jeudi 3 mai 2007 par Fraternité Matin

Hâtons le pas. Allons à pas de géant, mais sans précipitation, car il s'agit de faire revivre la Côte d'Ivoire, a déclaré, hier à la Fondation Félix Houphouet-Boigny pour la recherche de la paix, le Premier ministre au terme du séminaire gouvernemental. De fait, Guillaume Soro a exprimé sa satisfaction quant aux conclusions auxquelles est parvenue la rencontre gouvernementale. La résolution est prise. L'action est amorcée. Poursuivons la mise en ?uvre de l'Accord (de Ouagadougou) dont nous venons de clarifier les termes, s'est-il félicité. Il n'empêche pas que le chef du gouvernement a appelé les ministres et tous les partenaires au développement à s'armer de patience, de pédagogie et de psychologie pour traduire dans les actes les mesures que les assises ont arrêtées pour matérialiser l'Accord. Si nous nous armons de courage, a fait observer M. Soro, nous parviendrons, avec l'aide de notre bonne foi, à réaliser ce qui paraissait impossible il y a seulement trois mois (la paix et la réconciliation des Ivoiriens. Ndlr). Mais l'impossible peut devenir aisé à l'homme, quand il est conscient du caractère absolument nécessaire de ce qu'il doit entreprendre. Réalisons l'impossible, parce que nous en avons la capacité et que la Côte d'Ivoire en a grand besoin.
Se félicitant qu'ils se soient approprié l'Accord, il a demandé aux membres de son gouvernement d'être solidaires dans son application. Et de tout mettre en ?uvre pour amener l'ensemble des Ivoiriens à y adhérer. Le locataire de la Primature a, dans cette perspective, solennellement invité les médias à accompagner la marche de la paix, en tout cas, à ne rien dire ni écrire qui entrave le processus en cours et la restauration de la paix. Pour lui, la solidarité au sommet de l'Etat est déjà en marche. Le message du Chef de l'Etat, délivré au début de nos travaux par le Secrétaire général du gouvernement, confirme que la Côte d'Ivoire réunifiée parle à présent d'une seule et même voix, s'est réjoui Guillaume Soro. D'ailleurs, il a précisé que les conclusions des travaux du séminaire ne seront mis en ?uvre qu'après correction et adoption en Conseil des ministres. Il a particulièrement salué la participation effective des généraux Philippe Mangou et Soumaïla Bakayoko respectivement chefs d'état-major des Forces de défense et de sécurité (FDS) et des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN) aux assises de la capitale politique et administrative. M. Soro s'est également félicité des encouragements des partenaires au développement qui y ont pris part.

Le Premier ministre met en garde contre tout blocage

Le Premier ministre a averti hier, à Yamoussoukro, que la non résolution d'un seul des problèmes identifié par l'Accord de paix de Ouagadougou n'ira pas sans dépeindre sur l'ensemble du processus de paix. J'insiste particulièrement, a indiqué Guillaume Soro, sur la nécessité d'une approche participative et globale du programme de sortie de crise même si celui-ci est décliné en projets spécifiques dont la mise en ?uvre relève d'acteurs distincts. Il existe, en effet, une interrelation telle entre la conduite de ces différents projets que le moindre blocage peut occasionner le ralentissement, voire le gel de l'ensemble du programme. Le locataire de la Primature ouvrait, à la Fondation Félix Houphouet- Boigny pour la recherche de la paix, le séminaire gouvernemental. A cette occasion, M. Soro a rappelé les principales composantes de sortie de crise telles que définies par l'Accord de Ouaga et qui sont : l'identification générale des populations et le processus électoral, la refonte des forces de défense et de sécurité, la restauration de l'autorité de l'Etat et le redéploiement de l'administration et la consolidation de la paix, de la cohésion sociale, de la sécurité et de la libre circulation des personnes et des biens. Pour parvenir à une paix durable et définitive, a recommandé le Premier ministre, nous devons avoir à c?ur de trouver des solutions justes et adéquates aux motifs de la discorde que constituent ces points.
Devant la totalité des ministres (Dosso Moussa et Youssouf Soumahoro sanctionnés) et en présence d'un aréopage de partenaires au développement, le Premier ministre a appelé le séminaire à penser des stratégies et des modes opératoires avec les moyens les plus adaptés pour permettre une bonne identification des Ivoiriens, pour redéployer l'administration sur l'ensemble du territoire national, pour mener à bien la restauration et la refonte des forces de défense et de sécurité, pour favoriser la réinstallation et la sédentarisation des populations et pour ressouder le tissus social fortement déchiré. Guillaume Soro a indiqué que le retour de la sécurité en Côte d'Ivoire reste l'une des premières conditions pour une sortie de crise réussie. Car, a-t-il expliqué, les élections, la libre circulation des personnes et des biens, le redéploiement de l'administration passent par une sécurité améliorée. En outre, le chef du gouvernement a averti que la réussite des mesures à mettre en ?uvre pour traduire l'Accord de Ouaga dans les actes est conditionnée au retour de la confiance entre les Ivoiriens et de la cohésion sociale. Aussi, a-t-il invité le gouvernement à élaborer des instruments de consolidation de la paix et de la cohésion sociale, conditions indispensables à l'adhésion des populations au processus de paix. Pour M. Soro, le financement du plan d'action qui sortira de la rencontre de Yamoussoukro est aussi important que la volonté politique qui l'a accouché. C'est pourquoi il a appelé les assises à examiner, de façon rigoureuse et réaliste, les possibilités de financement sur fonds propres et la part à mobiliser auprès de nos partenaires internationaux.

