mercredi 2 mai 2007 par L'intelligent d'Abidjan

Le Président de la République n'a pas pris de gants hier à l'occasion de la fête du travail pour qualifier les grèves ''intempestives et sauvages'' qui paralysent régulièrement l'Université de Côte d'Ivoire. A travers un langage sans ambages, il a souligné qu'il ne cèdera pas aux exigences salariales des professeurs et chercheurs des Universités.

Le chef de l'Etat après avoir écouté les différentes centrales syndicales, a souligné que de tout temps lors des revendications, il a prôné le réalisme à ces interlocuteurs. C'est pourquoi, il a rappelé que plusieurs avancées notables ont déjà été faites dans le sens de la satisfaction des conditions de vie des travailleurs. Le chef de l'Etat a cité pêle-mêle la révision future du code du travail, la suppression de la retraite après trente ans de service, le relèvement de la limite d'âge pour certains emplois, le relèvement de la prime de transport, de résidence, etc. Le Président a affirmé avoir donné son accord pour une étude en vue de la régularisation des avancements de salaires des fonctionnaires pour juillet 2008, à condition que la paix revienne, tout comme le statut des fonctionnaires qui sera révisé afin d'améliorer leur condition de vie. Après avoir donc fait la revue de ses accords, le Président s'est arrêté sur les grèves intempestives et répétitives. ''Certains travailleurs font comme si on n'est pas en crise. Ils font comme si tout est normal. Mais, tout n'est pas naturel'', a crié le Président. ''Si nous avons dû faire l'accord de Ouagadougou, c'est que tout n'est pas normal, tout n'est pas naturel. Si nous avons choisi un nouveau Premier ministre et formé un nouveau Gouvernement, c'est que tout n'était pas naturel, tout n'était pas normal. Si nous avons supprimé la zone de confiance, c'est que tout n'était pas normal, parce que dans la Côte d'Ivoire normale, il n y a pas de zone de confiance, car on est en confiance partout'', a-t-il précisé le Chef de l'Etat. S'adressant particulièrement aux enseignants du Supérieur, le Président a dit qu'il a fait tout son possible afin de les ramener à de meilleurs sentiments concernant leur revendications et grèves répétées, mais en vain. ''Je les ai reçus, je leur ai parlé, mais ils font comme s'ils n'entendaient rien'', a dit le numéro un ivoirien. ''Je ne peux pas donner plus que ce que j'ai'', a-t-il poursuivi. Aussi, entend-il prendre toutes ses responsabilités. ''Je leur ai parlé en frère, en syndicaliste. S'ils veulent m'obliger à parler en Chef de l'Etat, je le ferais et prendrais mes dispositions car je dispose de tous les instruments de l'Etat'', a averti le Président. Il a précisé ne plus vouloir voir ces grèves intempestives. Il a donc affirmé ''qu'aucun assistant ne sera payé à 2 millions de Fcfa, aucun maître-assistant ne sera payé à 3 millions de Fcfa, aucun professeur titulaire ne sera payé à 4 millions de Fcfa''. Mais, ne voulant pas fermer les discussions, il a instruit le Premier ministre pour poursuivre les discussions avec les grévistes, mais dans un cadre bien défini. Il a dit que ceux qui demandaient ce genre de salaires aujourd'hui étaient des ''rêveurs, mais des dangereux rêveurs, car ils mettaient la nation entière en situation de danger''. Le Chef de l'Etat a réaffirmé qu'il ne mettrait pas l'équilibre financier du pays en danger à cause d'eux. ''Le Doctorat n'est pas de la mer à boire. On ne doit pas pour ce diplôme réclamer toutes sortes d'avantages'', a-t-il relevé. Il a pris l'exemple des forces de défense et de sécurité, qui pour la majorité n'a pas le Doctorat, mais dont les tâches de sécurisation des populations, et des risques encourus sont plus importants que ceux pris par un enseignant. ''Lui qui prend des risques pour sauver le pays va demander combien'', s'est interrogé le Président Gbagbo. ''Les douaniers qui nous ont fait avoir 700 milliards malgré la crise, ils vont nous réclamer combien ?'', a demandé le chef de l'Etat. ''Etre enseignant, ce n'est pas la fin du monde. C'est notre métier, donc nous l'aimons et le chérissons. Si nous croyons que parce que c'est notre métier et qu'il doit être au dessus de tous les métiers, nous sommes des dangereux rêveurs. Et je ne bougerais pas sur ce point de vue'', a repris le locataire du palais. A ces amis enseignants, il a demandé l'humilité. ''C'est celui qui est humble qui sera relevé, car celui qui est orgueilleux sera rabaissé'', a prêché le Président. Maintenant sa position, il a répété haut et fort qu'il n'accèdera pas à leur revendication. ''Si je donne 2 millions à un assistant et 4 millions à un professeur, je suis obligé de réviser toutes les listes, et si je veux réviser les listes de tous les fonctionnaires je suis obliger de donner plus à ceux qui nous protègent le plus. C'est-à-dire les officiers, les douaniers, les agents du Port, des impôts, ceux là mêmes qui nous permettent de résister et leur permettent de revendiquer'', a-t-il précisé. Les discussions dans les limites du raisonnable seront poursuivies, ''mais s'ils ne veulent pas être raisonnables, alors ils auront en face d'eux l'Etat'', a fait savoir le Président. ''Ce n'est pas aujourd'hui où nous sortons de la crise que par des pièges divers et rampants, on va venir nous imposer une nouvelle crise'', a dit le Chef de l'Etat. Devant ses comportements inqualifiables, il a remercié les fonctionnaires et les centrales syndicales pour la signature prochaine du protocole d'accord portant trêve sociale et stabilité de 3 ans. ''Il nous vaudra bien vaincre l'instabilité et reconstruire la Côte d'Ivoire''. Il a donc conseillé aux uns et aux autres de plutôt rechercher la négociation lente et patiente qui donne de meilleurs résultats. ''La revendication est juste, mais la voie utilisée pour revendiquer est quelque fois plus importante que la revendication elle-même'', a terminé le Chef de l'Etat.
Olivier Guédé
guedmull@yahoo.fr

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