vendredi 4 mai 2007 par L'intelligent d'Abidjan

M. Madiassa Maguiraga, docteur-ingénieur en électronique, ancien chercheur à la Nasa, est le président du parti populaire pour le progrès du Mali. Candidat malheureux à l'élection présidentielle du dimanche 29 avril 2007, l'homme de science n'a pas mis du temps à reconnaître la victoire et le mérite du président sortant Amadou Toumani Touré. Dans cet entretien, Maguiraga demande à l'opposition regroupée au sein du front pour la Démocratie et la République, de mettre l'intérêt de la nation avant tout et se dit prêt à travailler avec le président élu, ATT. Entretien

Dr, au cours d'une déclaration télévisée vous avez demandé aux Maliens d'accepter le verdict des urnes. Dans quel but avez-vous fait cette déclaration ?
J'ai fait cette sortie pour plusieurs raisons. D'abord, c'est parce que c'est moi qui ai conçu le premier fichier électoral en 1996 et ensuite en 1997. Donc, je sais ce que c'est que le fichier. Deuxièmement, je suis un candidat et à ce titre, je devais expliquer aux gens ce qui s'est passé. Quand les candidats regroupés au sein du Front pour la Démocratie et la République disent qu'il y a eu fraudes massives avant, pendant et après l'élection, je dis tout de suite que ce n'est pas une assertion qu'ils peuvent documenter. Tous les partis politiques ont participé à la confection du fichier électoral bien avant l'élection. Je voudrais leur dire que leurs réclamations ne sont pas justifiées et c'est le sens de ma sortie à la télévision.

Est-ce vrai que vous avez été acheté par la président ATT comme le soutiennent vos détracteurs ?
Par rapport à quoi ils disent que j'ai été acheté ? Les observateurs étrangers présents, ont donné aussi la même explication que moi. C'est facile de dire que quelqu'un a été acheté et pour quoi je n'ai pas été acheté par eux-mêmes aussi ? Je n'étais un candidat appartenant à un groupe et je vous dis que je me suis présenté avec l'intention de faire connaître mes idées sur le développement du pays. C'est ce que j'ai dit et beaucoup de gens ont apprécié, même si cela ne s'est pas montré dans le vote.

Pendant la campagne vous avez dit que vous ne voulez pas être directeur, député ni conseiller, mais que vous ne visez que la présidence. Maintenant que vous n'êtes pas élu, que ferez-vous donc ?
Comme je l'ai dit, j'ai des idées qui ne peuvent être transmises qu'au cours d'une campagne présidentielle et si elles doivent être appliquées, elles ne pourront l'être qu'à partir de la présidence de la République. Si j'avais été élu, ce programme pourrait voir le jour. Pour l'instant, je continuerai de vaquer à mes occupations en faisant la promotion de mes ouvrages scientifiques ; que ce soit les télécommunications ou les mathématiques et je compte reprendre mes activités au niveau de mon centre, que je voudrais mettre au service de l'Afrique toute entière. Mais, je n'ai pas encore atteint mes objectifs, parce que nous voulons faire de ce centre, une grande école internationale pour les technologies avancées et surtout la recherche dans le domaine de l'informatique au même titre que les écoles Européennes. C'est tout un programme et j'espère que ça pourra voir le jour.

Etes-vous prêt à travailler avec le président ATT s'il vous faisait appel dans le prochain gouvernement vu vos qualités de savant ?
Moi, je suis toujours prêt à travailler pour mon pays. Au départ, je ne voulais pas être dans un système de gouvernement et mes affaires marchaient très bien jusqu'au moment où on a refusé de me payer les travaux que j'ai faits dans le cadre du fichier électoral et l'entreprise n'a connu que de problèmes. Néanmoins, je suis resté et j'ai formé pas mal de jeunes Maliens dans plusieurs domaines. Alors, si le président ATT me fait appel dans le domaine de mes compétences, je n'hésiterai pas un instant à saisir cette main tendue pour l'intérêt supérieur de mon pays. Si un chercheur comme moi fait de la politique, c'est bien parce que les politiciens m'ont utilisé en dessous de ma valeur. Pendant 37ans après ma formation, le Mali ne m'a pas fait appel pour que je travaille réellement dans mon domaine. Donc, je serais heureux qu'un chef d'Etat reconnaisse ma valeur.

Après ce large score, peut-on dire que ATT est l'homme de la situation ?
En 2002, IBK, avait eu plus de voix à Bamako, alors que cette année, ATT a renversé la tendance et l'écart est très grand. C'est cette performance du président ATT effraye un peu ceux qui crient à la fraude. L'écart est si grand qu'on perdrait du temps à se battre et le Mali n'a pas besoin de ça. A mon avis, ATT mérite sa victoire et il a gagné cette élection au premier tour.

