Pour la première fois, le président Laurent Gbagbo s'est expliqué sur le choix de Guillaume Soro comme Premier ministre. C'était hier, à l'occasion d'une cérémonie d'hommage des femmes de Côte d'Ivoire au président Fologo à l`hôtel Ivoire.
J'ai donné le poste de Premier ministre à celui qui peut ramener la paix?, a déclaré hier, le président de la République Laurent Gbagbo pour expliquer le choix porté sur Guillaume Soro, ex-chef-rebelle comme Premier ministre.
J'ai choisi le seul qui peut ramener la paix. On voyait les autres, mais c'est le seul qui a revendiqué courageusement la guerre?, a poursuivi Laurent Gbagbo. Qui s'exprimait lors d'une cérémonie d'hommage des femmes de Côte d'Ivoire à Laurent Dona Fologo à l'Hôtel Ivoire.
Le président de la République ne donne pas de poste par récompense. Le président de la République a un instrument, c'est le gouvernement. Quand il nomme un Premier ministre, c'est pour donner une indication. Affi, c'était pour aller au développement. Affi a fait du bon travail. Soro, c'est pour aller à la paix. Les résultats sont visibles?, a-t-il expliqué.
Laurent Gbagbo a dit être triste quand des patriotes se plaignent de la nomination de Guillaume Soro. Pour lui, ce qui importe par-dessus tout, c'est la paix dans son pays.
Nous voulons construire une Côte d'Ivoire libre et de liberté?, a annoncé le chef de l'Etat dans un tonnerre d'applaudissements. Ces deux qualificatifs ne sont pas des synonymes.
Une Côte d'Ivoire libre où on décide nous-mêmes de faire telle ou telle chose. Une Côte d'Ivoire de liberté où chaque Ivoirien est libre? a-t-il souligné, appelant les uns et les autres à faire bon usage de cette liberté et à ne pas confondre liberté et libertinage.
Recomposition du paysage politique
Par ailleurs, le chef de l'Etat a annoncé une recomposition du paysage politique ivoirien. Il se présentera, selon lui, en deux blocs. D'un côté, ceux qui sont pour la patrie et, de l'autre, ceux qui sont contre. Comme cela a été le cas en France après l'occupation allemande et en Russie. Des exemples choisis par le président de la République pour montrer que, ailleurs, des citoyens idéologiquement opposés se sont unis pour défendre la patrie attaquée.
Quand un pays est attaqué, les fils doivent se rassembler. Ceux qui ne le comprennent pas ont tort. Ouattara Gnonzié, toi qui as été exclu tu n'as pas tort. Ce sont eux qui ont tort?, a-t-il martelé. La patrie, a-t-il poursuivi, est la chose la plus chère que nous avons en commun?. En temps de crise, la résistance est une chose normale?, a-t-il affirmé. C'est pourquoi il a tenu à magnifier des artisans de la paix. Ahoua N'Guetta, ministre à l'époque de Bédié, actuellement au Conseil constitutionnel. Il a ?uvré à l'époque pour le rapprochement entre Bédié et moi, entre l'opposition et le pouvoir?. Le deuxième est Yapo Yanon, président du Conseil constitutionnel. En 1992, il était président de la Cour d'appel. Quand nous avons été condamnés, nous avons fait appel. Et il a voulu dire le droit. Le dossier lui a été vite retiré. Il a connu une longue traversée du désert?, a révélé le président de la République. Il a également honoré le président du Conseil économique et social Laurent Dona Fologo dont il a salué l'esprit patriotique, la constance et le courage.
Fologo mérite qu'on lui rende hommage et les femmes qui organisent cette cérémonie méritent aussi qu'on leur rende hommage. C'est une cérémonie d'hommage à Laurent Dona Fologo, mais c'est aussi un hommage à la résistance?, a déclaré le chef de l'Etat Laurent Gbgbo.
Pourquoi je soutiens Gbagbo?
Prenant la parole avant le chef de l'Etat, le président Laurent Dona Fologo a exprimé son admiration pour Laurent Gbagbo. Il a expliqué pourquoi il se retrouve aujourd'hui à soutenir son adversaire d'hier, citant deux faits qui l'ont marqué. Il a fait la prison pendant 18 mois en 1992. Ce qui m'a frappé, c'est qu'il n'en parle jamais. N'importe qui se serait vengé. C'est pour cela que j'ai décidé de travailler avec lui. C'est lui qui incarne la République?, a-t-il souligné. Et de poursuivre : Je ne suis pas un collaborateur à craindre. Bien au contraire. On m'appelle faiseur de rois en Côte d'Ivoire?.
L'autre fait s'est produit deux ans plus tôt. C`est-à-dire en 1990, lors de l'élection présidentielle opposant le président Houphouet à son rival Gbagbo. Il a offert un bélier blanc pour me recevoir alors que j'animais un meeting à Ouragahio. Il battait campagne ailleurs?, a révélé le président Fologo.
Aujourd'hui, comme hier, Laurent Gbagbo vient encore de le surprendre agréablement. Aujourd'hui, c'est le Président qui m'a accueilli. Il n'y a pas beaucoup de pays où on peut rendre hommage à un homme politique devant le Président?, a déclaré Fologo. Il a souligné l'esprit d'ouverture du chef de l'Etat et sa clairvoyance politique pour avoir initié le dialogue direct ayant donné l'accord de paix de Ouaga. Nous soutenons l'accord de Ouaga. Depuis cet accord tout a changé. Les bailleurs de fonds se bousculent. Suivez Laurent Koudou Gbagbo et pardonnez à cause de la paix?, a-t-il appelé.
Laurent Dona Folog a déclaré qu'il croit à l'attelage Gbagbo-Soro pour aller à la paix. Prenez Soro. Nous sommes derrière vous?, a-t-il déclaré. Pour lui, la Côte d'Ivoire est en train de vivre son deuxième miracle avec l'accord de Ouaga. De Laurent Gbagbo, Fologo dira alors : Vous êtes le nouvel Houphouet-Boigny?. Le premier miracle a été économique avec Houphouet celui de paix se produit avec Gbagbo.
Pour Fologo, il s'agissait, hier, de fêter l'avènement de la aix.
Hommage des femmes de la Côte d'Ivoire à Fologo
Elles étaient plus de 20 mille (selon Fologo) à être rassemblées au Palais des Congrès de l'Hôtel Ivoire et sur l'esplanade où des bâches et des écrans géants ont été dressés.
En leur nom, Mme Rachelle Guédé (présidente du comité d'organisation), la ministre Christine Adjobi (présidente du comité scientifique), Mme Nansa Gillette (femme de la CEDEAO), Mme Diagoné (représentante des femmes de la diaspora), Boni Claverie (pour les femmes du grand Sud), Alexise Gogoua (Grand Ouest), Enise Kanaté (femmes du Grand Nord), qui se sont succédé à la tribune, ont couvert de lauriers le président Laurent Dona Fologo. Comme le directeur général de la SOTRA Atteby Philippe, elles ont salué son esprit patriotique, sa clairvoyance, son humanisme et l'engagement patriotique de Laurent Dona Fologo. Pour elles, Fologo est un modèle. D'autres personnalités qui se sont illustrées positivement pendant la crise pourraient aussi être honorées.
Au nom de la famille Fologo, Innocent Fologo a exprimé sa gratitude aux femmes patriotes.
Ce rassemblement a enregistré la présence de Blé Goudé, honoré par Fologo pour avoir entre autres, initié la Caravane de la paix.
Allan Aliali