mercredi 2 mai 2007 par Fraternité Matin

La mairie de Cocody procède, depuis le 25 avril, à l'assainissement de l'environnement dans la commune.

La mairie a entamé depuis quelques jours une opération de déguerpissement des baraquements sur les trottoirs. A quel souci répond-elle ?
Le conseil municipal à sa prise de fonction a pris l'engagement d'améliorer le cadre de vie des habitants de Cocody. Un plan d'action a été élaboré, soutenu par un programme d'activités. Nous organisons ainsi un concours du quartier le plus propre qui est devenu maintenant une institution. Nous avons organisé des tournées de sensibilisation dans ce sens dans les quartiers. Et puis ces derniers temps, on a constaté que sur les grandes artères il y a des maquis à ciel ouvert avec de la musique tonitruante qui gêne énormément la population. Nous avons décidé de réagir. Nous avons envoyé des lettres aux propriétaires, adressé des mises en demeure. Il est question pour nous de déguerpir tous ces baraquements, tous ces maquis à ciel ouvert dont la nuisance ne permet pas à la population de Cocody d'être dans les conditions les meilleures. Notre objectif, c'est de créer un cadre de vie agréable pour les populations.

Cette opération n'est pas la première du genre. Il y en a eu déjà, qui sont restées lettres mortes
En 2003, nous avons effectivement entamé cette opération. Mais c'était ponctuel, à un endroit bien précis, au fond du boulevard Latrille. Malheureusement, cette opération s'est soldée par une mort d'homme. Il s'en est suivi une psychose qui ne nous a pas permis d'aller plus loin.

Les lieux de culte sont-ils concernés par l'opération présente ?
Pour l'instant, il est question de nettoyer toutes les rues, de dégager tous les baraquements qui encombrent la chaussée, les maquis Les lieux de culte s'inscrivent dans une deuxième étape. C'est vrai, la prière nous a apporté beaucoup également parce que c'est grâce à la prière que le pays est en train d'être réunifié aujourd'hui, mais il y a un minimum de précautions à prendre pour ne pas gêner le voisin qui n'est pas forcément de la même religion que nous.

La mairie n'a-t-elle pas elle-même cautionné les installations anarchiques de petits commerces sur les trottoirs ?
Oui et non. Pour occuper un espace public, il faut une autorisation de la mairie. Donc là, oui, puisque nous avons délivré un certain nombre d'autorisations. Quand dans une période comme celle que nous traversons, on vient vous demander une autorisation pour mener une activité de survie parce qu'on a tout perdu du fait de la guerre, à priori, ça ne pose pas de problème. Généralement, on entreprend une petite activité qui, se développant, crée des problèmes.

L'opération va certainement entraîner un manque à gagner pour la mairie puisque vous préleviez des taxes sur ces petits commerces
Non ! Lorsque nous arrivions à la mairie de Cocody, le budget était de deux milliards. Nous avons mis sur place une organisation, nettoyé le fichier du personnel Aujourd'hui, nous sommes à environ sept milliards de budget. C'est dire que l'organisation a payé. Il faut signaler aussi que le conseil municipal de Cocody est le meilleur conseil de la Côte d'Ivoire. C'est la pépinière de tous les gouvernements. Il y a des compétences sur place qui apportent un plus à l'organisation de la commune. L'essentiel des recettes pour la commune, c'est le foncier. Ce ne sont pas ces petits baraquements. C'est vraiment dérisoire pour nous. Dans tous les cas, ce qui nous préoccupe, c'est le cadre de vie, l'assainissement de l'environnement.

Les populations adhèrent-elles à l'opération ?
Samedi, nous étions au fond du boulevard Latrille dans un coin où il y avait un véritable pâté de maquis. Le propriétaire du maquis avait voulu opposer une résistance. La veille, il a armé une centaine de loubards qu'il a chauffé à blanc. Quand nous sommes arrivés, nous lui avons expliqué le bien-fondé de la chose. Finalement, il a compris et la machine a tout balayé. Aujourd'hui, les habitants tout autour respirent bien. Nous avons un de nos administrés qui a dans les parages un immeuble qui avait été déserté par les locataires parce que le bruit était infernal. C'était un lieu de prostitution, de circulation de drogue Aujourd'hui, c'est aéré, les habitants sont contents, le propriétaire du maquis lui-même est venu nous dire que c'est sa façon de contribuer. C'est dire que l'opération en elle-même intéresse les habitants de Cocody.

Les populations ont-elles été informées préalablement de l'opération ? Laisse-t-on le temps aux personnes concernées de récupérer leurs biens ?
Nous avons écrit aux populations pour dire que l'opération de démolition devait commencer le 16 avril. Nous avons donné 10 jours supplémentaires pour permettre aux gens de ranger leurs affaires. Nous avons prévenus dans la mise en demeure. Nous avons commis quatre huissiers qui constituent avec la police nationale et la police municipale l'équipe sur le terrain. La population a été prévenue que si quelque chose se perd, la mairie ne saurait en être tenu pour responsable. Je voudrais à ce stade de mon propos demander à la population de se mobiliser pour cette opération qui est menée dans son propre intérêt.

Interview réalisée par
Elvis Kodjo

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