du cacao et des énergies, notamment du pétrole, en Côte d'Ivoire "pour aider
le gouvernement à savoir ce qu'il se passe dans ces filières".
En 2005, la BM et l'Union européenne (UE) avaient déjà lancé un audit,
resté sans suite, sur le cacao ivoirien, qui génère des revenus très
importants mais dont la gestion est réputée opaque.
La Côte d'Ivoire est le premier producteur mondial de cacao, qui lui
fournit des revenus très importants mais dont la gestion est réputée très
opaque.
Le café et le cacao représentent 40% des recettes des exportations de Côte
d'Ivoire et 20% de son PIB selon le FMI. L'Union européenne demeure la
principale destination du cacao ivoirien avec 61% des exportations.

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