D'aucuns disent que c'est parce que vous êtes redevable au président ATT, que vous avez vite fait de reconnaître sa victoire et qu'il aurait même payé votre facture d'électricité et votre caution pour la présidentielle
(Rires) Non, ils racontent plutôt le contraire. C'est IBK qui m'a donné des conseillers pour parrainer ma candidature. Donc, normalement c'est à lui IBK que je devais être redevable. Mais néanmoins, je suis redevable de personne et je vous dis que j'ai eu de la peine à payer ma caution. Et je vous dis que personne ne paie mes factures d'électricité. Le financement du Parti Populaire pour le Progrès se fait par quelques opérateurs économiques qui donnent de petits montants et c'est pour cette raison que nous n'avons pas pu sillonner beaucoup de régions à part celle de Kayes. La campagne a été faite avec les supports médiatiques de l'Etat.

Représentez-vous vraiment 1,5% des suffrages exprimés sur 6.800.000 électeurs comme l'indiquent les résultats provisoires ?
Je vous dis que mes idées sur le développement ont été appréciées. Mais, les gens ont plusieurs raisons de choisir qui voter. Pour moi, le score n'avait aucune importance, parce que je savais que je ne pouvais pas battre quelqu'un comme ATT qui a fait du bon travail et qui a mené une bonne campagne.

Vous êtes le premier Malien à travailler à la Nasa depuis 1967,
Parlez-nous un peu de votre expérience
J'ai travaillé à "Purdue university'' en Indiana aux Etats-Unis, où j'ai fait mon doctorat. Entre 1967et 1968, j'avais un projet de recherche sur le contrôle des fusées Saturnes 5 ; c'est-à-dire, les plus puissants qui emmenaient le système Apollo à la lune. Quand ces systèmes sont au sol, leur hauteur fait 120 mètres ; ce qui fait que ça balance avec le vent et on ne voudrait pas partir sur une trajectoire qui n'est pas la trajectoire nominale. Alors il faudra que la trajectoire que l'on prend soit insensible aux variations des paramètres qui s'exercent dessus. Et en même temps ; il ne faut pas consommer assez d'énergie puisque vous n'êtes pas encore partis. Il fallait donc trouver un contrôle optimal, qui minimise la sensibilité des trajectoires aux variations des paramètres. Donc c'est ce genre de travail que j'ai fait et ce sont des travaux de recherche.
Entretien réalisé depuis Bamako par Dosso villard

ATT sort le jeu avec 70% des voix
Le chien aboie et la caravane passe. Le président Amadou Toumani Touré est de nouveau aux affaires. L'information a été donnée hier jeudi 3 mai 2007 par M. Aboubacar Sow, le directeur national de l'intérieur qui a proclamé les résultats provisoires de l'élection présidentielle, avec une large avance pour le candidat du Takokélen qui vient en tête avec 70,89 % des voix. Devançant de loin IBK, chef de file de l'opposition qui occupe la deuxième place avec 19,08% des voix. Une victoire bien méritée avec un taux de participation de 36,17 % qui est nettement au dessus de la moyenne obtenue lors des élections précédentes. A l'ACI 2000, où le candidat président a pris son quartier général, nous avons rencontré quelques minutes après la proclamation des résultats par le ministère de l'administration du territoire et des collectivités locales, M. Harouna Cissé, coordinateur de la campagne du président Amadou Toumani Touré qui a livré à chaud, ses impressions. L'homme de main de ATT a affirmé que vu les différents rapports des observateurs internationaux et des diplomates accrédités au Mali, ''l'on peut dire que le scrutin s'est déroulé dans des conditions de régularités et de transparence qui ne sont pas contestables?.'Mieux, M. cissé dira que cette victoire est dédiée au président ATT par rapport à tout ce qu'il a fait pour le développement du Mali. C'est pour cette raison, qu'il a félicité l'ensemble des partis politiques regroupés au sein de l'alliance pour la démocratie et la paix qui ont contribué de fort belles manières au succès du candidat du Takokélen. Répondant au clan IBK qui a animé un meeting hier tout juste après la proclamation des résultats, pour contester le verdict des urnes, M.Cissé a tout simplement dit, que ces actions de recours à la cour constitutionnelle, relèvent de l'imagination. ''Ces agissements des uns et des autres ne pourront pas empêcher les institutions du pays de fonctionner, ni les observateurs de faire leur travail convenablement () Au peuple tout entier, je voudrais lui dire qu'il ne s'est pas trompé de choix, car il a fait le bon choix à savoir, celui du Mali'', a -t-il dit, avec sérénité. Avant d'ajouter, qu'une fête en l'honneur du président ATT, est probablement prévue cet après midi à son QG. Pendant ce temps, des partisans de l'opposition, perchés sur des camions criaient victoire pour le candidat IBK à travers la ville. Du côté du mont Koulouba, on attend avec assurance la proclamation des résultats définitifs par la cour constitutionnelle ce matin. Quant à l'investiture proprement dite du président ATT, il aura lieu dans quelques semaines.
D.V.

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