Pascal Soro
Envoyé spécial à Yamoussoukro

Rapport général du séminaire

Ce mercredi 02 mai 2007 s'est tenu, à la Fondation Félix HOUPHOUET-BOIGNY pour la Recherche de la Paix à Yamoussoukro, un séminaire gouvernemental portant sur la mise en ?uvre de l'Accord Politique de Ouagadougou du 04 mars 2007, sous la présidence de S.E.M SORO Kigbafori Guillaume, Premier Ministre.
Ont pris part à ce séminaire, outre les membres du gouvernement, le Représentant du Président de la République, le Représentant du Président du Burkina Faso, Facilitateur des négociations de Ouagadougou, les Représentants de l'Union Africaine, de la CEDEAO, de l'Organisation Internationale de la Francophonie, le chef de la mission de l'ONUCI, les représentants des structures administratives et techniques intervenant dans le programme de sortie de crise, les représentants des institutions internationales, partenaires au développement (Banque mondiale, FMI, Union européenne, BAD, PNUD, UNICEF, FNUAP, PAM, HCR, OMS, ONUDI), les états-majors des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) et des Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN) et les Etats-majors des Forces Armées Impartiales.
Après l'allocution de bienvenue du maire de la commune de Yamoussoukro, Monsieur le Premier ministre a pris la parole pour situer le cadre du séminaire.
Il a rappelé que l'Accord de Ouagadougou est le fruit d'un compromis entre les deux principaux ex-belligérants qui ont pu ainsi aplanir les points de divergence persistants entre eux.
Le présent séminaire, a-t-il poursuivi, vise, d'une part, à mettre en adéquation le cadre, les stratégies, les structures d'intervention, les actions à mener, ainsi que le chronogramme de son exécution avec le nouvel accord et, d'autre part, à permettre au Gouvernement de se l'approprier et d'en dégager un plan d'action cohérent et réaliste pouvant accélérer le processus de sortie de crise.

Le Premier ministre a tenu à insister sur les points suivants, à savoir :
-la nécessité d'une approche participative et globale de tous les membres du Gouvernement au programme de sortie de crise dont les différents projets présentent entre eux des interrelations telles que le moindre blocage peut occasionner le ralentissement, voire le gel de l'ensemble du processus.
la nécessité de rechercher et d'atteindre une parfaite adéquation des financements disponibles et ceux à rechercher avec les actions à entreprendre.
-Et, enfin les contraintes auxquelles devra s'astreindre l'équipe gouvernementale actuelle qui est un gouvernement de mission.
Le Secrétaire Général de la Présidence de la République a présenté une communication à l'occasion de laquelle il a indiqué que le Président de la République apprécie hautement l'initiative de l'organisation du présent séminaire et en félicite le Premier Ministre.
Le Président de la République recommande en outre aux ministres de rechercher et cultiver la cohésion et la solidarité, dans un esprit de discipline.
Le séminaire a débuté, avec l'intervention de Monsieur le Directeur de Cabinet du Premier Ministre qui a rappelé les objectifs du séminaire ainsi que la méthodologie du déroulement des travaux.
Le Secrétaire Général auprès du Premier Ministre a, à sa suite, présenté le projet de matrice de mise en ?uvre de l'Accord Politique de Ouagadougou, issu des réflexions du pré séminaire tenu les 23 et 24 avril derniers à Grand-Bassam, projet de matrice qui avait été transmis au préalable aux participants au présent séminaire pour observations.
Le projet de matrice ainsi présenté a mis en relief :
- la problématique telle que définie par l'Accord politique de Ouagadougou ;
- les solutions envisagées, c'est-à-dire les mesures proposées par l'Accord ;
- les actions à entreprendre pour assurer la mise en ?uvre effective des mesures ;
- le coût des actions, les modalités et les sources de financement.
Au terme de cette présentation, le Premier Ministre a conduit les débats.
Il a précisé que l'exercice du jour consiste prioritairement à examiner et valider la matrice de mise en ?uvre de l'Accord Politique de Ouagadougou. En effet, celle-ci trace le cadre général de mise en ?uvre dudit Accord, en identifiant les mesures, les actions, les acteurs et les structures d'intervention.
S'agissant des questions opérationnelles, le Premier Ministre a indiqué que les problèmes seront réglés par le gouvernement au fur et à mesure qu'ils se poseront.
Outre les questions de forme et de fond dont certaines ont été intégrées séance tenante à la matrice, les différentes interventions peuvent être ainsi résumées.

1/Au titre de l'identification générale des populations
Les préoccupations ont porté sur :
La relance des activités des communes des zones Centre Nord Ouest en même temps que le redéploiement de l'Administration et le démantèlement des milices.
La nécessité de l'élaboration d'un guide de communication du gouvernement pour les actions de sensibilisation sur les opérations d'identification, lequel guide servira de base d'intervention au CICG, sur instructions du Gouvernement.
La distinction du rôle d'exécutant dévolu à l'ONI et à l'opérateur technique du rôle de contrôle dévolu à la CNSI.
2/- Au titre du processus
électoral
Les modalités d'édition et de publication de la liste électorale définitive relèvent de la CEI. Quant aux modalités de la collaboration entre l'INS et l'opérateur technique, elles feront l'objet d'un décret pris en Conseil des ministres.
Le document devra se conformer aux principes institutionnels régissant la présentation des textes réglementaires, notamment dans l'identification des acteurs et structures chargés de l'élaboration des textes.

3/- Au titre des Forces
de Défense et de Sécurité
La nécessité de mener une campagne d'information et de sensibilisation dans la zone de confiance sur les objectifs poursuivis par l'opération, le rôle des brigades mixtes.
La nécessité de préciser le positionnement des différents acteurs dans le programme de réhabilitation communautaire et, notamment, la place des ministères techniques dans la conduite de ce programme.

4/ Au titre de la restauration de l'autorité de l'Etat et du redéploiement de l'Administration
Il a été rappelé que le redéploiement concerne l'ensemble des services publics, d'où l'implication des ministères techniques dans le processus, à travers les Comités Internes de Redéploiement.

5/ Au titre du cadre institutionnel d'exécution et des mécanismes de suivi
Ce volet du programme relève de la compétence exclusive des signataires de l'Accord politique de Ouagadougou.

6/ Au titre des mesures visant à consolider la réconciliation nationale, la paix, la sécurité et la libre circulation des personnes et des biens
Il a été proposé l'institution de manifestation et de journées commémoratives de l'unité et de la réconciliation.
La prise en compte dans la poursuite du Forum de réconciliation nationale de l'esprit de l'Accord de Ouagadougou.
Les questions relatives au code de bonne conduite étant de la compétence des parties signataires de l'Accord qui doivent, très rapidement, veiller à l'élaboration de la charte régissant la bonne conduite.
Les partenaires au développement ont exprimé leur satisfaction d'avoir été associés aux travaux du séminaire et réaffirmé leur disponibilité à apporter leur contribution à la mise en ?uvre de l'Accord.
Ils ont exprimé le besoin de la mise en place d'une interface sous la forme d'un groupe de contact, de liaison entre eux et la Primature afin de faire périodiquement le point d'avancement du programme de sortie de crise.
Ils ont par ailleurs souhaité que le gouvernement continue de travailler activement à la prise en compte des problèmes sociaux des populations qui méritent autant d'attention que les questions d'ordre politique. Ils ont enfin souhaité qu'il soit fait mention dans la matrice d'actions, du système des Nations Unies en lieu et place des agences. Ils ont fait part d'une préoccupation particulière qui réside dans leur besoin d'avoir des gages et des signes forts marquant le caractère irréversible du processus engagé en application de l'Accord de Ouagadougou.

7/ Au titre du budget de financement du programme
Les préoccupations exprimées à ce niveau portent essentiellement sur le volume des financements complémentaires à rechercher et sur la révision à la baisse de certains chapitres des budgets initialement proposés. Aussi les départements ministériels et les structures techniques ont-ils vivement souhaité que les séances de travail puissent se poursuivre avec les services de la Primature et du ministère de l'Economie et des Finances.
Face à l'importance des financements à rechercher, un examen plus approfondi des différents budgets pour une plus grande cohérence et un souci à la fois d'économie et de recherche d'un plus grand équilibre s'imposent. Il faut dans l'élaboration du budget, s'inscrire dans une logique de prudence, de rigueur et de crédibilité. D'où la nécessité de faire le point de l'utilisation des ressources déjà débloquées, de recentrer certains choix et options passées et de définir des ordres de priorité pour les actions d'urgence.
En conclusion, le budget doit être révisé par un groupe de travail qui sera mis en place à cet effet.
Au terme des débats et sous réserve de la prise en compte des observations qui précèdent, la matrice d'actions a été adoptée dans sa globalité.
Les travaux du séminaire ont pris fin à 15 H 15 minutes.
Fait à Yamoussoukro le 02 mai 2007

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